Archéologie&ArchitecturePatrimoine

Quelques sites notables au sud-ouest de l’Aurès (Sadouri, Doucen, Sidi Khaled, etc.)

Une réflexion en cours sur la région occidentale des Zibans, de Sadouri aux Ouled Djellal (fig. 1), permet de compléter quelque peu les informations disponibles sur différents vestiges, rassemblant des publi­cations anciennes, des notices contenues dans des synthèses récentes, des données anciennes inédites[1] ou peu connues[2], ainsi que de vues sa­tellitaires fournies par Google Earth. Faire le point sur les connaissances et les questions[3] est d’autant plus important que toute la région a connu en un demi-siècle une croissance démographique considérable, avec les conséquences que l’on devine en matière d’occupation de l’espace par des habitations nouvelles ou par l’expansion des surfaces cultivées grâce à une irrigation assurée par pompage dans les nappes phréatiques.

A. Sadouri, antique Ausum

  1. Le site et son histoire

Sadouri se situe dans la partie sud des monts du Zab, à 450 m seulement d’altitude au milieu de trois massifs désolés qui atteignent ou dépassent 800 m. Un fort antique a été construit au confluent de deux oueds saisonniers venant du nord-ouest et du nord-est (oued Sadouri et oued Ressas, ou Souidiri), dont l’eau coule ensuite vers le sud, en conservant le nom d’oued Sadouri. Le tout forme un Y, dont les trois branches étaient empruntées par trois voies[4]. La voie du nord-ouest se dirigeait vers Bou-Saada et le Hodna occidental. Celle du nord-est menait à Aqua Viva[5] par une série de vallées qui se succèdent dans le même axe[6], puis de là vers Thubunae. Celle du sud se dirige vers Doucen et Ouled Djellal. Le principal intérêt de ce point était manifes­tement de contrôler les passages[7]. L’endroit, bien alimenté en eau par des oueds sans doute plus abondants qu’aujourd’hui, pouvait de plus être cultivé sur plusieurs hectares[8].

Ce site, d’intérêt stratégique évident, fut occupé par un camp. Rapproché de l’histoire de la région (et notamment de la fondation de Gemellae en 126/131), son plan aux angles arrondis suggère une fondation ancienne, entre Hadrien et Septime Sévère[9] (et non au me s., contrairement à ce qu’avait suggéré Carcopino à partir des seules dédi­caces à Gordien III et à Philippe). On a souvent évoqué une évacuation précoce. Toutefois, A. Lebert a noté des transformations multiples qui suggèrent au contraire une longue durée d’utilisation.

Le fort de Sadouri[10], mentionné pour la première fois en 1905[11], a été signalé par l’Atlas archéologique, puis par de nombreux chercheurs, dont fort peu ont réellement visité le site. En 1925, Carcopino en donna deux vues, un plan, qui se révèle erroné, ainsi que des lectures assez imaginatives des quelques inscriptions trou­vées au sol. Vers 1935, le capitaine Schneider prit une photographie aérienne publiée seulement en 1949[12]. En début 1943, sur la demande de L. Leschi au Gouverneur Général, une subvention de 7000 F, permit au capitaine Ferry, chef de poste des Ouled Djellal, de procéder à quelques fouilles, notamment à la porte orientale du camp, puis sur les autres[13]. Quelque temps plus tard, J. Baradez examina le site en se montrant assez critique sur les fouilles antérieures : l’intérieur des tours n’avait pas été fouillé, ainsi la porte ouest. La porte nord n’avait été que grattouillée. Quant à la porte sud, son dégagement superficiel et très incomplet ne permettait de tirer aucune conclusion. Une grande par­tie des faces externes des murs était inutilement dégagée, mais l’on avait omis de rechercher un seul détail des faces internes. Mais nous ne disposons d’aucun détail sur les travaux qu’effectua lui-même l’érudit colonel.

En 1950, A. Lebert souhaita de son côté « déterminer la contexture des tours et des ouvrages d’angles » ; il mit en évidence « la présence de seuils successifs, marquant les diverses retouches subies par cet ouvrage au cours des siècles»[14]. Les travaux livrèrent quelques objets : des pièces de bronze très oxydées, du charbon de bois, des lampes de terre cuite, et, près des portes, des débris de bois, et de gros clous très oxydés qui pourraient avoir appartenu à leurs battants[15]. Rien ne permit de datation ni de conclusion.

En 2000, R Morizot découvrait une remarquable photographie aérienne ancienne, maintenant suivie par une seconde, datée de 1960, publiée par M. Lenoir[16]. Tant Y. Le Bohec que M. Lenoir ont ramené les dédicaces du me siècle à une proportion nettement plus modeste que celle qu’avait imaginée J. Carcopino.

  1. Épigraphie de Sadouri

Dédicace donnant le nom du camp

Une dédicace fut relevée pour la première fois, de manière incomplète, par A. Farges en 1901[17] ; la pierre fut enlevée et placée en 1906 dans le poste des Ouled Djellal par le capitaine Ruzy, chef de poste[18]. Elle y fut encore copiée par Carcopino le 20 avril 1924 (fig. 2), mais disparut ensuite, comme devait le constater A. Lebert en 1949[19].

Genio Ausum, / Valerius Cresce/[n]s, ordinar(ius) prince/ [ps] v[e]csil[l]ationis [et] M[a]nil[ius Félix — una cum com[mil] itonib[us]

« Au Génie d’Ausum. Valerius Crescens, centurion princeps ordinaire de la vexillation et Manilius Félix — ensemble avec leurs compagnons d’armes. »

Toutefois, la comparaison avec la copie manuscrite de Carcopino marque encore quelques difficultés qui ne pourront être résolues qu’en retrouvant cette dédicace, si cela est encore possible.

Dédicace de 241-244

Le site a livré une dédicace élevée en l’honneur de Gordien III (238-244)[20].

Bloc de grès, long de 1,13 m, large de 0,54 m, épais de 0,21 m, découvert à 15 m du mur nord et 10 m du mur ouest du camp. Ch. ép. : 1,06/0,49 m, très usé. H. 1. : 4 cm. La partie réellement lisible était très réduite, et c’est au prix de restitutions fort hardies (fig. 3) que J. Carcopino y vit la dédicace de fondation du camp en 242, la même année que celle donnée par quatre inscriptions découvertes à Doucen[21] et restitua la mention d’une vexillatio numeri Palmyrenorum in procinctu (sur le pied de guerre, en tenue de combat)[22].

Il faut beaucoup en rabattre. Certes, l’attribution de cette dédicace à l’un des Gordiens paraît assurée par les quelques lettres conservées aux 11. 1 et 2 « [Go]/rdi[ano] », mais l’inscription est trop fragmentaire pour que l’on puisse accepter ni la date précise (les chiffres des puissances tribuniciennes, des consulats et des acclamations impériales sont entièrement restitués), ni les circonstances. Les inscrip­tions commémorant explicitement la construction d’un camp étaient rarement des dédicaces collectives, mais étaient en règle générale posées au nom de l’empereur par le gouverneur de la province ou l’officier qui commandait la troupe. Le pluriel fecerunt qui se lit à la dernière ligne, indique qu’il s’agit d’un acte effectué par la collectivité des soldats occupant le camp (peut-être l’érection d’un autel). Restitution vraisemblable, [mor]ant[es ijn introduisait sans doute le nom du lieu. La formule finale « d(euoti) n(umini) m(aiestatique)] eorum fecerunt » implique que la dédicace est faite à au moins deux personnes, probable­ment Gordien III et son épouse Tranquillina. La lecture est devenue[23] :

Imp(eratori) Ca[esari M(arco) Antonio Go]rdi[ano Pio, Fel(ici), Aug(usto), Pont(ifici) max(imo), tri]bu[n(icia) pot(estate) – – – R D/I [—] N [—-] GI [—mo]rantes [i]n [— d(evoti) n(umini) m(aiestatique)] eorum fecerunt.

« A l’empereur César Marcus Antonius Gordianus, pieux, heureux, Auguste, grand pontife, revêtu de la puissance tribunicienne — et à — (les soldats) demeurant à —, dévoués à leur divinité et à leur majesté, ont fait (ce monument). »

Une dédicace à Philippe datée du 1er janvier 248

Anciennement connue[24], restituée de manière abusive par Carcopino[25], corrigée par Y. Le Bohec et M. Lenoir[26], cette dédicace mentionne une cohorte dont l’identité nous échappe. Ses membres construisirent en ce lieu un établissement dans lequel Y. Le Bohec a proposé de voir soit un centenarium ou un castellum[27]. Le texte devient dans ce cas :

[…] VN / […]SSI […]EV / c…]F[…]MIV[cen]t/[enariu]m (ou [cast]t/[ellu]m) con[stit]ue)/[r]unt, kaj[(endis) I]anua/ris, Impp(e- ratoribus) dd(ominis) nn(ostris duobus) Ph/ilipiis (sic) Augg(ustis) co(n)s(ulibus).

Ce texte date de 248, car les deux Philippe y sont consuls.

