Préhistoire

Aux Origines de l’Afrique du Nord Amazighe

SYNOPSIS

Cette nouvelle fresque historique vient s’ajouter aux recherches entreprises antérieurement sur les sociétés amazighes d’Afrique du Nord. Ce texte établit donc un lien complémentaire avec les articles précédents consacrés aux Grecs, aux Puniques, aux Numides. En évoquant les origines préhistoriques, on comble ainsi une période allant des origines à la conquête romaine après la destruction de Carthage. Il manque encore à ce vaste tableau, une étude sur l’arrivée des Hébreux en Afrique du Nord. Ce thème sera l’objet d’un prochain travail de recherche.

Toutes les considérations préhistoriques sur le Maghreb demeurent en général assez floues. Non pas qu’elles ne soient pas connues, mais d’une part elles sont l’œuvre de spécialistes, s’entourant souvent  d’une opacité technique inhabituelle aux profanes ; et d’autre part, elles apparaissent souvent de manière fragmentée, comme s’il s’agissait d’un puzzle à reconstituer. Cette dernière remarque nous a d’ailleurs été confiée par un jeune archéologue tunisien, affirmant qu’il n’avait souvent pas le temps d’apprécier les éléments du puzzle dans son ensemble.

Pourtant, il ne faudrait pas oublier de rendre hommage à deux spécialistes du sujet qui se sont efforcés de diffuser amplement ce savoir, de manière claire et circonstanciée, tout au long de leur carrière : il s’agit de l’anthropologue Gabriel Camps (1927-2002) et de l’ethnologue Jean Servier (1918-2000). L’analyse proposée s’en inspire très largement, en y ajoutant les toutes dernières découvertes venues bouleverser nos connaissances sur la Préhistoire nord-africaine.

Le texte évoque l’Atériens (l’homme de Bir el-Ater), les Ibéromaurusiens (l’homme de Mechta el-Arbi), puis l’arrivée des Proto-méditerranéens (Capsiens) qui chasseront les ‘Éthiopiens’ au sud d’un territoire saharien encore dépourvu d’aridité. Il permettra de mieux distinguer ces peuples libyques qui, des Guanches des Canaries, aux Garamantes du Fezzan et aux nomades Gétules, forment la trame du peuple Amazigh contemporain. Ce fil conducteur permettra d’évoquer aussi la faune africaine d’alors, l’arrivée du cheval barbe au nord du continent, l’utilisation de chars à deux ou quatre chevaux, l’existence du cyprès saharien (Cupressus dupreziana), ou comment les Éthiopiens peuvent être les ancêtres potentiels des Toubous ou des Peuls. Cet enchaînement établi est aujourd’hui, semble-t-il, élargi dans une existence préhistorique beaucoup plus ancienne qu’on ne le pensait. Le site marocain de Djebel Irhoud fait entrer en scène un Homo Sapiens encore plus vieux de 100,000 ans et le site algérien d’Aïn Boucherit parle d’hominidés aussi vieux que ceux d’Éthiopie. L’héritage amazigh ne cesse de nous surprendre. C.S.

ABSTRACT

This is a new historical account completing the former research papers on the Amazigh peoples of North Africa. The current article adds a new scope to the previous studies on the Greeks, the Phoenicio-Punics and the Numidians. The addition of the prehistoric roots fills a historical gap and fulfills the timeline from the origin to the destruction of Carthage that fostered the Roman conquest Yet, another link on the Hebrews heritage in North Africa needs to be added. However, this will be the theme of the next research paper..

When one considers reading about the Prehistory of the Maghreb, it often remains unclear. There is no lack of information, but on the one hand they are reported by professionals, whose language is not always accessible to everyone’s knowledge; and on the other hand, the reports are usually fragmented as if they were one piece of a jigsaw puzzle waiting to be completed. As a matter of fact, the latest remark has been a concern expressed by a young Tunisian archaeologist that confided that he often had no time to consider the puzzle in all.

However, the memory of two exceptional scientists in this field needs to be revived. Two men, who have strived to spread widely their knowledge in a clear and precise manner during their life-time: Gabriel Camps (1927-2002), an anthropologist, and Jean Servier (1918-2000), an anthropologist. The current paper makes frequent references to them, and more particularly to the first, whose latest work on the ‘Berbers‘ was recently published by Actes-Sud editions. It was obviously completed by also adding the latest archaeological discoveries that hav completely changed our knowledge on the Prehistory of North Africa.

The proposed article talks about the Aterian industry (Man of Bir el-Ater), of the Iberomaurusian (Man of Mechta el-Arbi), then presents the arrival of the Proto-Mediterranean, who will push back the ‘Ethiopians’ further south in the Sahara, which is not yet a desert. Hopefully, the account will permit to make a clear distinction between the ‘Libyans’, who from the Canary Guanches to the Fezzan Garamantes , or to the Getule nomads, are the true ancestors of the Amazigh peoples of today. This evocation will also leave room to mention the antique African animal population, to consider a new horse species freshly arrived (the barb horse of North Africa), the use of the two- or four-carriages, the existence of a Saharan cypress  tree (Cupressus dupreziana), or how the Ethiopians are considered to be the potential ancestors of the Tubus or the Peuls. Today, this historical chronology seems to stretch on a much longer period of time revealing a prehistoric span much older than previously thought. The Moroccan site of Jebel Irhoud suddenly presents an Homo Sapiens 100,000 years older, whereas the Algerian archaeological site of Aïn Boucherit reveals hominids as old as their Ethiopian counterparts.

An account that reveals that the Amazigh heritage remains a relentless surprise ! C.S.

Quand on se penche sur le lointain passé de l’Afrique du Nord, on s’appuie nécessairement sur ce que l’anthropologie a pu découvrir et expliquer. On est donc confronté aux analyses scientifiques faites à partir d’ossements humains, d’animaux, voire d’objets divers retrouvés dans des sépultures. La datation au Carbone 14, et plus récemment celle de la thermoluminescence, permettent d’établir des périodes dans certains conditions favorables.

Dorénavant aussi, les avancées de la biologie utilisent l’ADN mitochondrial (lignée maternelle) ou la génétique sur le chromosome Y (lignée mâle). C’est ainsi qu’une étude génétique, faite en 2009 sur des momies guanches aux Canaries, a permis de confirmer l’origine berbère de la population autochtone.

