Politique

HCA : comment insulter les chaouis en leur langue !

Il y a quelque mois, le haut commissariat pour l’amazighité (HCA) annonçait en grande pompe  un projet de traduction de plusieurs ouvrages vers Tamazight. Pourtant, la divulgation des titres de ces ouvrages a suffit à refroidir les ardeurs des plus enthousiastes.
Si la liste contient un classique comme Nedjma  de Kateb Yacine, le choix des autres titres est loin de faire l’unanimité.
Les observateurs ont notamment retenu deux ouvrages écrit par deux ministres en exercice. Il s’agit de “Tassilia” de Azzedine Mihoubi  ministre de la culture, et de “La nuit du Henné” de Hamid Grine ministre de la Communication. Loin d’être des best seller, les deux ouvrages sont passés presque inaperçus au moment de leur publication .
Mais le choix le plus contesté est bel et bien celui de «Le noir te sied bien » de Ahlam Mosteghanemi  et ce à plusieurs titres.  Premièrement, ce roman est l’unique ouvrage destiné à être traduit en variante chaouie , le bon sens aurait voulu qu’on portât le choix sur « la grotte éclatée » de Yamina Méchakra , ou «Nedjma » de Kateb Yacine par exemple .
Deuxièmement, et c’est le plus grave, un passage dans ce roman est jugé diffamatoire par nombre de chaouis . En effet, dès la sortie du roman , des internautes chaouis ont exprimer  sur les réseaux sociaux leur désapprobation d’un paragraphe du roman où l’auteure tient des propos ouvertement raciste à l’encontre des chaouis .
Abordant l’histoire de la tribu chaouie  d’Aïth Soltane , Ahlam Mostaghanmi écrit ceci :

«Ils [Aïth Soltane]  étaient les enfants des seigneurs , on dit d’eux qu’ils sont des sultans sans couronne à cause de leur générosité ..[…] C’est pour quoi, lorsque la ville de Constantine tomba  entre les mains des français, Ahmed Bye trouva refuge chez eux. Il fut ainsi un bey chez des beys et un chevalier sous la protection  d’une forteresse naturelle qui protège celui s’y réfugie.  C’est parce que cette terre [celle des Aïth Soltane]  a une noblesse arabe qui a déteint  sur l’âme des chaouis et a fait d’eux les plus farouches défenseurs des valeurs de l’arabisme ».[1]

Pour l’auteure donc, si les Aïth Soltane ont quelques grandeurs d’âme au point d’offrir l’hospitalité à un inconnu, ce n’est point à cause de leur nature amazighe, mais seulement grâce à la « noblesse arabes » dont on leur a fait don. Comme si les chaouis à travers de leur longue histoire n’ont jamais fait montre d’aucun sentiment élevé, ni montré le moindre  acte de bravoure.
Pour Ahlam Moustaghanmi , la résistance des chaouis contre les romains , les vandales , les byzantins , les arabe , les turcs , et les français n’était mue que par la défense des «valeurs arabes» . Sur les origines desquelles, l’auteure reste pourtant muette. Du reste, l’ouvrage regorge d’envolées sur l’arabo-baathisme le plus éculé.
Enfin, il est légitime aujourd’hui de s’interroger sur les critères qui ont présidé au choix d’un ouvrage qui dénigrent les chaouis pour en faire, comble de l’infamie, le seul ouvrage traduit en leur langue .
Seuls les responsables du HCA peuvent nous répondre .

Jugurtha Hanachi

 [1] كان من «أولاد سلطان» الذين يقال عند ذكرهم «سلاطين وما ملكوا». لسخائهم، لم يُتوّجوا،…… لذا، عندما سقطت قسنطينة، لجأ أحمد باي إليهم، فقد كان بايًا في ضيافة بايات، وفارسًا في حماية أرض هي حصن طبيعيّ، تأبى أن تُسلّم من يلوذ بها. فلتلك الأرض أخلاق عربيّة، انصهرت في وجدان الشاوية، وجعلت منهم أشرس  المدافعين عن قيم العروبة
أحلام مستغانمي , “الأسود يليق بكِ” ص 62

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