  1. Archéologie Le camp

Les grands côtés du camp (fig. 4) sont orientés légèrement NE- SO (10° Ouest). Ses dimensions sont mal connues. Après Toussaint (1905[28]) et Cagnat (1913), VAtlas archéologique donne les dimensions de 80 x 50 m (rapport L/1: 1,6), superficie 0,4 ha. Carcopino pour sa part indique 98 x 108 m[29] (rapport : 1,1), superficie 1,06 ha, dimensions reprises par Ferry en 1943[30] et par P. Morizot en 1996[31]. En 1959, A. Lebert avait donné 123/83 m[32], dimensions critiquées par Baradez qui préférait 125/83 ou 129/86 m[33]. En 2011, M. Lenoir[34], en partant de la photographie aérienne de 1960, et de son échelle très approximative, a proposé 86 m sur 70 m, avec un rapport L/l de 1,22 et une superficie de 6020 m2. Ces différences ont troublé Y. Le Bohec[35], mais il n’y a bien qu’un seul camp. Sur Google Earth, on peut mesurer environ 114/80 m (L/l = 1,4 et 0,9 ha), qui doit constituer un bon ordre de grandeur. Seule une reconnaissance sur le terrain permettrait d’en prendre les dimensions exactes.

« Les murailles ont une épaisseur de 2,30 m. Elles sont construites en pierres liées par de la terre, pierres non taillées, ou grossièrement taillées et qui proviennent des hauteurs voisines où elles foisonnent. »[36] Gsell {Atlas) a signalé des « traces de tours aux angles », alors que les photographie aériennes montrent des angles arrondis. Une indication de 1943 permet de concilier les témoignages : « A chaque angle, les amas de pierres provenant de l’éboulement des construc­tions, sont particulièrement volumineux. »[37] Manifestement, les angles arrondis étaient surélevés, formant des sortes de tours ne saillant pas vers l’extérieur, cas également retrouvé dans le camp de Besseriani (Nigrenses Maiores)[38].

Le camp était muni de quatre portes, une au tiers environ (à partir du sud) de chacun des grands côtés, et deux autres au centre des petits[39]. L’ouverture de chaque porte était flanquée de tours à talon, dont la face externe était arrondie sur les côtés est et ouest et rectangulaire sur les faces nord et sud[40]. Nous ne disposons pas de description précise de ces deux dernières. La porte orientale (fig. 5a), dégagée en mai-juin 1943 jusqu’au niveau du sol antique[41], était construite en blocs de calcaire et encore conservée sur plus de 2 m de hauteur (trois épaisseurs de blocs)[42]. Les encastrements des deux gonds dans la pierre de seuil furent retrouvés. Au centre, se trouvait toujours le butoir sur lequel venaient vraisemblable­ment se fermer les deux battants. L’ouverture de la porte atteignait 2,85 m. Le passage était flanqué de deux tours à talon rectangulaire et à front semi-circulaire (mur de 90 cm d’épaisseur). Elles englobaient deux pièces A et B[43]. La porte de la pièce A avait été murée. Entièrement dégagé, cet espace livra des monnaies de bronze malheureusement très abîmées et des emplacements de foyers. Des pierres de grandes dimensions, piédroits ou linteaux de la porte, découvertes au niveau du sol, ne portaient aucune inscription. A 50 cm sous le seuil de la porte orientale, A. Lebert découvrit un seuil antérieur, et une canalisation d’eau[44]. Un encastrement de gond pivot fut trouvé sur le seuil de la pièce B qui ne fut pas complètement dégagée. La porte occidentale, qui ne fut qu’à peine touchée, se présentait de même (fig. 5b). Le passage avait été totalement muré à une date incon­nue par un mur en blocs d’appareil (probablement en remploi)[45].

En 1905, le commandant Toussaint signalait sans autre préci­sion un « réduit central », qui pourrait être identifié, à titre de simple hypothèse, avec lesprincipia[46]. Un autre bâtiment, situé à l’intérieur du camp, long de plus d’une quinzaine de mètres, était compartimenté en deux par un mur longitudinal[47]. Son extrémité orientale disparaissait sous un tumulus dont nous reparlerons.

Le plan primitif du camp fut modifié à plusieurs reprises. Les différences entre les fronts des tours (arrondis et rectangulaires) pourraient suggérer des datations différentes, donc au moins un remaniement. Par ailleurs, les différents niveaux de seuils des portes montrent un long usage. Deux au moins d’entre elles avaient été fortement modifiées à des dates inconnues : la porte sud entièrement murée[48], la porte ouest réduite de moitié[49].

Les deux oueds étant le plus souvent à sec, au moins en surface, l’alimentation du camp en eau était assurée d’au moins deux manières :

  • une conduite enterrée pénétrant dans l’enceinte sous le seuil de la porte orientale. A. Lebert en rechercha l’origine de ce côté, mais ses indications sont peu compréhensibles[50] ;
  • un puits, le bir Sadouri, situé à l’extérieur de l’enceinte[51].

Dès 1905, le commandant Toussaint signalait des constructions aux alentours du camp[52]. Les photographies aériennes suggèrent une petite agglomération civile construite sous ses murs[53].

De petits thermes (fig. 6)

A 40 m au sud de l’angle sud-ouest (et non nord-ouest) du camp, dans un bâtiment signalé par presque tous les visiteurs comme des thermes[54], plusieurs pièces conservaient en 1925 leurs suspensurae[55]. Le bâtiment, fouillé très partiellement en 1943 par le capitaine Ferry, était long de 27,5 m et large de 8 m hors tout. Le plan porte des lettres et des chiffres dont nous n’avons pas la clef, mais que l’on peut comprendre en partie[56] :

  • pièce 1 : pièce d’environ 2,90 / 3,50 m (dimensions intérieures) au sol couvert de la mosaïque à peltes (mosaïque 1) ;
  • pièce 2 : pièce carrée d’environ 3,40 m de côté. De petits carrés séparés par de petites barres évoquent la mosaïque 2. Cette pièce conte­nait une « pierre n°4 » dont nous ignorons la nature. Les deux petites pièces non numérotées situées à l’est (ici au-dessus de la pièce 2) pourraient être des pièces de chauffe (?) ;
  • pièce 3 : pièce carrée d’environ 3,50 m de côté, dont le champ était occupé par une mosaïque de sol décorée de cercles concentriques, avec canthares aux angles (mosaïque n°3) ;
  • pièce 4 : pièce carrée d’environ 3,50 m de côté, dont trois angles portaient apparemment des restes de mosaïque (non décrites) ;
  • pièce 5 : pièce (ou ensemble de pièces dont nous ne connaissons pas les dispositions) d’environ 7,20 m de large et 14,26 m de long. Au nord des pièces 3 et 4, de petits rectangles alternés pourraient représenter un dallage.

Le plan présenté est très partiel (partie nord non fouillée, absence de repérage des canaux de chauffage, etc.). Cependant, par comparaison[57], il semble s’agir effectivement s’agir de thermes à plan direct, dont l’entrée pouvait se trouver au nord (à gauche sur le plan).

L’intérieur du bâtiment livra des mosaïques ornementales géo­métriques signalées par Toussaint en 1905, partiellement dégagées par Ferry en 1943[58] :

  • Dans la pièce 1, une mosaïque en rouge et bleu sur fond blanc dont le champ était occupé par des peltes alternativement couchées et dressées (fig. 7a). La séparation entre les pièces 1 et 2 était couverte d’un tapis de seuil carré dont la partie centrale était constituée d’un losange inscrit dressé sur la pointe. Le seuil était longé par une tige terminée par deux petites hederae pointant vers l’extérieur évoquant un thyrse (?).
  • Dans la pièce 2, le tapis d’une seconde mosaïque, de même couleurs, bordée de méandres fractionnés, était occupé par une composition quadrillée de carrés (comportant des nœuds de Salomon, des motifs couvrant en méandre) séparés par des carrés concaves et des rectangles prolongés de demi-cercles (fig. 7b) ;
  • Le quart d’une quatrième mosaïque à décor rouge, bleu et jaune, occupait la totalité de la pièce 3 (fig. 7c). Elle se composait d’une série de bordures concentriques autour d’un cercle central occupé par des pétales tournoyants. L’angle subsistant (mais sans doute aussi les trois autres) était orné d’un canthare.

St. Gsell a signalé à l’intérieur du camp des « constructions rondes ou elliptiques » bâties « avec des matériaux de récupération », dont l’une figure sur le plan de J. Carcopino. Plusieurs sont visibles sur les photographies aériennes. M. Lenoir a pensé à des bâtiments postérieurs, probablement des enclos à bétail[59]. Il s’agissait en réalité de bazinas et de tumuli édifiés tant à l’intérieur[60] qu’à l’extérieur du camp. Ils sont postérieurs à son abandon par l’armée romaine dans la double mesure où certains remployaient des blocs romains, et où leur disposition aurait fortement gêné la vie du camp[61]. Cette circonstance exceptionnelle le serait peut-être moins si l’on examinait systématiquement tous les camps romains de la région[62].

L’un de ces vestiges libyques, situé près de la porte du nord fut sommairement examiné en 1943[63]. Le fouilleur reconnut, sans en deviner la nature, un cercle de 10 m de diamètre composé de gros moel­lons et de pierres de taille posés à sec. Ces blocs n’étaient disposés que sur une seule épaisseur (il s’agissait donc plus d’un tumulus[64] que d’une bazina proprement dite) et ne reposaient sur aucune fondation. Plusieurs étaient creusés sur leur face externe d’une fente de 10 à 15 cm de hauteur, de 4 cm de profondeur et de 3 cm de large (probablement un trou de louve, ce qui montre qu’il s’agissait de remplois). Ces vestiges oblitéraient la partie orientale d’un long bâtiment compartimenté en deux par un mur longitudinal. Cette superposition établit l’antériorité du camp par rapport à cette bazina.