L’archéologie intervient dans des périodes plus récentes lorsqu’on se trouve en présence de gravures ou de peintures rupestres. Ces dernières ont une fonction de message symbolique. Il s’agit en quelque sorte d’une forme ancestrale du pictogramme, à l’origine de certaines écritures, sumérienne, égyptienne, chinoise, et même libyque puisque les origines de cette dernière écriture restent encore incertaines.

On voit donc comment, au fil des âges, on passe lentement d’une période préhistorique à celle d’une protohistoire annonciatrice de l’Histoire, dont l’écriture et le développement social de la cité sont les clés, du moins selon les critères actuels.

La considération préhistorique suscite deux remarques majeures.

La première repose sur un consensus scientifique universel s’accordant à situer les origines de l’Homme dans la zone périphérique du Rift africain. Il faut tout même préciser à cet égard, que l’on pensait que les premiers Homo Sapiens venaient de l’Afrique de l’Est, il y a 200 000 ans et étaient sortis d’Afrique, il y a 120 000 ans.

Malgré tout. une remarque apparaît alors au regard des dernières découvertes et de l’utilisation de techniques de précision des datations – quand elles sont possibles. En d’autres termes, ce sont des données, susceptibles d’être remises en question. Cela peut donc avoir une influence sur  l’échelle chronologique dans des limites inconcevables jusqu’alors.

Ainsi, la datation concernant le site marocain du Djebel Irhoud fait-elle reculer le lointain héritage de l‘Homo Sapiens de 100 000 ans[1]. Non seulement, l’âge de l’homme moderne date dorénavant de 300 000 ans, mais il remet en question son origine purement est-africaine en l’étendant au nord-ouest du continent.

Toutes les recherches entreprises sur l’Afrique du Nord illustrent donc ces observations précédentes, en obligeant à recadrer les données, comme c’est le cas du site de l’Homo Sapiens du Djebel Irhoud.

Quand on se penche sur l’origine du peuplement du nord de l’Afrique, plusieurs questions viennent à l’esprit.

  • D’où sont venus les premiers hommes et à quelle période ?
  • Comment a pu s’opérer l’évolution ?
  • Y-a-t-il des éléments indicateurs d’une culture autochtone ?
  • Comment a-t-il été possible à ces hommes d’aller, par exemple, jusqu’aux îles Canaries (les Guanches [ⵉⴳⵡⴰⵏⵛⵉⵢⵏ- Igwanciyen,], étant d’origine amazighe) ?

Pour tenter d’apporter des réponses à ces questions, il faut donc déblayer un certain nombre de renseignements recueillis principalement par l’anthropologie, l’ethnologie, la biologie et la linguistique, parfois aussi grâce à la toponymie.

Le sujet des conditions physiques et géographiques.

Cette première considération n’est pas toujours faite de façon très claire. Or la simple étude d’une carte permet parfois d’illustrer quelques particularités physiques et de répondre en partie à certaines questions migratoires.

  1. Géographie. Voici ce que révèle ce qu’on appelle de nos jours la géopolitique.

L’étude d’une carte fait apparaître trois axes majeurs.

Il existe tout d’abord un lien continental sud/nord. Ceci peut paraître anodin a priori, mais souligne d’une part les chemins possibles des migrations, et d’autre part les lointaines origines linguistiques du tamazight [ⵜⴰⵎⴰⵣⵉⵖⵜ], langue berbère dont l’appartenance chamito-sémitique remonte à l’Éthiopie, à l’ancien égyptien (le copte en étant une version contemporaine). On pourrait également ajouter le phénicien, langue sémitique par excellence, qui, bien qu’originaire du Levant, a profondément influencé les îles et les côtes de la Méditerranée.

La seconde observation porte sur le bassin méditerranéen proprement dit. Situé au nord du continent africain, ce vaste espace maritime sert de trait d’union à trois continents (africain, asiatique, européen). Il s’agit d’un axe est/ouest ayant joué, on le sait, un rôle capital, en particulier dans l’histoire du monde antique, mais aussi dès la Protohistoire, comme cela sera évoqué.

Par ailleurs, en relevant certains détails topographiques du monde méditerranéen, les distances maritimes proches de la côte continentale nord-africaine révèlent les constatations suivantes, permettant de mieux saisir le phénomène migratoire, qui est apparu dès la Préhistoire:

-Kaloi-Liménes (Crète du sud) à Darnah (côte libyenne) : 313km

L’historien et géographe grec Strabon (vers 60 av.J.-C./ 20 ap. J.-C.) évoque une traversée maritime de deux jours et deux nuits de l’île de Crète à la côte de Cyrénaïque.

-Malte à Monastir : 325km, et Malte-Mahdia : 308km, sachant qu’à mi-chemin l’île de Lampedusa n’est qu’à 165km de la côte africaine.

-Bizerte à la pointe sud de la Sardaigne : 200km

-À l’ouest, la distance maritime entre Oran, en Algérie et Almeria, en Espagne est de 106nm, soit 196km.

Dans la partie occidentale du bassin méditerranéen, il existe deux goulots majeurs :

-Le canal de Sicile entre le cap Bon (en Tunisie) et le cap Granitola (en Sicile) a une largeur de 138km,

-Le détroit de Gibraltar, quant à lui, n’a que 13km dans sa plus petite largeur.

Si l’on considère maintenant la façade atlantique, la distance entre Tarfaya (au Maroc) et l’île de Fuerteventura (aux Canaries) est de 120km. En d’autres termes, elle est légèrement inférieure à celle du canal de Sicile.

On saisit mieux alors comment ces coordonnées géographiques ont joué un rôle majeur dans les migrations et dans tous les transferts culturels qui ont eu lieu..

Ce sera d’ailleurs le cas pour les colonnes d’Hercule et le canal de Sicile à la période de la Protohistoire comme l’analyse en cours le montrera.

