Politique

Saci Abdi : « Il n’y aura pas d’officialisation effective de Tamazight sans une véritable volonté politique »

M. Saci Abdi , l’un des figure de proue de la revendication identitaire dans l’Aurès , a participé aux célébrations du Yennar 2966 de Kaïs . Il a donné une conférence sur le thème : “Les berbères et le Nil” .
Il réponds dans cette interview aux questions du portail culturel chaoui .

-Dans l’avant-projet de révision constitutionnelle, tamazight a été promue langue officielle. Est-ce que vous pensiez que cette officialisation va permettre enfin l’essor de cette langue ?

Tamazight a connu plusieurs mutations, passant de l’expression d’une culture traditionnelle à l’expression d’une civilisation moderne, d’une langue exclusivement orale à une langue enseignée. Sa mise à niveau devient donc nécessaire.
Pour ce faire, elle doit être standardisée en respectant toutes les richesses de ses régiolectes. Ainsi unifiée, elle pourra être enseignée à travers toute l’Afrique du Nord.
L’académie berbère de chaque pays doit se charger de la recherche linguistique, en dictant des règles de généralisation et d’utilisation de cette standardisation convergente.


-D’aucuns pensent qu’il y a une hiérarchisation évidente dans la mouture de la constitution. Alors que l’arabe est langue officielle de « l’Etat », tamazight, est simplement langue nationale et officielle. Partagez-vous cet avis ?

Tout dépend des convictions des uns et des autres. Si le pouvoir ne vise derrière cette officialisation qu’une manœuvre politicienne face à un front social en ébullition et une situation économique instable, cette officialisation ne sera qu’un cautère sur une jambe de bois.
L’Etat doit allouer des budgets appropriés aux différents champs d’intervention. Il n’y aura pas d’officialisation effective de Tamazight sans une véritable volonté politique.

-Sur tout le territoire de la wilaya de Khenchela, il ne reste qu’une seule enseignante. Pensez-vous qu’il existe une réelle volonté politique pour promouvoir cette langue dans l’Aurès ?
Aujourd’hui nous constatons le handicape d’enseignement de tamazight au niveau national et la disparité de la scolarité dans cette matière de l’aveu même du HCA. Cette institution reconnait que le nombre d’élèves qui apprennent Tamazight est concentrée à 92% en Kabylie, alors que l’Aurès et le reste de l’Algérie ne représente que 2,5 %. Cela est dû à beaucoup de facteurs, politiques et culturels et aussi de budgets et d’intérêt qui diffèrent d’une zone à une autre.

– La nouvelle mouture de la constitution, annonce la création d’une académie ‘’ chargée de réunir les conditions de promotion de Tamazight’’. Est-ce un aveu de l’échec du HCA que l’Etat lui assignait le même rôle ?
L’académie est indispensable pour la concrétisation de toute opération d’institutionnalisation et d’officialisation. Les critères qui devraient présider aux choix de cette académie doivent être bien étudiées, l’absence de ces critères scientifiques était à l’origine de l’échec du HCA.
Si ces conditions de sont pas réunit, alors cette l’officialisation n’est qu’une manœuvre politicienne pour apaiser les esprits, et d’ôter au mouvement culturel berbériste l’un de ces arguments majeurs qui est l’officialisation de Tamazight, et ce pour gagner un peu de temps.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page