B. « Bir-Leftah »

Dans la plaine aride limitée au nord par le djebel Aroussina et au sud par la piste de Tolga à Chaïba, l’Atlas archéologique signalait des vestiges antiques à l’est de l’oued En-Naam[65] (fig. 8). Baradez y travailla pendant quelques jours au cours de sa dernière campagne dans la région, mais c’était un grand camp méritant une fouille véritable[66].

Il fut également cité par A. Lebert, sans indication précise de locali­sation[67]. Nous l’avons retrouvé sur Google Earth[68]. Le site est encore désert et libre de constructions modernes. Les vues satellitaires nous ont permis de constater qu’il comporte en réalité plusieurs structures[69].

  1. Un camp carré du bas-empire (1 du plan) ?

Le camp évoqué par J. Baradez apparaît sur les vues satelli­taires comme un carré d’environ 106 m de côté[70]. Les angles ne sont pas arrondis. L’intérieur semble fort enterré et l’on ne distingue pas de détails certains. Il pourrait s’agir d’un camp du Bas-Empire. En 1950, A. Lebert explora à l’intérieur de l’enceinte un puits entièrement creusé dans le roc[71], il présentait une ouverture carrée de 4 m de côté, et était encore profond de 20 m. Le fond du puits était encombré de toutes sortes de débris de pierre et aucune trace d’eau ne fut été décelée[72].

  1. Les alentours du camp carré

Le camp carré est accompagné de traces de constructions à son angle sud-est, avec un second puits [3] exploré par A. Lebert en début juin 1950[73]. Situé à quelques mètres à l’E-S-E du fort, de section carrée (4 x 4), il était également creusé entièrement dans le roc, sur au moins 36 mde profondeur ; ses parois étaient entaillées de petites cavités arrondies, servant probablement de marches[74]. D’autres traces appar­tenant semble-t-il à des bâtiments apparaissent au nord-ouest [2] et au nord [4] du camp.

  1. Un grand camp plus ancien (5 du plan) ?

A 150 m au sud-ouest de l’angle sud-ouest du camp carré, on distingue la trace ténue de ce qui paraît être un autre camp, nettement plus grand[75]. Mesurées sur Google Earth, les dimensions sont d’environ 219 m du NO au SE et de 167 m du SO au NE, soit au total environ 3,6 ha. Les angles arrondis sont assez nets, et semblent renvoyer à un camp du Haut Empire. Une vérification au sol serait nécessaire pour en savoir plus et même simplement s’assurer de son existence.

A environ 400 m à l’est du camp carré, des lignes presque nord-sud semblent conserver la trace de limites de champs [6 et 7] pro­bablement contemporaines de l’un ou l’autre des camps, voire des deux.

Les alentours montrent quelques autres traces non identifiables sur vues aériennes. C’est ainsi qu’à 1000 mètres au nord du camp carré, une trace linéaire inclinée à 100° et visible sur près de 20 km mériterait d’être examinée au sol (élément de fossatum ou tracé moderne ?).

C. Doucen

Sur les vues satellitaires, Doucen apparaît aujourd’hui comme une grande tache verte, au milieu du jaunâtre de plateaux déserts. En 1950, c’était une oasis de 5 000 habitants tirant ses eaux des sources alimentées par l’Atlas saharien. Des semi-nomades, Bouazid et Ouled- Sidi-Slimane, se livraient à l’élevage et à la culture des palmiers dans les plaines fertiles du Mahisser et du Khafoura. Les habitants possédaient 5 000 palmiers dont 600 deglet-nour, sur 200 ha. L’irrigation s’effectuait par pompage dans la nappe phréatique[76]. L’oasis était habitée depuis l’Antiquité. Les vestiges ont été décrits à plusieurs reprises[77], mais de manière assez incomplète.

On ignore le nom antique de l’endroit[78]. Un fort, existant en 242, était occupé par des soldats de la IIIe légion[79]. Il est probablement antérieur et a sans doute duré plus longtemps, sans que l’on connaisse la date de son abandon par l’armée romaine. Au moins cinq enceintes (dont ce camp), en principe antiques, doivent remonter à des dates différentes.

Le site de Doucen garda une certaine importance au Moyen Âge. Il est cité lors d’une bataille menée en 770 de l’hégire / 1370 par le sultan mérinide Abd el-Aziz contre le sultan zianide Abou Hammou et les Beni-Amer[80]. « Ayant surpris son camp dans une attaque de nuit, ils [deux chefs mérinides] dispersèrent ses troupes, s’emparèrent de ses effets, de ses trésors et de ses bêtes de somme, et contraignirent les débris de son armée à se jeter dans le pays des Mozab. »

Au xvie siècle, Léon l’Africain[81] nota que Deusen (Doucen) était une cité d’origine romaine, et signala des sépultures anciennes au­près de la ville : « DEUSEN : Deusen 127 est une ville très antique bâtie par les Romains au point où le royaume de Buggia confine au désert de Numidie. Elle fut ruinée lorsque les armées mahométanes entrèrent en Afrique. Cela parce qu’un comte romain s’y trouvait avec un grand nombre d’hommes courageux. Il ne voulut jamais rendre la ville au capitaine sarrasin, si bien que le siège dura un an. Elle fut alors prise par force, tous les hommes furent tués, les femmes et les enfants furent faits prisonniers, puis elle fut brûlée[82]. Ce sont les maisons qui furent incendiées, car les murs [des remparts] étant faits de pierres énormes, ne purent être renversés. Cependant on les voit ruinés sur deux faces, je ne sais par quel artifice ou par un tremblement de terre. Près de la ville, on aperçoit quelques vestiges qui semblent être des sépultures. En temps de pluie les chasseurs y trouvent de grosses pièces d’or et d’argent, avec des effigies et des légendes dont personne n’a pu m’expliquer le sens. »

  1. Épigraphie

Le morceau de bravoure du site réside dans les fragments de quatre dédicaces[83], de teneur analogue, commémorant un ouvrage fait sous Gordien III, en 242, par les soins du légat T. Iulius Antiochus[84].

On trouva d’abord trois fragments, encastrés dans le fort moderne, dont le CIL pensa qu’ils appartenaient à deux inscriptions, avant que J. Carcopino n’en découvre un quatrième et démontre qu’ils appartenaient à quatre inscriptions différentes. Il pensait qu’elles avaient été posées aux portes des principia. Elles devaient provenir en fait des quatre portes d’un camp, comme l’a fait remarquer Y. Le Bohec[85]

Avec des lacunes différentes, elles donnent le même texte sur quatre lignes, sauf à la 1.3 qui comportait des variantes. Les deux premières lignes comportaient une titulature impériale rédigée au nomi­natif ; à la quatrième se trouvait le nom du légat à l’accusatif, précédé de per ; l’inscription est bien datée entre le 10 décembre 241 et le 9 décembre 242)[86].

  1. 1 : [Imp(erator) Caes(ar) M. Antonius Gordiajnus, piu[s, fel(ix), Aug(ustus)] I [pontifex maximus, trib(uniciae) pot(estatis)] V, co(n)s(ul) Il, pr[oc] o(n)s(ul), [p(ater) p(atriae)] I [… uirjtute suaq(ue) ins[tantia(?)]

A la fin de la 1. 3 et au début de la 1. 4, il devait y avoir quelque chose comme [castra, principia fecit, instituit ?], indiquant probable­ment la nature de la construction.

  1. 4 : […per T. Iulium Antiochujm, leg(atum) Au[g(usti)p]r(o) [p(raetore) …].

A la troisième, le texte est chaque fois différent : exemplaire 7. [.JTVTE SVAQ INS[…]; 2. […] QVITATAE S[…] PROVI[…]; 3. […] ENTAE[…]; 4. [..JLA [.] AEPRO

  1. Carcopino avait proposé d’audacieuses restitutions qui comblaient toutes les lacunes, et d’où il ressortait que l’empereur, par son légat, avait vaincu des rebelles, et fait tracer de nouvelles frontières pour la province[87]. Comme l’a noté Y. Le Bohec, ces interprétations relèvent plus du roman que de Pépigraphie : les parallèles que le savant historien citait à l’appui de ses restitutions sont fort loin de ressembler à ces textes.

Il ne paraît pas possible de restituer entièrement les textes des 11. 3. Toutefois, la propagande de Gordien III telle qu’elle se manifeste à travers ses émissions monétaires exalte la uirtus et la prouidentia[88] du prince. On peut donc penser que ce sont ces vertus qui étaient mention­nées dans les inscriptions de Doucen ; il y était peut-être question en outre, de Yaequitas impériale ou d’une cohorte equitata[89].

Leur provenance exacte pose question. Baradez pensait au « fort de l’Est », mais en 1905, Toussaint écrivait : « le bordj actuel paraît avoir été élevé sur les substructions de l’ancien castellum et doit en reproduire à peu près exactement le tracé. » Les fragments ont pro­bablement été trouvés sur le site même[90].

Quelques autres inscriptions ont été signalées près du bordj, mais c’étaient pour la plupart des fragments inexploitables[91]. C’est à peine si en 1899, M. Muraccioli signalait un fragment de dédicace (h. 1. : 4 à 6 cm), portant dans une queue d’aronde à gauche : votum et dans le champ[92] : …. /piife [—-. /Flavii [—/—]se et va[l— (fig. 9).