Toutefois, il semble opportun de faire ici une légère digression concernant le petit archipel maltais. Daniel Rondeau, écrivain fasciné par la culture méditerranéenne, a été l’ambassadeur de France à Malte, et a écrit le récit de son séjour dans un ouvrage intitulé, ‘Malta Hanina[2]‘ (Malte la Généreuse, dans la langue sémitique maltaise). Alors qu’il reçoit Yves Coppens en visite sur l’île, voici ce qu’il écrit : « L’histoire de Malte avant l’écriture parle déjà de démesure. Ses premiers habitants ont érigé une trentaine de temples vers 3500 av.J.-C. […] Leur histoire s’écrit avant les Pyramides, avant la Grèce. […] Pour Yves Coppens, ces vestiges sont ceux d’une civilisation agricole, venue du Moyen Orient, par bateau, avec leurs troupeaux. Ils ont occupé siècle après siècle, tous les rivages et toutes les îles de Méditerranée, quelques millénaires avant Jésus-Christ »  [pp.95-96].

Dans ce même livre il dira d’ailleurs « qu’il ne faut jamais sous-estimer la géographie. Elle assigne souvent notre rôle dans l’Histoire ».

  1. Climat. Une évolution climatique s’est opérée en fonction de la désertification de l’espace saharien. Ce phénomène a donc été déterminant a posteriori.

Le processus de désertification du Sahara a commencé il y a environ 25,000 ans. Or, un nouveau changement climatique s’est, semble-t-il, produit, il y a 15 000 ans, et a provoqué un retour d’humification qui a duré environ 6000 ans. L’art rupestre du Tassili N’Ajjer et du Fezzan attestent de cette période où l’on trouvait encore des lacs et une faune africaine composée d’éléphants, d’hippopotames et de crocodiles. Les gravures et les peintures rupestres du Tassili N’Ajjer datent d’environ -6000 à -7000 ans av. J.-C. et s’étalent jusqu’au début de notre ère[3].

Le phénomène de désertification est ensuite revenu. À noter qu’il s’est d’ailleurs amplifié de 10% au cours de ce dernier siècle. Comme le texte « D’où venaient les éléphants puniques[4] » en fait état, il a longtemps existé des poches vertes jusqu’à une période récente, correspondant à la fin du XIXe et même au tout début du XXe siècle.

Le Sahara n’a donc pas été un obstacle pour les migrations de la période préhistorique où cet immense espace offrait peu de différence avec celui du reste de l’Afrique.

Pendant la période protohistorique, il existait vraisemblablement encore des espaces verts conséquents où gueltas et lacs alimentaient en eau les palmeraies. Ceci explique pourquoi les Garamantes, peuple libyque de la région de Carama, au Fezzan, faisaient le commerce entre l’Afrique sud-saharienne et la côte méditerranéenne.

Préhistoire et Protohistoire.

Traditionnellement, la Préhistoire commence avec une période communément appelée l’âge de la pierre et se termine au Néolithique. La transition avec la Protohistoire se fait dans une période appelée Chalcolithique (l’âge du cuivre) juste avant l’âge du bronze précédant l’âge du fer.

Les gravures du Tassili n’Ajjer semblent indiquer qu’à une certaine époque, il y a eu un premier choc migratoire entre un peuplement négroïde originel et de nouveaux arrivants venus du nord dont les Touareg (pl. de targui) en seraient les descendants. Le peuple libyque des Garamantes (originaire de Carama en Libye) est vraisemblablement à l’origine de cette mutation ethnique. Gabriel Camps[5] a surnommé les Garamantes les « conducteurs de chars ». Il faut bien comprendre qu’il s’agit ici d’une époque charnière située entre la fin de la Protohistoire et le début de l’histoire antique.

À ce stade, il semble également utile de faire la réflexion suivante au regard de l’évolution de l’Homme. Les recherches concernant la Préhistoire sont admises comme étant sujettes à des réajustements périodiques en fonction des découvertes paléontologiques venant modifier notre connaissance sur les origines de l’Homme. L’exemple le plus récent est celui des révélations faites au sujet  de l’Homo Sapiens du djebel Irhoud. L’analyse scientifique apporte trois éléments cruciaux sur les connaissances antérieures :

-L’Homo Sapiens ne date plus de 200 000 ans, mais dorénavant il existe depuis 300 000 ans.

-On pensait jusqu’alors qu’il était originaire d’Afrique de l’Est. Or on se trouve maintenant confronté à un positionnement antérieur, situé dorénavant au nord de l’Afrique. La récente découverte scientifique faite dans la région de Sétif, en Algérie, vient conforter cette présomption.

-On pensait encore que l’arrivée de l’Homo Sapiens en Afrique du Nord datait de 72 000 ans et avait fait l’objet d’une migration en provenance de l’aire proche-orientale. Ce n’est dorénavant plus le cas.

Le site du djebel Irhoud révolutionne toutes les données antérieures, non seulement sur une existence purement est-africaine, mais il réfute l’exclusivité orientale en recadrant une origine primitive au nord-ouest du continent.

Il n’en demeure pas moins, que l’origine africaine de l’Homme reste entière. Elle s’étend à tout un continent au lieu d’être cantonnée à une seule zone géographique.

Si l’on poursuit la réflexion à la Protohistoire et à l’Histoire telles qu’elles nous ont été révélées jusqu’à la période contemporaine, le XXIe siècle semble remettre en question la manipulation politique qui a souvent été faite. De plus, un phénomène nouveau fait son apparition. Il concerne l’embarras occasionné par des découvertes récentes révolutionnant des données historiques établies, supposées être politiquement correctes. Pour illustrer cette observation, on pourrait citer l’exemple des fouilles de Göbekli Tepe en Anatolie, dont la datation en fait le site le plus ancien connu à ce jour (9,500 av. J.-C.). Si on se réfère au livre de Yuval Noah Harari[6], la révolution agricole date d’il y a 12,000 ans. Or à cette période, il paraît impensable qu’un peuple agricole, nomade de surcroît, puisse être à l’origine de l’ingéniosité et des techniques employées sur le site découvert. À titre indicatif, pour mieux situer Göbekli Tepe sur l’échelle du Temps, le site de Mohenjo-daro dans la vallée de l’Indus date de 3,000 av. J.-C. et celui de Stonehenge de 2,500 av. J.-C. La période historique commence conventionnellement aux alentours de 3500 av. J.-C. et correspond aux tablettes d’argile de l’écriture sumérienne.

