Peinture&Sculpture

L’exposition artistique «Thingawsiyine»

Thingawsiyine « N’gaoussiette » est une exposition en hommage à la femme qui m’a mise au monde, aux femmes de ma région natale à l’image de la Chahida Meriem Bouatoura et qui sont mes premiers exemples de femmes. Et enfin aux femmes de mon pays qui ont formé l’algérien, avec leurs mains, elles ont nourrit, elles ont cousu, elles ont soigné, elles ont cultivé la terre pour nourrir les hommes, elles ont porté les armes aux côtés de leurs compatriotes et elles ont même sacrifié leurs vies pour construire l’Algérie libre et rayonnante.

S lâadjar (avec el aadjar), elles ont redessiné leurs visages en dentelles, brodé finement en motifs d’avers et de revers sur un satin blanc en ton sur ton. Une composition harmonieuse : du fil sur le tissu accentue les traits de leurs pudeurs, rhabille leurs êtres et prend corps. Comme ces nuages qui couvrent l’immensité du ciel, Elles ne se cachent que pour bien montrer une bonté et une beauté aux proches chers. Elles sont bien gardiennes du fruit interdit pour en constituer le monde, mine de rien, à leur manière.

En bouquet, elles sont goulûment cueillies. En Thirahabine (Rahabattes), elles se regroupent en cœurs pour des labours et des moissons, pour des mariages et des circoncisions. Elles chantent a cappella leurs douceurs en va et vient, comme elles ponctuent les cris gutturaux de leurs colères en tapant avec force de cheval des pieds et font résonner leurs Ikhelkhalen (khalkhals) jusqu’à soulever les montagnes et secouer la terre.

Le jour, elles sont fleurs dans les champs et la nuit elles sont vibrantes à la pleine lune. Le jour, elles ne s’arrêtent pas de travailler et la nuit, elles partagent leurs visites chez les unes et les autres qui leurs portent conseils. Le jour, elles nourrissent leurs familles et la nuit elles tissent au quinquet les couvertures chaudes des prévoyances et les abris de leurs Iqidhan (khaïmattes) d’avenir. Elles se ressourcent le jour pour illuminer la nuit.

Gazelles, elles le sont. En regard éveillé, vigilantes au moindre mouvement du vent, du souffle, elles faufilent en arabesques pour rythmer le chemin de leur vie. Elles se bercent sur les courbes accordées. Elles s’arrêtent sur les points déterminés et elles atteignent les sommets élevés. Elles ne suivent la ligne droite que pour redresser et construire.

La flore se fertilise aux touchers de leurs mains de fées, peignant et étalant ainsi les verts camaïeux et paradisiaques sur les terres vierges. Tout pousse, tout grimpe, tout s’épanouit, tout se fructifie. Elles rehaussent la beauté divine, nourrit les animaux et assouvit les hommes. La faune se multicolore aux tendresses de leurs cœurs, peignant toutes les couleurs de la lumière sur les ailes en vol. Tout bat, tout toit, tout tapisse, tout tendresse. Les battements des ailes ravitaillent l’air, comme un éventail dentelé le pompe et le remplissent avec le souffle des montgolfières en quêtes d’aventures, de découvertes et de liberté. Et l’air se réjouit de leur mélodieuse danse.

De leurs sens, elles sont tout ouïes, à l’écoute intense des chuchotements de l’existence. Un secret est soigneusement gardé, un malheur est amèrement endeuillé, une douleur est délicatement atténuée, une plainte est habilement résolue, un conseil est sincèrement apporté, des gestes sont précipitamment tendus, des mets sont abondamment  partagés, un bonheur est honorablement fêté. Tout est entendu jusque dans nos profonds silences.

Silencieuses, elles le sont. Leurs paroles sont transcrites avec la terre glaise façonnée en silhouettes gracieusement féminisées. En ifagguen (tagines) ovoïdes alimentant les appétits, accomplissant les êtres et satisfaisant les esprits. Face aux métiers à tisser, leurs langages sont composés et dessinés avec des fibres fragiles mais combien solides aux croisés. Signes et symboles se dégagent, et immortalisent à travers le temps le sens de leur vie et leurs quêtes d’existence. Une fois le tissage fini, tout est pliés et conservés comme une enveloppe contenant des lettres historiquement messagères prêtes à être posté pour les générations futures.

Rien n’échappe à leurs yeux de lynx. Avec perspicacité, tout ce que la nature leur offre est exploré, tout est magiquement transformé. La terre, l’eau, l’air et le feu deviennent leur outil de travail. Biologiquement et naturellement, elles restent pures. Avec la terre, elles donnent vie. Avec l’eau, elles l’attendrissent et la rendent malléable et prête à toute transformation. Avec l’air, elles lui donnent le souffle de la continuité. Avec le feu, elles l’affermissent et la renforcent contre le temps.

Leçon de vie, elles la donneront. D’arrache-pied, elles se décollent du sol et défaillent les lois de la gravité. Elles butinent les offrandes de la nature et comme une fourmilière s’organisent avec un effort disproportionné à leurs corps. Du dialogue, elles feront des échanges généreux et productifs. Leur point de vue est prit en considération, elles se feront entendre sans bâton ni satellite et le monde devient village à leur sens. Pour une relation positive et une communication réussie, elles savent que les répondants ne se font pas sans écouter. Et tout deviendra positif, consciencieux, disponible, faible et dynamique pour s’enrichir d’une situation d’empathie. Visionnaires, Elles savent croiser les points communs pour retrouver en perspective leur bout de chemin. Rationnelles, elles maîtrisent cette philosophie en confrontant la peur du narcissique qui se prend pour le centre du monde et du défensif qui se prend pour le roi de la jungle. Tout est calculé d’une façon optimale pour additionner ses préférences au bien communal.