2. Archéologie

Le cabinet des Cartes et Plans de la Bibliothèque nationale conserve une remarquable série de plans imprimés des oasis de la région au début du xxe siècle, et parmi eux celui de l’oasis de Doucen[93] (fig. 10) qui permet de mieux comprendre les descriptions anciennes. Cette oasis est née de la résurgence de deux grands courants d’eau souterrains qui émergent ensemble à la jonction de deux petites vallées. L’eau abondante a permis d’établir une palmeraie, apparemment habitée très tôt, bien avant Rome.

On a mentionné jusqu’ici pas moins de quatre enceintes antiques (ou présumées telles) échelonnées sur une distance totale d’environ 4 500 m d’est en ouest. Au cours de deux survols successifs, Baradez put photographier non seulement le fort de l’Est (pour lui « castellum Schneider ») et les ruines environnant le bordj, mais encore deux autres castella jusque-là inconnus, tous deux situés dans la vallée de l’Oued Doucen, mais en amont (à l’ouest) de l’oasis[94]. Nous notons sur le plan de 1909 (fig. 10) une cinquième enceinte (B) à 400 m au nord du bordj. Cette accumulation d’enceintes pose question. Il est plus que probable que toutes ne sont pas de même époque.

Le bordj moderne

En 1888, Delattre signalait à Doucen « les ruines considérables d’un ville romaine importante. Au centre, sur un mamelon tout cou­vert de constructions antiques, s’élève le fort moderne, bâti en 1854 par le 1er régiment du Génie, et le 2e régiment de la légion étrangère »[95]. Il releva plusieurs fragments minimes d’inscriptions, ainsi que les fragments des quatre dédicaces encastrés dans le fort[96]. Le bordj, qui abritait vers 1900 un bachaga, a une vue imprenable dans toutes les directions[97]. Selon Y Atlas archéologique[98], il avait peut-être été élevé à l’emplacement d’une forteresse antique. Baradez se demandait toutefois[99] s’il n’avait pas été construit avec des matériaux prélevés sur le grand fort de l’est (« castellum Schneider »)[100]. Cette idée nous semble devoir être écartée, dans la mesure où il y avait existait des vestiges de nombreuses constructions antiques à l’emplacement et dans les abords immédiats du bordj[101].

Une ruine inconnue au nord du bordj moderne

La carte du lieutenant Nayel (fig. 10, B) montre à 400 m au nord du bordj moderne, de l’autre côté de la résurgence, un quadrilatère irrégulier, représenté par une série de petits carrés et portant l’inscrip­tion RR. Le cartographe semble bien avoir vu sur le site une ruine antique, quadrilatère irrégulier d’environ 50 m de côté, dont les murs comportaient des harpes régulièrement espacées, ce qui en ferait plutôt un bâtiment civil. Nous n’en savons pas plus[102].

Koudiat ed-Djarouf (« fort de l ‘Est » ou « fort Schneider » pour Baradez) (fig. 11)

A plus d’ 1 km à l’est du bordj, le R Delattre signala dès 1888 un monticule appelé koudiat ed-Djarouf[103] qu ’il décrivit comme couvert de ruines antiques, avec même une épitaphe[104]. En 1949, Baradez, qui ne semble pas avoir visité ces structures au sol, et qui ne connaissait pas la toponymie, disposait de dix photographies prises en 1935 par le capitaine

Schneider, prises trop bas et ne couvrant qu’une petite zone[105]. Elles lui permirent toutefois de repérer sur une langue de terre entre deux oueds à l’est de l’oasis actuelle des ruines que Baradez appela de ce fait le « fort Schneider »[106]. La comparaison avec les vues satellitaires permet de si­tuer approximativement cet établissement[107], dont les alentours semblent avoir été récemment remaniés au bulldozer pour être mis en culture.

Le bâtiment principal était constitué d’une enceinte carrée d’en­viron 65 m de côté[108], précédée par une petite enceinte carrée d’une quin­zaine de mètres de côté, que Baradez interprétait comme une mansio, on ne sait sur quelle base. Leurs alentours immédiats montrent des buttes aux formes arrondies qui font supposer les vestiges d’une agglomération civile ancienne construite en terre, comme il est normal dans la région.

Deux forts (?) à l’ouest

Baradez repéra à l’ouest de l’oasis deux autres « forts », dont nous ne savons pratiquement rien (et même pas s’il s’agissait réelle­ment de forts). Situé à environ 1800 m à l’ouest de Doucen, le premier présentait une double enceinte carrée[109]. Il était très effacé et offrait un relief insignifiant. Baradez eut quelque difficulté à le retrouver au cours d’un second survol, et n’en publia pas de cliché. Nous ne l’avons pas retrouvé sur Google Earth.

Le second fortin, « beaucoup plus apparent et sans doute facile à retrouver au sol », était situé à 2 000 m à l’ouest du précédent et légè­rement au sud de l’oued[110]. Nous n’en savons rien de plus.

D. Butte du Mahder Saay (plaine du Mahisser)

Au sud-ouest de Doucen, la plaine du Mahisser[111] est arrosée par les eaux de crue des oueds Tamda, Beirout et Kharza, qui en font une zone très fertile tant pour les céréales, que pour les pâturages[112]. Elle est traversée par une butte peu élevée, longue de plusieurs kilomètres, nommée Mahder Saay[113], qui montrait autrefois des vestiges anciens. A. Lebert en a donné une courte description[114] : sur plusieurs kilomètres, le terrain « est parsemé de blocs taillés épars, qui témoignent de ruines ensevelies sous les alluvions. A l’endroit où les pièces paraissaient les plus denses, un chantier de 8 hommes fut installé à demeure, qui eut pour tâche de dégager avec soin les substructions, visibles ou non, de bâtiments ».

 

« Après quelques jours de travail il fut possible de reconnaître, à quelque 50 ou 60 cm du sol, les fondations de plusieurs habita­tions, avec seuil en place, fondation des murs et restes des chambres. Ces constructions ont généralement 20 x 20 ou 16 x 16 de côté. De nombreuses meules, des poteries brisées, des débris de jarres à huile, un fragment d’épingle en ivoire, une lampe brisée, ont été mis à jour devant nous. »

Le plan à toute petite échelle donné par A. Lebert[115] (fig. 12) ne signale pas moins de sept ruines carrées ou rectangulaires de même orientation, réparties sur environ 350 m de long. Les bâtments sem­blaient séparés par une route longeant le sud-est du bâtment A. Pour Baradez, ce pouvait être une voie de Doucen à Bordj ed-Diab[116].

Le bâtiment A, le seul sur lequel nous disposions d’un véritable plan (fig. 13), s’inscrivait dans un carré de 20,50 m de côté ; il compor­tait onze pièces réparties le long du mur externe. Il s’agissait probable­ment d’une construction antique dont la destination n’est pas évidente.

A quelques centaines de mètres de cet emplacement, A. Lebert découvrit en surface, un fragment d’autel ou d’inscription funéraire, qu’il remit au Colonel Baradez[117].

E. Fort « au disque », « Bordj-ed-Diab »

À 7 km O-S-O de la petite agglomération d’Hassi Sida, à envi­ron 1,5 km d’une piste vers Oum-el-Grad, A. Lebert découvrit à flanc de colline« une imposante construction ruinée »[118]. A la demande de Baradez, il mit en place en 1950 un chantier de quelques hommes pour dégager le seuil, creuser des tranchées à l’intérieur et en retrouver le plan (fig. 14). Il s’agissait d’un bâtiment carré de 22 m de côté aux angles externes légèrement arrondis. Seuls subsistaient les murs, épais de 2 m et hauts de plus de 3, formés de moellons taillés et juxtaposés. On remarquait dans les murs, à 2,50 m à 3 m du sol, une série de cavi­tés cylindriques, qui avaient dû servir à loger l’extrémité de rondins de bois. On pouvait donc imaginer soit une terrasse, soit un étage soute­nu par des troncs d’arbres ou de palmiers. A. Lebert signala des tours d’angles (probablement de simples surélévations du mur car elles ne sont pas visibles sur son plan).

La porte d’entrée s’ouvrait au nord. Le seuil très usé était large d’ 1,40 m. Les tranchées creusées à l’intérieur ne permirent de découvrir que des amorces de murs des chambres intérieures, mais ne montrèrent pas de puits. A quelques mètres au nord de l’entrée du fort, la fouille partielle d’un gros amas de cendres et de pierres calcinées, livra des débris de poterie (non décrits) et quelques ossements.

Interrogés par A. Lebert sur l’origine de cette ruine, les habi­tants de la région répondirent qu’il s’agissait de la casbah d’un bandit célèbre, Ben Naïli, qui aurait rançonné la région, il y a bien longtemps. Pour J. Baradez, le bordj ed-Diab était incontestablement romain, car il y avait trouvé des débris de lampes dont un en terre rouge semble provenir d’une lampe chrétienne[119]. L’épaisseur des murs en fait un ouvrage défensif, mais on ne saurait préciser plus.

