La légende de la femme de neige, Thamatuth n-wedhfel

Les habitants de la ville de Kaïs et ceux de la plaine de R’mila sont familiers de ce tableau. La neige qui tombe chaque année au début de l’hiver sur la montagne qui surplombe la ville dessine clairement le visage d’une femme.
Qui est cette Thamatuth n-wedhfel (la femme de neige) ? D’après la légende locale cette figure féminine n’est autre que Dihya (la Kahina) , la reine berbère.
En 686, sur les bords d’Ighzar Nini (Oued Nini) près de Meskiana, la reine berbère Dihya qui a repris le flambeau de la lutte contre les Arabes après la mort d’Aksel (Koceïla) harangue ses troupes. L’armée de Hassan ibn al-Nu’mān est de l’autre côté de la vallée. Au point du jour on vient aux mains, l’avant-garde berbère obtint les premiers succès et, après une lutte acharnée, les Arabes furent enfoncés de toutes parts et mis en pleine déroute. Hassan avec les débris de ses troupes, prit la fuite vers l’est, poursuivi par l’épée dans les reins jusqu’à Gabès : il ne s’arrêta que dans la province de Barka où il s’établit dans des postes retranchés qui reçurent son nom : Kossour Hassan.
En 702/703 Ibn al-Nu’mān recouvre ses forces, réclame et reçoit des renforts armés que le calife Abd al-Malik vient de lui envoyer et reprend l’offensive. Il se heurtera à l’armée berbère commandée par Dihya dans la plaine de R’mila à une vingtaine de kilomètre de Baghaï , d’après certains historiens.
Après une résistance héroïque, l’armée auressienne est vaincue. Entrainée dans la déroute, la reine des Aurès fut tuée par les Arabes et son corps jeté dans un puits.
D’après la légende locale, le visage triste et mystérieux de la reine berbère, s’est réincarné alors sur la montagne en face de la plaine qui a vue sa défaite. Et depuis ce jour, la figure de l’illustre reine, n’a pas cessé de fixer cette plaine de R’mila de son regard impassible de glace.

Jugurtha Hanachi