L’objet de cette réflexion indique qu’il semble plus aisé aux paléontologues et aux archéologues de modifier l’état de nos connaissances, alors que les historiens semblent souvent rechigner à modifier le cours de l’Histoire établie, réfutant même parfois d’admettre une contribution scientifique imparable ; voire tout simplement de  remettre en cause certaines vérités. Claude Lévi-Strauss écrivait déjà : « Je ne suis pas loin de penser que, dans nos sociétés, l’histoire a pris la place de la mythologie en occupant la même fonction.[7] » Le cloisonnement des recherches scientifiques était auparavant un sérieux handicap qui est aujourd’hui dépassé. Dans la préface de l’ouvrage de G.Camps, cité en référence, Salem Chaker,[8] linguiste à l’Inalco, écrit : « Les historiens, les archéologues, les linguistes, les ethnologuespoursuivaient chacun leur chemin sans qu’aucune connexion ne soit établie entre les disciplines. »

Au XXIe siècle, il semble impératif de repenser le passé de l’Homme en fonction de la science et de l’état actuel de nos connaissances.

Pour revenir à la période concernée dans cette analyse, voici ce que l’anthropologue Gabriel Camps[9], a écrit au sujet de la ”Berbérie” : « On condamne leurs ancêtres à un rôle entièrement passif lorsqu’on les imagine, dès le début de l’Histoire, recevant de l’Orient une civilisation toute formée qu’ils acceptèrent avec un plus ou moins grand enthousiasme. Une poignée de navigateurs orientaux, véritables démiurges, auraient apporté à une masse inorganique et sauvage dépourvue de la moindre culture tous les éléments d’une véritable civilisation longuement mûrie sur la côte phénicienne. J’ai déjà montré qu’à l’arrivée de ces premiers navigateurs phéniciens, les Libyens n’étaient pas de pauvres hères, des sortes d’Aborigènes encore enfoncés dans la primitivité préhistorique. Depuis des siècles, des échanges avec les péninsules européennes et les îles, comme avec les régions orientales de l’Afrique, avaient introduit les principes d’une civilisation méditerranéenne qui, pour l’essentiel de sa culture matérielle s’est maintenue dans les massifs montagneux littoraux du Rif jusqu’aux Mogods ».

Cette digression paraît être utile dans la poursuite de la considération entamée sur la Préhistoire et la Protohistoire de l’espace berbérophone nord-africain.

Car, pour revenir à des considérations purement géographiques, le territoire de l’Amazighité est de 3,840 km d’Est en Ouest, depuis l’oasis de Siwa, en Égypte, jusqu’à l’île de Fuerteventura aux Canaries. Il est d’environ 2,000 km, du Nord au Sud, du Cap Bon en Tunisie, au fleuve Niger.

Aux origines connues du Maghreb.

 Les éditions Actes-Sud ont récemment publié dans la collection Babel un ouvrage fondamental de Gabriel Camps[10], intitulé Les Berbères, Mémoire et Identité, préfacé par le linguiste Salem Chaker.

Gabriel Camps a été avant tout anthropologue, même si son aire de prédilection de la Berbérie l’a souvent mené à être historien, linguiste et même ethnologue. C’est donc en se référant à son savoir qu’il est possible de faire le point initial sur l’état actuel de nos connaissances du monde berbère, antérieur à l’histoire antique méditerranéenne.

Le tableau rétrospectif qui suit ne peut encore tenir compte de l’existence de l’homme du Djebel Irhoud, tant que les travaux en cours n’auront pas apporté des éléments nouveaux scientifiquement établis. Bien entendu, l’éventualité de futures découvertes pourrait étayer la chronologie du passé nord-africain semblant chaque fois reculer davantage.

En tout état de cause, les connaissances actuelles apportent un éclairage plus lucide sur la Préhistoire et la Protohistoire du Maghreb.

On s’attend alors à trouver les indices d’une réponse scientifiquement établie sur les origines du peuple amazigh, en évitant l’écueil de passer par des considérations historiques lointaines et problématiques, voire par des conjectures purement politiciennes. À juste titre, Gabriel Camps pose la question suivante[11] : « Et si les Berbères venaient de nulle part ? »

Évidemment, une telle considération soulève le questionnement des origines de l’Homme. Nous venons tous de quelque part dans la longue échelle du Temps. Somme toute, il est convenu d’accepter les premiers arrivants comme les détenteurs du droit au sol. Ainsi en est-il des Aborigènes d’Australie ou encore des Amérindiens. Sachant que l’ascendance des Berbères date de 9,000 ans, G. Camps ajoute donc la remarque suivante[12] : « Cette arrivée est si ancienne qu’il n’est pas exagéré de qualifier leurs descendants de vrais autochtones. »

À l’heure dite, voici ce que l’on est en mesure de déterminer scientifiquement sur ces origines.

1- L’homme atérien.

Une première découverte a eu lieu en 1922 sur le site de Bir el-Ater – à l’origine de cette appellation – au sud de Tébessa, dans le nord-est algérien. Cette industrie lithique appartient au Paléolithique moyen africain et est localisée dans toute la partie nord-ouest de l’Afrique jusque dans le Sahel, en Mauritanie et au Niger. L’Atérien couvre une période allant de 130,000 à 30,000 ans, quand il disparaît.

Le plus vieux site date de 145,000 ans au Maroc (Ifri n’Ammar). Plusieurs autres sites ont été trouvés au Maroc, mais également en Algérie, sur le littoral d’Oranie et en particulier près d’Arzew et de Mostaganem.

Gabriel Camps[13] insiste sur l’originalité de cette industrie existant nulle part ailleurs. « C’est dans le nord-ouest de l’Afrique, et plus précisément peut-être sur le littoral proche d’Oran, que fut inventée une forme d’emmanchement, caractéristique de cette industrie, en dégageant par retouches alternes une sorte de soie ou pédoncule dans la partie inférieure de l’outil en pierre. Cette technique de fixation de l’outil à son manche, inconnue du Moustérien européen, fut appliquée à tous les types d’armes ou d’instruments. »

2- L’homme de Mechta El-Arbi (Ibéromaurusien).

Une première découverte a été faite dans le Constantinois en 1912 sur le site de Mechta el-Arbi, près de Chelgoum el-Aïd. Puis, en 1928, des restes identiques furent également trouvés à Afalou bou Rhummel dans la région côtière de Béjaïa[14].