Djahida HOUADEF

Parcours de Djahida Houadef :

Djahida Houadef
Djahida Houadef

Artiste peintre plasticienne, née le 1er Avril 1963 à N’Gaous (Hbathent/Batna). Certificat d’enseignement artistique général (C.E.A.G), option céramique, juin 1986. Diplôme national d’études des beaux-arts (D.N.E.B.A), option céramique, juin 1987. Diplôme d’études supérieures artistiques ( D.E.S.A), option peinture, mention très bien, juin 1994.

A longtemps pratiqué le métier d’enseignement d’art dans les lycées de la capitale et les écoles privées. A animé un atelier d’art plastique pour enfants au Musée National des Beaux-arts, de 1987 à 2011. L’artiste a développé un style axé sur l’usage de la couleur franche et du motif inspiré de la nature et de la vie traditionnelle.

Expositions Personnelles

– “Femmes”, Palais du Peuple, 1989.

– “Couleurs”, Cercle Frantz-Fanon. Ryadh El Feth, 1993.

– “Chrysalide”, Villa 17. Hydra, Alger, 1999.

– “Caçassettes”, Palais des Raïs, 2003.

– “Fragment Pictural”, Cercle Frantz-Fanon. Ryadh El Feth, 2006.

– “Nature Morte”, Palais des Raïs, 2010.

– “Chadjara”, Galerie Baya, Palais de la culture, 2011.

– “N’gaoussiette”, Musée National Ahmed-Zabana, Oran, 2012.

– “N’gaoussiette”, Palais Des Raïs, 2013.

– “Souffle englouti”, Musée National Cirta, Constantine, 2013

– “Réa”, Galerie Asselah-Hocine, Alger, 2013.

– “Ailleurs”, Galerie Art And Soul, New Jersey, U.S.A. 2014

– “Offrande au pays du cèdre”, Dar Abdelatif, Alger, 2015

 

Expositions Collectives

* Salle Ibn-Khaldoun, Alger, 1986

* Centre Culturel Soviétique, Alger, 1986

* Centre Culturel de la wilaya d’Alger, 1987

* Théâtre de verdure, Alger, 1989

* 2ème Biennale internationale des arts plastiques, Alger, 1989

* “Peintres – Femmes de Baya à Nadia”, M.N.B.A,  Alger. 1992

* 1ère Biennale internationale des arts plastiques, Sharjah, E.A.U, 1993

* “La méditerranée des femmes”, à l’université des sciences et technologie de Lille, France, 1995

* 1er Salon d’Automne des Arts plastiques, Hôtel Sofitel, Alger, 1995

* 1er Salon du Printemps, Masseret, Limoges, France, 1997

* “Jeunes Peintres”, Musée National Des Beaux-arts, Alger, 1997

* Salon de la Peinture Contemporaine, Constantine, 2001

* “Cimaises à Sonatrach”, siège de la SONATRACH, Alger, 2002

* “Couleurs d’Algérie”, Centre Culturel Saint-Jérôme, Toulouse, France, 2003

* “Croisée Alger-Le Creusot – Dijon”, France, 2005

* 19ème Festival International de Maharès, Tunisie, 2006

* 3ème Festival “Créatrices de femmes des deux mers, du méditerranéen et de la Mer    Noire” sur le thème “Femme et tradition” Thessalonique, Grèce, 2006

* 1er Festival Magrébins d’Arts Plastiques, Oujda, Maroc, 2007

* 1er Salon National des Arts Plastiques, Biskra, 2007

*  Concours national d’Art Plastique pour le prix “El Guentas”, Djelfa, 2007

* 2ème Salon National des Arts Plastiques, Oum-El-Bouaghi, 2008

* “La Méditerranée qui nous unit”, Mataró, Barcelone, 2009 

* “Je te peins, tu m’étreins. Je t’étreins, tu me peins”, en duo avec A.I.L. Dokman, Théâtre de verdure, Alger, 2009

* 2ème Salon National des Arts Plastiques, Biskra, 2009

* 8ème Festival International des Arts Plastiques, Fès, Maroc, 2010

* Festival Culturel National de la poésie Féminine, Théâtre de Constantine, 2011

* 3ème Salon National des Arts Plastiques, Oum-El Bouaghi, 2011

* “Florilège impromptu”, Musée National des Beaux-arts, Alger, 2011

* Exposition “Yennayer”, Guelma, 2012

* “Le peintre algérien et la guerre de Libération”, Musée National des Beaux-arts, 2013

* “Equinoxe féminin”, Musée National des Beaux-arts, 2013

* “Papier et Peinture à l’eau”, en duo avec Safia Zoulid, 2014

Distinctions

2ème Prix, Salon de la femme peintre, Théâtre de Verdure, Alger, 1992.
3ème Prix, Salon des Arts Modernes, Théâtre de Verdure, Alger, 1995.
3ème Prix, Salon de la Peinture Féminine. Théâtre de Verdure, Alger, 1997.
3ème Prix, Grand Prix de la peinture Algérienne. Théâtre de Verdure, Alger, 1999.
2ème Prix, Hommage à Aïcha Haddad. Théâtre de Verdure, Alger, 2002.
2ème Prix, « El Guentas » Maison de la Culture, Djelfa, 2007.

Bassem ABDI

Passionné d'histoire, j'ai lancé en 2013 Asadlis Amazigh, une bibliothèque numérique dédiée à l'histoire et à la culture amazighe ( www.asadlis-amazigh.com). En 2015, j'ai co-fondé le portail culturel Chaoui, Inumiden.

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