F. Kherbet el-Ksar : Une ville (médiévale ?) près d’Ouled-Djellal

Située sur l’oued Djeddi, l’oasis des Ouled Djellal avait été habitée dès la Préhistoire[120]. C’était en 1950 un gros centre de séden­taires qui comptait environ 9 000 habitants et vivait avant tout de ses 60 000 palmiers (dont 7 000 deglet-nour), sur 500 ha, produisant des dattes destinées à l’exportation[121]. Là aussi, la population a beaucoup augmenté depuis, et la ville s’est largement étendue.

Le site lui-même ne semble pas avoir pas livré de vestiges antiques[122]. Toutefois, on a signalé à 6 km à l’ouest d’importants vestiges antiques dont l’âge pose question[123]. En 1888, le P. De­lattre les a signalés sous le nom de Kherbet el-Ksar (« les ruines du château ») : « ruines importantes qui ont fourni les matériaux nécessaires pour la construction du fort moderne de l’oasis des Ouled Djellal. »[124]

Des photographies aériennes prises avant 1936 par P. Averseng et Piéchon[125], et d’autres avant 1945 par Schneider (reproduites par Baradez ; ici, fig. 15[126]) sont d’autant plus importantes que le site, désertique avant 1950, a fait récemment l’objet d’importants travaux de nivellement et semble aujourd’hui entièrement complanté d’arbres (notamment palmiers et oliviers).

Il s’agissait d’une série de structures complexes, qui ne ressemblent pas aux vestiges considérés jusqu’ici comme romains, avec notamment de grands et longs fossés qui dessinent nettement un péri­mètre urbain. On peut se demander si l’ensemble visible sur ce cliché ne serait pas plutôt une ville médiévale, éventuellement établie sur un site antique.

G. Sidi-Khaled : la zaouia du Nebbi

A 7 km au sud-ouest d’Ouled-Djellal, le village de Sidi-Khaled était peuplé en 1950 de 5 000 habitants. L’oasis comptait 30 000 palmiers dont 4 000 deglet nour. L’irrigation se faisait par pompage dans la nappe phréatique.

Ce point n’avait hélas pas été survolé par J. Baradez. En 1969, P. Salama constatait avec regret la destruction récente d’une forteresse antique, pour « l’agrandissement de la mosquée principale située au milieu d’un cimetière musulman où abondent les pierres romaines »[127]. « Cette mosquée, assise en proue sur une falaise à épe­ron, domine l’Oued Djedi. Or ces travaux bousculèrent l’emplacement d’une forteresse antique, construite en magnifiques pierres de taille. L’ouvrage devait avoir une vingtaine de mètres de côté, aux dires des témoins qui me l’ont décrit. Une partie de ces pierres de taille peuvent encore être vues au pied de la mosquée où elles servent de banc aux fidèles ; d’autres lurent remployées dans le bâtiment. La facture de cet ouvrage est semblable aux grandes assises encore en place par exemple à Tolga[128], ou que l’on voyait, en grande élévation, dans le monu­ment dit “Fort Turc” de Biskra[129], ouvrage romano-byzantin, avant sa destruction totale en 1981, au profit de la création d’une cité moderne. En raison de sa situation topographique, la forteresse de Sidi Khaled, surplombant la vallée de l’oued Djedi […] possédait des vues illi­mitées sur tous les horizons. » L’existence d’un bâtiment antique de nature inconnue sous la zaouia de Sidi Khaled est donc certaine[130]. Sa destination militaire n’est que possible.

La zaouia du « Nebbi » (« prophète ») est célèbre, car les femmes ont l’autorisation de s’y rendre en pèlerinage le 26e jour du Ramadan[131]. Certainement ancienne, la titulature est intéressante. Au xxe siècle, différentes versions circulaient localement sur l’identité de Sidi Khaled, le santon vénéré, mais toutes convergeaient sur un point : il serait venu d’Orient avant le Prophète de l’islam. A l’exemple des martyrs d’Abitina[132], il pourrait s’agir en fait d’un saint chrétien dont la vénéra­tion aurait été conservée lors de l’islamisation du pays[133], ou aurait été introduite à 1’ époque musulmane comme la légende des Sept Dormants d’Éphèse par le Coran (sourate XVIII : La caverne)[134].

H. Kef el-Guemaa : ferme fortifiée « aux disques »

Le Kef el-Guemaa est une hauteur dominant le lit de l’oued Djedi[135]. En 1943, le chef d’Annexe, le commandant Ferry, déblaya en grande partie un établissement antique, également visité en 1950 par A. Lebert[136], apparemment disparu depuis sous des cultures ré­centes (d’après Google Earth). La découverte est située de manière peu précise : à 17, 7 km des Ouled-Djellal, à 3 km environ à l’est du Kef el-Guemaa[137], à une centaine de mètres à droite de la piste en direction de Biskra, c’est-à-dire entre la route et l’oued Djedi.

Outre la description avec photographies publiée par A. Lebert, on dispose d’un plan et d’une description sommaire par Lerry en 1943 :

  • « 1° Le mur d’enceinte dont seules les assises [inférieures] subsistent est fait de gros blocs de pierre parallélépipédiques aux dimensions approximatives de 1 m / 50 cm / 50 cm[138]. C’est un carré régulier de 25,50 m de côté » (fig. 16). Selon A. Lebert[139], il s’agissait de blocs de grand appareil, cimentés et rythmés par des harpes, et de murs de blocage assez bien conservés ;
  • « 2° Dans l’angle sud-ouest, subsistent les ruines très abîmées de ce qui semble avoir été le bâtiment principal. Les pierres utilisées sont de grandes dimensions »[140] ;
  • L’entrée, située sur la face est[141], se composait d’un couloir compor­tant trois portes (fig. 17). « La porte centrale [2] qui paraît avoir été construite après coup (les blocs en constituant les parois étant rappor­tés), était vraisemblablement en bois. C’était une porte ordinaire tour­nant sur des gonds, comme l’indique la forme de la paroi sud, évidée en forme d’arc de cercle (voir croquis) et l’emplacement du gond visible sur la pierre de seuil. »
  • « Les deux autres portes [1 et 3] étaient des disques de pierre de 2 m de diamètre et de 25 cm d’épaisseur[142] tournant sur eux-mêmes dans des rainures pour venir s’encastrer dans des logements prévus dans la muraille sud, obturant ainsi le passage de 1,30 m de large [et 1,80 m de haut] donnant accès au fortin[143].
  • « La porte extérieure, conservée sur plus de la moitié de sa hauteur, est restée en place et a pu être dégagée complètement. Ce disque pesant plus de six tonnes pouvait rouler sur lui-même, dès qu’on enlevait la cale qui le maintenait dans la position d’ouverture, la rainure inférieure étant en plan incliné. »[144] La roue fermée pouvait être ouverte « à l’aide de longs crochets dont la pointe est placée dans des évidements aména­gés sur une des faces du disque le plus près possible du bord, replace le disque et l’immobilise »[145].
  • L’intérieur de l’ouvrage montrait également les restes d’une huilerie, qui ne semble pas portée sur le plan et dont nous ne savons rien[146], et un puits qui y figure. Ferry a décrit ce dernier en 1943[147], « le puits comporte une margelle faite de 4 blocs de 20 cm d’épaisseur dépassant le sol d’une hauteur de 50 cm. Deux autres ont un mètre de large, de sorte que l’ou­verture à l’intérieur est, en plan, un carré de 60 cm de diamètre. Il s’agit donc d’un véritable tubage, pratiquement indestructible. Aussi, le puits, dont la profondeur dépasse 6 m, est admirablement conservé »[148]. En 1950, A. Lebert le fit dégager également jusqu’à 6 m, jusqu’à une couche de sable[149]. Dans le remplissage, les ouvriers trouvèrent d’abondants dé­bris de pierres, des restes de poterie, dont nous n’avons pas la description

Pour A. Lebert, l’ensemble devait constituer, non pas un fortin comme on l’avait dénommé à tort jusqu’alors, mais un « centenarium » ressortissant du fisc romain « où l’on gardait à la fois l’huile et les cé­réales »[150]. Pour Baradez[151], « il ne s’agit pas d’un fotin mais d’une man- sio avec huilerie importante »[152]. L’idée d’un rapport avec le fossatum, par exemple pour son approvisionnement, restait sous-jacente et suggé­rait une datation de l’époque romaine. Cependant, l’obturation des portes par des roues de pierre est toujours fort tardive, souvent d’époque byzan­tine, et c’est probablement à une datation de ce type qu’il faut penser. Il n’y a plus aucun rapport du tout avec la frontière romaine, qui n’exis­tait plus depuis longtemps. Il devait s’agir en fait d’une exploitation agricole d’époque byzantine, dont les constructeurs sont inconnus[153].

I. Des reconnaissances au sol souhaitables

On dispose d’autres éléments épars qui mériteraient de prendre place dans un programme de recherche au sol et/ou un atlas archéologique rénové. C’est ainsi que, vers 1960, J. Soyer a repéré au nord de l’oued Djedi une trace linéaire (fig. 1, n° 9) qui pourrait constituer un pro­longement inédit de la Séguia Bent el-Khrass[154]. En 1949, L. Leschi a rapporté, d’après des prospections (restées inédites) du colonel Baradez dans la vallée de l’oued Djedi, la présence « de nombreux pressoirs à huile » à l’est des ouled Djellal, dans les ruines de fortins (?) et d’« un gros centre habité »[155]. Ces précisions, hélas mal localisées et mal datées, sont importantes pour la reconstitution du paysage an­tique. Il conviendrait également de réexaminer les nombreux vestiges à destination hydraulique (?) repérés à la fin du xixe siècle le long de l’oued Djedi par les lieutenants Juillet et Verdier[156].