Avant de découvrir d’autres sites dans les régions littorales et telliennes, on a d’abord évoqué une origine européenne ou orientale. « On compte aujourd’hui plus de cinq cents individus —, donnant une connaissance très précise de cette population.[15] » Or, il est apparu qu’il s’agit en fait d’un homme d’origine locale, cousin de l’homme de Cro-Magnon, peuplant cette région septentrionale de l’Afrique du Nord et ayant une industrie, nommée Ibéromaurusienne. « Les anthropologues spécialistes de l’Afrique du Nord admettent aujourd’hui une filiation directe, continue, depuis les Néandertaliens nord-africains (hommes du djebel Irhoud) jusqu’aux Cromagnoïdes que sont les hommes de Mechta el-Arbi. L’homme atérien de Dar es-Soltane serait l’intermédiaire mais qui aurait déjà acquis les caractères d’Homo sapiens sapiens. [16]»

Comme cette analyse a déjà fait mention des Guanches aux îles Canaries, il paraît utile de préciser qu’il s’agit d’un de ces groupes ibéromaurusiens, à l’origine de ce peuplement migratoire. « Les hommes de Mechta el-Arbi étaient encore nombreux au Néolithique, particulièrement en Algérie occidentale et sur le littoral atlantique. C’est à cette époque qu’un groupe traversa le bras de mer qui sépare les îles Canaries du continent africain et peupla cet archipel[17]» Ginette Aumassip confirme bien l’assertion de Gabriel Camps : « Ce ne sont pas des Cro-Magnon venus d’Europe, mais bien des Mechta el-Arbi nord-africains qui, ayant franchi la centaine de kilomètres qui sépare le Cap Juby de Fuerteventura, peuplèrent les premiers 1’Archipel canarien[18]»

L’arrivée d’autres hommes fera que l’homme de Mechta el-Arbi va progressivement s’effacer, sans véritablement disparaître. À ce propos, G. Camps ajoute la remarque suivante concernant les ancêtres des Berbères : « On ne peut cependant placer l’homme de Mechta el-Arbi parmi les ancêtres directs des Berbères.[19] » On sait pertinemment aujourd’hui que « la population actuelle […] appartient aux différentes variétés du type méditerranéen.[20] » Une telle confirmation émane des travaux effectués sur le génome nord-africain[21].

3- Le Capsien (Proto-méditerranéen).

Chronologiquement et surtout culturellement, il s’agit d’un moment essentiel dans l’évolution de l’homme en Afrique du Nord, car les Proto-méditerranéens sont perçus comme étant les véritables ancêtres des Maghrébins. Géographiquement parlant, venus du Proche-Orient, ils se sont d’abord étendus d’Est en Ouest, puis du Nord au Sud. « L’homme de Mechta el-Arbi n’a pu donner naissance aux hommes protoméditerranéens. Ceux-ci, qui vont progressivement le remplacer, apparaissent d’abord à l’est, tandis que les hommes de Mechta el-Arbi sont encore, au Néolithique, les plus nombreux dans l’ouest du pays.[22] »

Cette aventure a commencé il y a environ 9,000 ans. C’est à dire au Néolithique. Elle a duré du VIIIe au Ve millénaire. Venus de l’Est du continent par vagues successives, les Proto-méditerranéens semblent d’abord s’être fixés dans la région de l’ancienne Capsa, dans le sud tunisien, où se trouve aujourd’hui la ville de Gafsa. Cette industrie préhistorique a donc reçu le nom de capsienne en fonction du lieu de cette découverte.

Comme on a tout d’abord trouvé leurs traces dans des « escargotières », ils ont été affublés – non sans une certaine pointe d’humour – de « mangeurs d’escargots ». Les outils de pierre des Capsiens se composent de lames et de lamelles d’une grande finesse. Toutefois, ce qui caractérise les hommes de cette période, c’est avant tout leur remarquable talent artistique. G. Camps précise même que leurs œuvres d’art « sont les plus anciennes en Afrique et qu’elles sont à l’origine des merveilles artistiques du Néolithique. Elles sont même , et ceci est important, à l’origine de l’art berbère.[23] »

Cette révélation est particulièrement fascinante. Ce peuple a réalisé quelques pierres sculptées, mais aussi des gravures rupestres et a surtout utilisé des coquilles d’œufs d’autruche. Les gravures représentent des formes figuratives d’animaux, mais sont essentiellement géométriques. Or, on le sait, cette abstraction figurative est une caractéristique de l’art amazigh. « Il y a un tel air de parenté entre certains de ces décors capsiens ou néolithiques et ceux dont les Berbères usent encore dans leurs tatouages, tissages et pentures sur poterie ou sur les murs, qu’il est difficile de rejeter toute continuité dans ce goût inné pour le décor géométrique.[24] »

Au Néolithique, le groupe des hommes de Mechta el-Arbi persiste surtout à l’ouest et sur la façade atlantique, mais les Capsiens continuent inlassablement de s’étendre. « Le Maghreb s’est donc, sur le plan anthropologique, ”méditerranéisé”, sinon déjà berbérisé.[25] »

Si ce mouvement migratoire d’est en ouest avait été unique, on pourrait alors penser que les origines proches-orientales seraient dominantes – ce que certains se sont alors empressés d’affirmer pour étayer la thèse d’une origine orientale. Or, le cours de l’Histoire s’avère plus compliqué.

Si le Maghreb conserve sa propre identité, c’est bien à cause d’un métissage physique et d’apports culturels multiples. La morphologie maghrébine diffère de celle du Proche-Orient. Sa culture n’est pas issue de la seule source orientale. Une fois encore, la géographie apporte une réponse à cet état de fait.

Les vagues migratoires successives ne sont pas arrivées uniquement de l’est, par voie terrestre. Au Néolithique, il y a donc eu un second mouvement méditerranéen, suivant un axe nord-sud, survenu cette fois-là par voie maritime. Les premiers à en bénéficier ont donc été les côtes littorales du nord-tunisien et du Rif marocain. Cela se manifeste par l’existence de deux indices culturels : la poterie et les rites mortuaires.

La Numidie étant au cœur de nos recherches personnelles, il est donc intéressant d’en étudier les manifestations concrètes.

