Histoire contemporaine

L’histoire du canon de Bouthaâlaweth

L’insurrection auressienne de 1871 fut l’une de nombreux soulèvements qui embrasa presque toutes les tribus chaouies, cependant, c’est dans le Bellezma que l’insurrection fut la plus farouche. L’épisode de Bouthaâlaweth illustre bien l’esprit ingénieux et la détermination des habitants de la région.

Alors que la résistance s’est affaiblie dans d’autres régions avec la saison des moissons, les Aïth Soltane s’attaquèrent au Bordj du caïd d’Aïth Bouâoun et la garnison de N’goues. Ils y mirent le siège pendant 20 jours, mais sans artillerie, leur entreprise n’a pas été couronné de succès. C’est alors qu’un certain « Amor Ou Moussa » (U Moussa), un artificier d’Aïth Fadhma proposa ses services (1).

Amor Ou Moussa surnommé Bouthaâlaweth (l’homme au petit burnous) conçut un canon en bois de chêne « Medhfaâ n ukarruch » ( Akkaruch= chêne en chaoui) et : « Bourré de poudre et de fer l’engin qu’on baptisa ‘’Le canon du diable‘’ devait exploser à la deuxième décharge laissant des victimes des deux côtés, parmi lesquelles il y avait l’inventeur lui-même » écrit Pierre Joseph Arripe dans son recueil des notices et mémoires de 1926 (2). D’après lui, cette version lui fut relatée en 1887 par l’adjoint indigène de N’goues .

La statu de Bouthaâlaweth avec son canon au centre ville de Aïn Touta
La statue de Bouthaâlaweth avec son canon au centre ville de Aïn Touta , réalisée par Salim Souhali

Cependant, il affirme plus loin que Bouthaâlaweth avait reçu l’Aman du général Saussier avec qui il a eut une entrevue en septembre 1871.

La mémoire populaire s’empara de l’histoire de Bouthaâlaweth, et quiconque qui n’a pas pris ses dispositions en vue de mener à bien une affaire, les mauvaises langues diront de lui qu’il a manœuvré à la façon de Bouthaâlaweth.
Cependant, si l’histoire de Bouthaâlaweth parait un peu naïve , elle dénote  de la volonté des chaouis de combattre le colonialisme avec tous les moyens . A peine l’insurrection de 1871 matée, les chaouis se révolterons en 1879 et ensuite en 1916 .

Jugurtha Hanachi

Note :
(1) Abdelhamid Zouzou ,L’Aurès au temps de la France coloniale
(2) Pierre Joseph Arripe , Recueils des notices et mémoires de 1926

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