Le travail irremplaçable et méritoire de J. Baradez et de quelques autres rares chercheurs qui se sont occupés de la région a livré beaucoup d’éléments qui doivent être considérés comme des matériaux bruts. Leurs interprétations sont sans aucun doute à revoir, à la fois pour chacun et par rapport au système du limes tel que conçu par le savant colonel[157]. Les vestiges à simplement revisiter, sur le papier, sur Google Earth, ou au sol, sont plus nombreux qu’on ne le croit[158]. Des dispositifs inédits peuvent être retrouvés. Les progrès de la céramologie devraient aujourd’hui d’obtenir des datations, donc de répartir dans le temps des vestiges qui, contrairement à ce que pensait Baradez, ne sont pas tous militaires, ne remontent pas tous à l’époque romaine, et appartiennent manifestement à des époques variées, allant jusqu’à la période byzan­tine, et même jusqu’au Moyen Âge (et sans doute au-delà, tant la vie a continué sans interruption depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours).

On note également des huileries antiques dans une position très méridionale, ce qui laisse penser une fois de plus à une dégradation des conditions agricoles depuis l’Antiquité. Le sud-ouest de l’Aurès n’était pas parcouru par des chameliers faméliques et pillards mais par des saha­riens sédentaires et/ou semi-nomades occupant des oasis complantées de palmiers et d’oliviers, et pratiquant sans doute aussi l’élevage.

Toute l’histoire antique et médiévale de la région ressortirait profondément changée d’un simple réexamen, d’autant plus urgent que la population a beaucoup augmenté et que la construction d’habitations et la mise en culture consomment de plus en plus de terrains qui rece­laient naguère des vestiges anciens.

Jean-Pierre Laporte

Cette étude est issue de la revue Aouras : Société d’études et de recherches sur l’Aurès antique. N° 8 2014 ISSN 1766-8336

Notes :