L’espace physique du canal de Sicile est constitué de plusieurs îles : celles de Sardaigne et de Sicile, les plus importantes, mais aussi de plus petites comme Pantelleria ou le petit archipel maltais (Malte et Gozo). Toutes ces îles conservent un passé préhistorique à la fois conséquent et unique. Pour citer une nouvelle fois Daniel Rondeau au sujet de Malte, voici ce qu’il écrit : « L’histoire de Malte avant l’écriture parle déjà de démesure. Ses premiers habitants ont érigé une trentaine de temples vers 3500 av.J.-C. […] Pour Yves Coppens, ces vestiges sont ceux d’une civilisation agricole, venue du Moyen Orient, par bateau, avec leurs troupeaux. Ils ont occupé siècle après siècle, tous les rivages et toutes les îles de Méditerranée, quelques millénaires avant Jésus-Christ [26]».

La poterie littorale maghrébine a été influencée par le style existant en Méditerranée occidentale, notamment en Sicile. Il est clair, qu’en y appliquant alors la décoration abstraite des Capsiens, on retrouve presque exactement la poterie amazighe contemporaine ! Le savoir-faire des potières de Sejnane, dorénavant inscrit au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco[27] en est un exemple probant.

Au cours d’une conférence faite à Paris en janvier 1917, Claude Lévi-Strauss[28] affirmait que : « si les peuples d’une région possèdent la céramique, c’est qu’ils l’ont empruntée au peuple voisin, qui l’avait lui-même empruntée à un autre. »

Dans cette même région septentrionale de l’Est maghrébin, les archéologues se sont ensuite penchés  sur les monuments funéraires qui y ont été érigés, non plus à la Préhistoire, mais dans une période plus récente. Il s’agit en effet de dolmens ou d’hypogés (appelés haouissa en arabe), dont l’influence provient des îles italiennes.

C’est pourquoi G. Camps conclut sur ce sujet : « Sans réduire la primauté fondamentale du groupe protoméditerranéen qui est continental, originaire de l’Est et qui connut des enrichissements successifs, on ne doit pas négliger pour autant ces apports proprement méditerranéens, plus récents, moins importants sur le plan anthropologique, mais plus riches sur le plan culturel.[29] »

On voit donc bien que l’on retrouve ici les racines du monde amazigh, comme le souligne encore G. Camps : « C’est de l’interférence de ces deux éléments principaux auxquels s’ajoutèrent des apports secondaires venus d’Espagne et du Sahara que sont nées, au cours des siècles, la population et la civilisation rurale du Maghreb.[30] »

Une réflexion reprise plus largement par C. Lévi-Strauss,[31] disant que « c’est seulement dans la mesure où tous les différents centres de culture humaine ont des contacts entre eux que le progrès humain peut exister ». Ce qui d’ailleurs fait écho à ce que Yuval Noah Harari[32] écrit dans ”Homo Deus” : « Le facteur crucial de notre conquête du monde a été notre aptitude à établir des échanges avec beaucoup d’autres humains. »

4- La Préhistoire saharienne et la conquête proto-méditerranéenne.

Au XXe siècle, les recherches conduites par Henri Lhote (1903-1991) dans le Tassili n’Ajjer (Sahara algérien) et le Fezzan (Libye) ont révélé au monde la richesse des gravures et des peintures existantes dans cette région reculée. La qualité artistique des dessins sous abri a pu se maintenir grâce à la sécheresse du climat désertique.

Il semble toutefois, que l’on a souvent du mal à faire le lien entre ces chefs-d’œuvres préhistoriques et le cursus habituel des sites nord-africains de la même période. Il peut donc être utile de faire le point sur les connaissances acquises dans ce domaine.

Si H. Lhote a eu le mérite de divulguer l’existence de ces peintures ; son interprétation et même ses relevés ont été ensuite fortement critiqués.

Les archéologues sont en mesure aujourd’hui d’établir un inventaire plus conforme à la réalité, permettant de faire le lien avec les connaissances acquises sur la Préhistoire et la Protohistoire de l’Afrique du Nord.

Avant d’aborder cette rétrospective, il faut, une nouvelle fois, considérer l’évolution climatique de cette zone, appartenant, comme on le sait au Sahara, et la replacer dans le contexte de l’époque.

Sur un plan physique, il existe trois massifs principaux au cœur du Sahara : deux massifs d’origine volcanique (le Hoggar, en Algérie et le Tibesti, principalement au Tchad) et un massif grèseux, qui, en fonction de l’érosion, est devenu un haut-plateau (le Tassili n’Ajjer, à cheval entre l’Algérie et la Libye).

Quand les Paléo-berbères ont commencé à arriver 7000 ans av. J.-C., le Sahara n’était pas le désert qu’il est maintenant devenu. En fait, la région du Tassili n’Ajjer abritait une civilisation négroïde néolithique à l’origine des chefs-d’œuvre rupestres que l’on peut encore voir. À cette époque, le Sahara avait encore de vastes lacs et un réseau d’oueds permettant la pêche. Les archéologues ont pu en retrouver une trace fossilisée. En outre, les massifs sahariens ont des sommets élevés (le mont Tahat, a 2,918m de haut dans le Hoggar [idurar n Ahaggar] ; dans le massif du Tibesti, l’Emi Koussi culmine à 3,445m, étant donc le plus haut sommet saharien). « Ce n’est que vers —2 800 que le climat actuel s’est installé, entraînant une élimination presque totale des éléments méditerranéens, au profit de la flore sahélienne. Mais dans certains massifs montagneux et notamment dans le Hoggar et les Ajjers, certains de ces éléments bénéficiant de conditions écologiques un peu plus favorables, ont pu persister jusqu’à nous et peuvent être considérés comme de véritables reliques d’une période plus humide. C’est le cas d’un Olivier {Olea laperrini Batt. et Trab., d’un Myrte, Myrtus nivelli Batt. et Trab., et surtout d’un Cyprès, Cupressus dupregiana A. Camus, qui est le seul conifère saharien.[33] »

En Tamahaq ou Tamachek (la langue targuie, ⵜⴰⵎⴰⵌⴰⵆ), le terme ‘tassili‘ [ⵜⴰⵙⵉⵍⵉ] veut dire ”un plateau”, tandis que le mot ‘adrar‘ [ⴰⴷⵔⴰⵔ] signifie ”une montagne”. Le plateau du Tassili n’Ajjer [ⵜⴰⵙⵉⵍⵉ ⵏ ⴰⵊⵊⵔ, ”le plateau des rivières”] a une altitude moyenne de 1,000m, tandis que son plus haut sommet est l’Adrar Afao culminant à 2,158m. À cette époque lointaine de la Préhistoire entre 9,000 et 7,000 ans av. J.-C. on y trouvait des forêts. Au XIXe siècle, de nombreux explorateurs avaient évoqué un certain nombre d’indices, laissant penser que le changement climatique avait bien eu lieu à une période géologique récente. En 1926, on a découvert une forêt de cyprès fossilisés (le Cyprès des Ajjers[34], Cupressus dupreziana). Le climat d’alors à cette altitude était de type méditerranéen. On a retrouvé par exemple des restes d’oliviers, de chênes-verts et de pins d’Alep. « Le Sahara a connu un climat sec et assez froid qui a permis l’extension d’une végétation de steppe, a succédé une végétation post- glaciaire à climat tempéré et humide entre — 10000 ans et — 6 000 ans. Ce climat, de type méditerranéen, a favorisé les espèces forestières actuellement essentiellement méditerranéennes telles que le Cèdre, le Pin d’Alep, le Chêne vert et même des élé- ments de la zone tempérée tel que le Tilleul, l’Erable et l’Aune. C’est à cette époque, rappelons-le, que s’est développée une civilisation néolithique, qui a laissé comme témoignages les importantes gravures rupestres que les explorations de ces dernières années ont largement fait connaître[35]» Les gravures rupestres témoignent de l’existence d’une faune purement africaine. Cette civilisation néolithique, antérieure à celle du Nil, pour Gabriel Camps, était « dotée de céramique, qui semble ne rien devoir à l’extérieur[36]», ce qui, a priori, semble contradictoire avec l’assertion ethnologique de Lévi-Strauss sur cette question.

Le Néolithique moyen voit ensuite l’apparition de populations de race blanche qui ne surpassent pourtant pas la population mélanoderme précédente. Cette phase historique a été appelée « bovidienne » à cause de l’existence de troupeaux de bœufs domestiques trouvés sur les gravures rupestres de cette époque. On se trouve donc en présence de deux groupes. Le premier groupe affiche des traits mélanodermes, nettement négroïdes, ressemblant à ceux des Peuls, peuple nomade du Sahel actuel qui pourraient bien en être les descendants. Le second groupe présente des traits nettement méditerranéens. Les plus belles fresques sont celles de la région d’Ihérir. Pour G. Camps,[37] il s’agit : « de l’image des premières populations méditerranéennes qui s’enfoncèrent dans le Sahara. ». Toujours selon G. Camps[38], « la phase bovidienne a duré du IVe millénaire au milieu du IIe. »

La troisième phase correspond à la fin du Néolithique et au début de la période proto-historique. C’est une période cruciale pour deux raisons majeures. Tout d’abord, parce que la domination des Proto-méditerranéens va progressivement s’élargir à toute l’Afrique du Nord. Ensuite, parce qu’elle correspond à l’arrivée du cheval en Afrique du Nord. C’est la raison pour laquelle on appelle cette phase, ”la période caballine”.

Le cheval africain est connu en Nubie égyptienne dés 1,600 ans av. J.-C. Il s’est ensuite répandu à travers le Sahara jusqu’en Afrique du Nord. Il existe deux races voisines de cet ancêtre caballin primitif, présentant quelques particularités zoologiques. La première est la race Dongola subsistant sur le Nil soudanais. La seconde, est celle d’Afrique du Nord appelée la race barbe. G. Camps[39] ajoute que : « Le cheval barbe fut la monture des excellentes cavaleries légères qui jouèrent, de Massinissa à Abd el-Kader, un rôle prédominant durant toute l’histoire du Maghreb. » Culturellement, ce cheval est à l’origine de la fantasia berbère, appelée ‘tburiba‘ (”jeu de poudre”) au Maroc, où elle est toujours vivace à l’occasion de fêtes culturelles ou de mariages. Dans la langue tamazight, la fantasia est appelée  ‘tafrawt‘ [ⵜⴰⴼⵔⴰⵡⵜ, ”une course de chevaux”].

Pour revenir à l’interprétation des gravures rupestres du Tassili n’Ajjer, cette troisième phase charnière, entre Préhistoire et Protohistoire, est appelée la période équidienne. La croissance progressive de l’aridité provoque d’ailleurs la diminution du cheptel bovin. Or, on observe que ces chevaux « sont attelés à des chars légers menés par un seul cocher[40]» C’est donc ici qu’interviennent les Garamantes, ce groupe proto-méditerranéen qui habitait alors au Fezzan et au Tassili n’Ajjer.

Ces chars sahariens nécessitent une nouvelle parenthèse historique relative à leur existence tout d’abord et à leur fonction ensuite puisqu’Hérodote (-480 à -425 av. J.-C.) lui-même en fait mention.

En décrivant les attelages des Équidiens, Camps[41] mentionne tout d’abord que : « les chars sahariens sont le plus souvent des biges. » Il s’agit d’un char à deux roues attelé de deux chevaux. Hérodote mentionne l’existence de chars à quatre chevaux, ce que G. Camps confirme également : « De rares quadriges ont été récemment signalés dans l’Atlas saharien et au Tassili », en ajoutant « qu’ils paraissent  plus récents que les biges au ”galop volant”. » Le terme ”galop volant” désigne le style des scènes équidiennes sur les parois du Tassili n’Ajjer. On note qu’Hérodote  affirme que « c’étaient les Libyens qui avaient appris aux Grecs à atteler des chars à quatre chevaux. » [p.76] Les peuples berbérophones, parmi lesquels les Garamantes, étaient appelés Libyens par les Grecs, alors que les Éthiopiens étaient les peuples négroïdes. Les archéologues ont détaillé l’originalité des chars sahariens, différents des attelages égyptiens ou même grecs. « Le char saharien est un engin de prestige » ajoute G. Camps [p.76]. Armés  d’un lance ou d’un javelot, les Équidiens « poursuivaient les Éthiopiens sur leurs chars à quatre chevaux. »

C’est donc de la sorte que l’on explique la conquête du Sahara par les peuples venus du nord. « Les Équidiens conducteurs de chars semblent avoir constitué une caste guerrière qui imposa  sa domination aux populations négroïdes, ou plus exactement mélanodermes, qui les avaient précédés et n’avaient pas disparu.[42] »