[1] J’ai pu consulter des documents et renseignements inédits aimablement fournis notamment par P. Salama et A. Lebert, notamment des photocopies pâlies de lettres échangées par L. Leschi, le capitaine Ferry et J. Baradez. Les plans et croquis trop difficiles à reproduire ont dû être redessinés. Je tiens à remercier tout particulièrement André Lebert, qui a eu cent ans en 2010 (il est décédé à 102 ans le 9 février 2012), des renseignements et documents qu’il m’a fournis à plusieurs reprises. Je remercie également P. Trousset et P. Morizot de leur aide. Puisse cet article être utile à nos collègues algériens qui travaillent sur le terrain.
[2] Notamment A. Lebert, 1959, petit fascicule publié à compte d’auteur dont il a eu la gentillesse de me donner un exemplaire.
[3] On trouvera ci-dessous, p. 330-334 une bibliographie sommaire relative à cette région. Sa longueur ne doit pas faire illusion, le nombre de visites réelles sur le terrain a été très limité.
[4] Commandant Toussaint, 1905, p. 58 : « l’un des principaux défilés permettant de passer des plaines sahariennes dans la région du Hodna. ».
[5]  St. Gsell, 1911, f. 37, 37. L. Leschi, « Centenarium Aqua viva », Comptes rendus des Séances de l\Académie des Inscriptions et B elles-Lettres, 1941, p. 163-176, et in Revue africaine 87, 1943, p. 5-22 = Études d’épigraphie et d’archéologie africaines, 1957, p. 47-57.
[6] J. Baradez, 1949, p. 119.
[7] Pour le capitaine Ferry (lettre du 11 mai 1943), des guetteurs installés sur les hauteurs avoisinantes auraient pu surveiller les pistes sur de longues distances. Il pensait en effet avoir reconnu l’assise circulaire d’une tour de guet sur un des pitons situés au sud du fort, mais il pourrait s’agir tout simplement d’une bazina.
[8] En 1943, selon le capitaine Ferry, l’eau abondait aux alentours. « Un puits peu profond a été maçonné par les soins de l’autorité et deux jardins complantés de palmiers attestent que l’eau est peu profonde et permet une irrigation facile. Ces jardins sont abandonnés, les nombreux nomades utilisant les pistes y commettant sans cesse des déprédations. » Lettre du capitaine Ferry du 11 mai 1943. En 1950, le gardien du bordj Chaïba y cultivait des légumes à l’abri de quelques palmiers. A. Lebert, 1959, p. 7.
[9]  Citons une remarque judicieuse de J. Baradez, Fossatum, 1949, p. 119 : « absolument rien ne prouve que le camp ne soit pas antérieur au passage de cette cohorte [inconnue] qui venait y prendre ses quartiers d’hiver et peut-être relever une autre unité ». Une nette antériorité du camp est probable.
[10]  St. Gsell, 1911, f. 48, 1. Une excellente vue (septembre 2011) vient d’apparaître sur Google Earth. Coordonnées au centre du camp : 34°51’40.93 N, 4°55’28.66 E. Altitude 452 m.
[11]  A. Farges, 1901, p. 313, n. 24. Commandant Toussaint, 1905, p. 58. R. Cagnat, 1913, p. 603. J. Carcopino, 1925, p. 41-46 et pl. IV. J. Baradez, 1949, p. 119 et vue aérienne, p. 125, cliché A. A. Lebert, 1959, p. 8-11. E. Fentress, 1979, p. 85-86, n° 6. Y. Le Bohec, 1989, p. 456 (dédicace) et 486 (archéologie). D. A. Welsby, 1990, p. 120, fig. 2-3. R Morizot, 1996, p. 153-159 (p. 158). P. Morizot, 2003, p. 70-71, et pl. 12, p. 88. J.-P. Laporte, 2009, p. 33-34 etp. 49, fig. 15. M. Lenoir, 2011, p. 217-219.
[12] J. Baradez, 1949, p. 125 A, n° 126.
[13] Lettre du capitaine Ferry du 11 mai 1943. J. Baradez, 1949, p. 119.
[14] A. Lebert, 1959, p. 8-11, qui précise : « un chantier de 20 hommes fut mis en place, en 1950, sous la surveillance de M. Picciochi, qui travailla 12 jours. »
[15] Voir une penture encore en place sur la porte d’un camp évacué peu avant 200, J.-P. Laporte, 1988, p. 72, pl. 5.
[16] P. Morizot, 2003, p. 70-71 et pl. 12, p. 88. M. Lenoir, 2011, p. 217, col 2, fig. 123.
[17]  A. Farges, 1901, p. 313, n° 24 (copie incomplète). J. Carcopino, 1925, p. 139 = Année épigraphique, 1926,146. M. Lenoir, Camp, 2011, p. 217 col 2.
[18] J. Bosco, 1919, p. 285.
[19] A. Lebert, « Recherches », 1959, p. 5.
[20] J. Carcopino, 1925, p. 43, corrigée par M. Lenoir, 2011, p. 218, col. 2.
[21] Année épigraphique 1923, 95-98, cf. infra, p. 000.
[22]  CIL VIII, 18026 et J. Carcopino, 1924, p. 319, et Id., VI, 1925, p. 45. J. Baradez, 1949, p. 119.
[23] M. Lenoir, 2011, p. 218, n° 1.
[24] CIL, VIII, 8780= 18016.
[25] J. Carcopino, «1924, p. 319, et Id., 1925, p. 42-45. Selon M. Lenoir, 2011, p. 218, n. 21, « les textes publiés au CIL (8780 et 18016) excluent absolument la restitution proposée par J. Carcopino : castellum hijvernum qujem ».
[26] Y. Le Bohec, 1989, p. 456 ; M. Lenoir, 2011, p. 2-19.
[27] Y. Le Bohec, 1989, p. 456.
[28] Commandant Toussaint, 1905, p. 58.
[29] J. Carcopino, 1925, p. 42 n. 2 « d’après le plan que j’ai relevé dans les archives du poste des Ouled Djellal ».
[30] Lettre du capitaine Ferry du 11 mai 1943.
[31] P. Morizot, 1996, p. 158.
[32]  « Mesurée de nouveau avec précision », A. Lebert, 1959, p. 9. Mais le plan comporte une erreur d’orientation de 90° et une erreur de proportions (voir note suivante).
[33] Constatant sur photographie aérienne que le rapport des côtés du fort était de 2 à 3, Baradez avait demandé à A. Lebert de faire mesurer très exactement ces côtés par l’architecte de l’Annexe. Il semble que, si le petit côté a bien été mesuré (83 m), le grand côté n’aurait que 125 au lieu de 129 m. A moins que ce ne soit le grand côté qui ait été mesuré exactement, auquel cas le petit aurait 86 m. Lettre de Baradez à L. Leschi du décembre 1952, p. 12, 2° c.
[34] M. Lenoir, 2011, p. 216.
[35] Y. Le Bohec, 1989, p. 486.
[36] Lettre du capitaine Ferry du 11 mai 1943.
[37] Lettre du capitaine Ferry du 11 mai 1943.
[38] J.-P. Laporte, 2010, p. 69-70.
[39] M. Lenoir (2011, p. 218, n. 20) a fait observer que les plans donnés par D. A. Welsby et E. Fentress, dont les sources sont il est vrai inconnues, « ressortissent plus de l’imaginaire que de l’observation archéologique ».
[40] Lettre de Ferry (juin 1943).
[41] Lettre de Baradez à L. Leschi du décembre 1952, § 2°d.
[42] Lettre du capitaine Ferry à L. Leschi du 28 avril 1943.
[43] Lettre du capitaine Ferry à L. Leschi du 11 mai 1943.
[44] A. Lebert, 1952, p. 11.
[45] Lettre de Baradez à L. Leschi du décembre 1952.
[46] M. Lenoir, 2011, p. 218.
[47] Lettre du capitaine Ferry, 1943. La partie orientale était recouverte par le tumulus dont nous parlerons plus bas.
[48] A. Lebert, 1959, p. 9. Pour rester possible, la datation byzantine proposée par A. Lebert sur la condamnation de la porte sud ne reposait sur rien de précis.
[49] Lettre de J. Baradez à L. Leschi du décembre 1952. La porte murée était en fait la porte occidentale.
[50] A. Lebert, 1959, p. 10-11 : «A l’occasion de travaux exécutés par le Service de la Colonisation et de l’Hydraulique nous avons demandé qu’une tranchée soit ouverte à proximité de cette porte [la porte sud]. Après exécution, on découvrit, à environ 6 mètres de profondeur, les restes d’une conduite bétonnée de 9 mètres de large (ou peut-être d’une citerne) orientée sensiblement vers le Nord. L’eau a été trouvée à la même profondeur, mais les travaux n’ont pas été poursuivis. Le problème de l’adduction en eau du fort reste donc à résoudre. » L’erreur d’orientation du plan, ïbid., p. 18. ne permet pas de bien comprendre cette description ; la « largeur » de 9 m non plus.
[51] P. Morizot, 1996, p. 158.
[52] Commandant Toussaint, 1905, p. 58.
[53] J.-P. Laporte, 2009, p. 49, fig. 15 (photo découverte par P. Morizot).
[54] Commandant Toussaint, 1905, p. 58 : « quelques bâtiments dont l’un situé près de l’enceinte du poste paraît de construction très soignée ; deux mosaïques ornementales ont été mises à jour. »
[55] J. Carcopino, 1925, p. 42.
[56] Nous ne savons pas ce que signifient les lettres A, B, C, D, E, J, K, renvoi probable à des détails non précisés dans les photocopies que nous avons consultées.
[57]  Y. Thébert, 2003, a donné un utile catalogue de plans de thermes. On peut rapprocher ceux de Sadouri, qui ne sont pas cités, des petits thermes de la maison de la chasse à Bulla Regia (pl. XXXVI, 3), de petits thermes de Columnata (pl. 74, 3 et 4), etc. Je remercie R. Hanoune de ces renseignements.
[58] Lettre de J. Baradez à L. Leschi du décembre 1952, § 1°.
[59] M. Lenoir, 2011, p. 218.
[60] St. Gsell (1911, XLVIII, 1) confirmé par des observations sur les lieux de J.-L. Ballais et des indications de G. Camps à partir de photographies aériennes du site. Cf. P. Morizot, 2003, p. 70-71, et pl. 12, p. 88, et Id, 1996, p. 153-159 (p. 158).
[61]  D’un point de vue strictement méthodologique, la photographie aérienne présentée ne peut assurer que le camp est antérieur aux bazinas. On pourrait imaginer que quelque scrupule religieux ait pu dissuader l’armée romaine de toucher à des monuments funéraires antérieurs. Outre que cela paraît lui prêter une délicatesse inhabituelle envers ceux qui étaient pour elles des barbares, le nombre et la superficie de ces bazinas et tumuli aurait considérablement gêné le fonctionnement journalier du camp.
[62] Voir notre interrogation sur une butte signalée au milieu du camp d’Aïn Grimidi, J.-P. Laporte, 2004, p. 448 et p. 447, fig. 3, o.
[63] Capitaine Ferry, Lettre du 11 mai 1943.
[64] Voir un tumulus dont la partie extérieure était bordée d’une unique ligne de blocs dans M. Lihoreau, DjorfTorba, nécropole saharienne antéislamique, éd. Karthala, 1993, p. 96-97.
[65] St. Gsell, 1911, f. 48, 02 : exploitation agricole et puits antique à section carrée.
[66] Lettre de J. Baradez à L. Leschi du décembre 1952, § 2, h. Nous n’avons aucune indication sur la nature et l’étendue de ses travaux.
[67]  A. Lebert, 1958, p. 137-138, et Id., 1959, p. 12-13. En 1949, A. Lebert entendit dire qu’une inscription avait été découverte une vingtaine d’années plus tôt, mais ne put la retrouver à la Commune Mixte de Biskra, A. Lebert, 1959, p. 13.
[68]        34°46’41 N ; 5° 10’50 E.
[69] Tout ceci reste bien sûr à vérifier au sol. Des tessons, sans doute de diverses époques, pourraient sans doute donner quelques idées de datation.
[70] Coordonnées du centre : 34°46’40.46”E ; altitude approximative : 252 m.
[71] A. Lebert, 1959, p. 13, et 1958, p. 137-138
[72] A. Lebert, 1959, p. 13. Baradez pensait pour sa part que le second puits était en fait une citerne. Lettre de Baradez à L. Leschi du décembre 1952, 2 , h.
[73] A. Lebert, 1959, p. 13. L’un des deux puits avait d’ailleurs été remis en service avant son séjour dans la région.
[74] A. Lebert, 1959, p. 13.
[75] Coordonnées au centre du camp : 34°46’33.27” N, 5°10’44.25” E. Altitude 248 m.
[76] A. Lebert, 1959, p. 4-5.
[77] St. Gsell, 1911, f. 48, n° 73; A. Cherbonneau, 1862, p. 159 ; P. Delattre, 1888-1889, p. 274-276 ; Commandant Toussaint, 1905, p. 58 ; J. Bosco, 1917-1918, p. 283-280. Doucen (dédicace à Gordien) ; J. Carcopino, 1923, p. 33-48. Id., 1924, p. 316-318, et 1925, p. 30-57. J. Baradez, 1949, p. 116 et photographies p. 123. A. Lebert, 1959, p. 4-5. E. Fentress, 1979, p. 85, n°5 (camp de l’Est). Y. Le Bohec, p. 455-456.
[78] II n’y a aucune raison d’y placer, comme l’avait proposé Müller (édition de Ptolémée, notes aux p. 740, 751, 753), Thoupas, Thouspa, que Ptolémée (IV, 6, 10 et 13) indique dans la Libye intérieure.
[79] Voir les quatre dédicaces commentées infra.
[80] Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, trad. de W. McGuckin de Slane, III, p. 459 ; autre récit du même fait, ibid. IV, p. 384.
[81] Léon l’Africain, 1981, p. 441-442.
[82] Aucun témoignage solide ne vient confirmer ce qui apparaît comme une légende locale.
[83]  CIL 8779 =17988, CIL 17989. J. Carcopino, 1923, p. 33-48 = Année épigraphique, 1923, 95 à 98; Id. 1924, p. 316-318, et 1925, p. 32-33.
[84] Sur T. Iulius Antiochus, cf. Y. Le Bohec, 1989, p. 126.
[85] M,p. 455-456.
[86] Y. Le Bohec, 1989, p. 456.
[87] Les parallèles proposés par J. Carcopino étaient CIL VIII, 9047 et 22602, et ILS 5955. Ils ne paraissent pas vraiment pertinents.
[88] H. Mattingly, E. A. Sydenham, Roman Impérial Coinage IV, 3, 1949, p. 4 (238-239), 5 (239-240), 6 (241-243) et 7 (243-244), pour Année épigraphique, 1923, 95, 96 et 98.
[89] Année épigraphique, 1923, 97.
[90] On voit mal les militaires français, alors qu’ils avaient à leur disposition des blocs en abondance à l’emplacement même du bordj, aller chercher des inscriptions fragmentaires et difficilement lisibles à plusieurs kilomètres de là pour les remployer aussitôt comme de simples moellons, sans leur accorder une place d’honneur.
[91] CIL VIII, 17990-5.
[92] R. Cagnat in Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques et scientifiques, 1899, p. CLXXIII (copie Muraccioli).
[93] Doucen, Carte de l’oasis au 1/10 000e levée par le lieutenant Nayel, en 1909. Bibliothèque nationale, Cartes et Plans : GE DD-2447.
[94] J. Baradez, 1949, p. 116 ; la référence donnée à une « Photo B, p. 119 » est fausse.
[95] P. Delattre, 1888, p. 274.
[96] Ibid., p. 215.
[97] Coordonnées au centre du bordj moderne : 34°36’07.14” N, 5°06’25.92 E, altitude 180 m environ.
[98]  St. Gsell, 1911, f. 48, 73. D’après commandant Toussaint, 1905, p. 88 : « Le bordj actuel paraît avoir été élevé sur les substructions de l’ancien castellum, et doit en reproduire à peu près exactement le tracé. »
[99] Lettre de J. Baradez à L. Leschi du décembre 1952, 2°a.
[100] J. Baradez, 1949, p. 116.
[101] A. Cherbonneau, 1862, p. 152; R Delattre, 1888-1889, p. 274 ; commandant Toussaint, 1905, p. 58.
[102] L’endroit a été occupé depuis par des constructions du village moderne.
[103] R Delattre, 1888, p. 276. St. Gsell, f. 48, 73.
[104]  CIL VIII, 17994, (d’après R Delattre, 1888, p. 276) : D(is) M(anibus) / Edinius /Restutus / C. Q.[— vji /xit an(nis) L.
[105] J. Baradez, 1949, p. 116.
[106] Ibid., 1949, p. 116 et photo A p. 123.
[107] Coordonnées approximatives ; 34°36’11.11”N ; 5°07’92 ”.
[108] E. Fentress, 1979, p. 185, n° 5.
[109] J. Baradez, 1949, p. 116.
[110] Ibid., 1949, p. 116.
[111] Voir A. Lebert,1959, p. 15, planche n° 4.
[112] Ibid., p. 14, fig. 4.
[113]  Ibid., p. 15. Le centre de la butte, qui porte de nombreuses traces d’interventions humaines, notamment récentes, se trouve sur Google Earth en 34°34’57.60 N, 5°03’30.08 E.
[114] Ibid., p. 15.
[115] Ibid., p. 15, fig. 4.
[116] Lettre de J. Baradez à L. Leschi du décembre 1952, 2°, j.
[117] Nous ne savons pas quelle était cette inscription, dont Baradez ne semble pas avoir parlé. Les fragments découverts au cours des fouilles furent déposés par A. Lebert au siège de la Commune Mixte. A. Lebert, 1959, p. 14.
[118] A. Lebert, 1959, p. 15. Site inconnu de VAtlas. La carte au 1/200 000e portait le sigle RA (ruine arabe). La carte au 1/100 000e type 1956 Ouled Djellal ne porte plus que le nom Bordj ed-Diab. Il pourrait s’agit d’une ruine en fort relief visible sur Google Earth aux coordonnées suivantes : 34°30’10.69 N, 4°46’55.35 E.
[119] Lettre de Baradez à L, Leschi du décembre 1952, 2°, k.
[120] St. Gsell, 1911, f. 48, 80. Oasis des Ouled Djellal.
[121] A. Lebert, 1959, p. 5.
[122] St. Gsell, 1911, f. 48, 80 : « II n’y a pas de vestiges romains dans cette oasis : P. Delattre, p. 273. Sauf peut-être quelques matériaux anciens, employés dans des barrages modernes entre les Ouled Djellal et Sidi Kraled (Verdier, apud. St. Gsell, 1902, p 119), on ne trouve pas non plus de R. r. en amont : A. Blanchet, in Bulletin du Comité des Travaux historiques et scientifiques, 1898, p. CXLI, et 1899. p. 14.1 ; Juillet, Enquête sur les travaux hydrauliques, 1902, p. 118. Les Romains n’ont pas occupé le pays rocailleux et raviné qui s’étend à 1 ’O. de notre n° 80. »
[123] P. Delattre, 1888, p. 273 ; A. Blanchet, 1899 p. 141 ; Lieutenant Verdier, apud St. Gsell, 1902, p. 121 ; J. Baradez, p. 119, 124 et 329-330.
[124] P. Delattre, 1888, p. 273.
[125] P. Averseng, 1936, p. 862 (médiocre cliché du fortin), et lieutenant Piéchon, 1936, p. 1395 (vue plus large du site).
[126] J. Baradez, 1949, p. 119 et photo A, p. 124.
[127] P. Salama, « Quelques incursions », 1991, p. 95.
[128] St. Gsell, 1911, f. 48,27.
[129] Ibid., f. 48, 9.
[130] Dans la mosquée de Sidi Khaled, une trappe donnerait accès à des pièces souterraines (citernes ?), dont l’existence et l’ancienneté seraient à vérifier.
[131] Nous utilisons ici une photocopie non référencée d’un article du capitaine Ferry, aimablement fournie par A. Lebert. Nous n’avons pu retrouver la publication d’origine.
[132] Chouhoud el-Batin, antique Abitina. Cf. A. Beschaouch, « Sur la localisation d’Abitina, la cité célèbre des martyrs africains », Comptes rendus des Séances de VAcadémie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1976, p. 255-266.
[133] II serait prématuré d’y voir l’un des exilés de la persécution vandale, idée émise de manière aventureuse par A. Lebert, 1990, p. 77.
[134] Les Sept Dormants d’Éphèse, martyrs chrétiens de la persécution de Dèce, sont mentionnés dans la sourate XVIII du Coran, dite de la Caverne, et ont été conservés de ce fait dans la tradition musulmane. De nombreuses légendes les placent un peu partout en Afrique du Nord. Cf. une liste sommaire dans J.-P. Laporte, 2009, p. 119-121.
[135]  Coordonnées du Kef lui-même : 34°29’32.66 N, 5°14’03.61 E. Nous n’avons pu retrouver la ferme fortifiée sur Google Earth. Le site décrit par A. Lebert pourrait être identifié au n° 77 de l’Atlas, feuille 48, sans que cela soit certain compte tenu de l’imprécision des localisations.
[136] Capitaine Fraisse, 1947.
[137] Lettre du capitaine Ferry, du 2 décembre 1943. A. Lebert, 1959, p. 11-12 et 19.
[138]  II est construit en pierres de gros appareil, reliées par du ciment avec « harpes » à distances régulières et des murs de blocage assez bien conservés. A. Lebert, 1959, p. 11.
[139] A. Lebert, 1959, p. 11.
[140] Lettre du capitaine Ferry, du 2 décembre 1943.
[141] A. Lebert, 1959, p. 11.
[142] 1,80 m et 20 cm pour A. Lebert, p. 22.
[143] Capitaine Ferry, Lettre du 2 décembre 1943. Cf. aussi A. Lebert, 1959, p. 22.
[144] Lettre du capitaine Ferry, du 2 décembre 1943.
[145] A. Lebert, 1959, p. 22.
[146] Ibid., p. 11.
[147] Capitaine Ferry, lettre du 2 décembre 1943, p. 11.
[148] Capitaine Ferry, lettre du 2 décembre 1943.
[149] A. Lebert, 1959, p. 11-12.
[150] Ibid., p.ll.
[151] Lettre de Baradez à L. Leschi du décembre 1952, § 2°b et g.
[152] On retrouve ici l’une des difficultés des travaux de Baradez : faute d’examen de terrain, nombre d’établissements ont été attribués peu ou prou à l’époque du limes, alors qu’ils peuvent ressortir d’une chronologie beaucoup plus large.
[153]  II pouvait s’agir de Maures rebelles ou indépendants tout autant que de Maures soumis, l’archéologie ne permettant pas de connaître leur situation, qui pouvait d’ailleurs fluctuer.
[154] Je remercie P. Trousset de m’avoir remis une photocopie d’une note de J. Soyer sur laquelle figure cette trace linéaire (non retrouvée à ce jour sur Google Earth).
[155] L. Leschi, in F asti archeologici, IV, 1949, n° 3965. Le « gros centre habité » pourrait être la ville fortifiée à l’est des Ouled Djellal (ici, n° 6).
[156] St. Gsell, 1902, p. 118-126.
[157] Un examen d’ensemble a déjà été donné par J. Napoli, X. Boniface, 2000.
[158]  Signalons par exemple les nombreux vestiges signalés en 1902 le long de l’oued Djedi par les lieutenants Verdier et Juillet (apud St. Gsell, 1902) dont des dispositifs hydrauliques et des barrages, mais aussi des enceintes non datées (ainsi en 34°29’46.70”N, 5°14’51.09” E).

Bibliographie :

Nous donnons ici la bibliographie développée par ordre chronologique, qui rend mieux compte du progrès des connaissances.

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  • 118, n° XXXIV, « Vallée de l’oued Djedie (sic) », lieutenant Juillet ;
  • 119-123, n° XXXV, « Reconnaissance des rives de l’oued Djedi de Sidi Khaled à Lioua », lieutenant Verdier ;
  • 124-126 « Note complémentaire », lieutenant. Verdier (Seguia Bent el Khras).

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Y. Thebert, 2003, Les thermes romains d Afrique et leur contexte méditerranéen. Etudes d’histoire et d’archéologie, Rome, École française de Rome, 733 p.

J.-P. Laporte, 2004, « Trois sites militaires sévériens en Algérie moyenne : Grimidi, Tarmount (Aras), El-Gahra», in L’Africa romana XV, Ai confini dell’impero: contatti, scambi, Atti dell XV convegno di studio, Tozeur, 12-15 dicembre 2002, Rome, p. 439-478.

—, 2009, « Armée et urbanisme : quelques sites militaires antiques d’Algérie moyenne (est de la Maurétanie césarienne, ouest de la Numidie) et leur devenir », in Armée romaine et urbanisme sous le Haut-Empire, Lyon, 2008, p. 22-53 : Rapidum, Thanaramusa, Auzia, Usinaza, Ain Grimidi, Galaxia, Tatilti, Aras (médiévale Hâz, aujourd’hui Tarmount), Zabi, El Gahra, Ain Rich, Castellum Dimmidi, Sadouri, Camp « du confluent » (près de Biskra).

M. Lenoir, 2011, Le camp romain. Proche-Orient et Afrique du Nord, Bibliothèque des École françaises de Rome et d’Athènes, 345, 439 p. (p. 217-219 : Sadouri).

Bassem ABDI

Passionné d'histoire, j'ai lancé en 2013 Asadlis Amazigh, une bibliothèque numérique dédiée à l'histoire et à la culture amazighe ( www.asadlis-amazigh.com). En 2015, j'ai co-fondé le portail culturel Chaoui, Inumiden.

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