Avec l’accentuation de la désertification, les éleveurs de bœufs chercheront à s’établir dans des oasis ou descendront dans les pays du sud (Tchad, Niger, Mali, Sénégal). Les anciens Éthiopiens sont les ancêtres des Haratin des oasis, mais surtout des Toubous ou des Peuls qui forment un groupe ethnique « qui ne s’est nettement différencié ni dans le sens noir ni dans le sens blanc. » [p.80]. Les Équidiens abandonneront peu à peu leurs chars, pour devenir des cavaliers. Les conquérants blancs paléo-berbères seront appelés Gétules. Ces nomades et guerriers sahariens sont « les ancêtres directs des Touareg(s). » [p.78]. Les Touareg (sg. Targui) se nomment eux-mêmes Kel Tamasheq [ ⴾⵍ ⵜⵎⵛⵈ, ”ceux de la langue tamasheq”]. Il faut ajouter à ce propos que leur isolement spatial et nomade fera que l’alphabet tifinagh a pu ainsi être conservé et qu’il est à l’origine de la forme moderne de l’alphabet amazigh, appelé néo-tifinagh.

À partir de ces premières données concernant l’évolution de l’Homme en Afrique du Nord, il faut dorénavant compter sur les dernières découvertes archéologiques, dans un cadre encore plus lointain, qui viennent se greffer à ce tableau,.

5- L’Homo sapiens du Djebel Irhoud.

Étant donné la nouveauté de cette découverte qui fait l’objet d’une étude détaillée de la  part des spécialistes, il est encore beaucoup trop tôt pour y apporter des éléments de réponses solides qui viendraient s’imbriquer dans les connaissances actuelles. Il n’est pas certain non plus que cette découverte, pour l’instant isolée, puisse apporter des réponses relatives aux origines anthropologiques du nord de l’Afrique. On ne peut donc qu’émettre des conjonctures en formulant des questions.

Une publication antérieure du CNRS[43] confirmait en 1988 la présence d’ossements d’enfants moustériens dans les couches les plus profondes – donc les plus anciennes – du djebel Irhoud. « Aucun argument d’ordre anatomique ni chronologique ne permet donc d’exclure aujourd’hui ces fossiles de l’origine des premiers hommes anatomiquement modernes d’Afrique du Nord. » Les hommes du Djebel Irhoud maîtrisaient le feu et ont brûlé un grand nombre d’éclats de silex. On pensait donc qu’il s’agissait de néandertaliens. G. Camps mentionne donc déjà « l’homme moustérien du djebel Irhoud » avant que l’équipe de l’Institut Max Planck soit en mesure de déterminer qu’il s’agit en fait d’un Homo sapiens vieux de 315,000 ans. En 1974, G. Camps avait émis l’hypothèse[44] que « l’homme atérien pouvait être déjà un Homo sapiens de type moderne ».

Jean-Jacques Hublin pense donc qu’au lieu d’avoir l’émergence de notre ancêtre direct d’Afrique de l’Est, il y a environ 200 000 ans, ce dernier serait apparu 100 000 plus tôt et se serait dispersé dans différentes parties d’Afrique, et non plus depuis une seule région située en Afrique de l’Est. Ce qui impliquerait que la dispersion de l’homme moderne se serait faîte à une échelle continentale d’autant plus aisément qu’il n’y avait pas encore le Sahara (à noter que le terme sahara [صحراء, sahra] signifie ”désert” en arabe).

Suite à la datation du Djebel Irhoud, James S. Brink[45] a pu ainsi déterminer l’âge de l’Homo sapiens de Florisbad, en Afrique du Sud, à 260 000 ans. Ceci semble donc bien confirmer l’hypothèse d’une émergence continentale, non pas liée seulement à l’Est de l’Afrique.

6- La découverte du site algérien d’Aïn Boucherit.

Le 14 décembre 2018, la revue ”Science”[46] révélait qu’une équipe internationale d’archéologues (Algérie, Australie, Espagne et France) dirigée par le Professeur Mohammed Sahnouni avait découvert des outils de pierre datant de 2,4M d’années dans la région de Sétif en Algérie de l’Est.

[‘The ~1.8-million-year-old stone artifacts from Ain Hanech (Algeria) were considered to represent the oldest archaeological materials in North Africa. Here we report older stone artifacts and cutmarked bones excavated from two nearby deposits at Ain Boucherit estimated to ~1.9 Ma ago, and the older to ~2.4 Ma ago‘.]

Aucun reste humain n’a été retrouvé sur le site d’Aïn Boucherit. Il s’agit d’outils, composés de galets de calcaire et de silex taillés, se trouvant sur un site ayant servi de ”boucherie préhistorique” si l’on en croit les ossements d’animaux de type africain trouvés parmi les outils préhistoriques (crocodiles, éléphants, hippopotames, girafes). La découverte révèle qu’il s’agit de restes datant de 2,4M d’années. Ces outils ressemblent à ceux dits Oldowan trouvés en Afrique de l’Est. Les plus anciens datent de 2,6M sur le site de Gona, en Éthiopie, faisant d’Aïn Boucherit le deuxième site le plus ancien au monde.

Cette découverte fondamentale remet donc en cause, une nouvelle fois, l’origine unique de l’Homme dans la partie orientale du continent africain. La datation  apporte la confirmation du rôle majeur de l’Afrique du Nord dans l’évolution de l’Homme, dépassant ainsi toutes les limites atteintes jusque alors.

Plus encore, on peut penser que les sites du Jebel Irhoud et d’Aïn Boucherit ne sont pas isolés et qu’il en existe d’autres. Les paléontologues seront forcément poussés à poursuivre leurs investigations en gardant à l’esprit ces dernières découvertes, susceptibles donc d’en générer d’autres.

Comme cela l’a été évoqué au début de cette rétrospective, la Science évolue au gré des découvertes. Il reste de toute évidence à l’Histoire de repenser ces données à la lueur de cette évolution qui nécessite un réajustement dorénavant nécessaire. L’Histoire n’est certes pas écrite dans la pierre. Ce sont les pierres qui font l’Histoire.

Cette rétrospective sur les origines de l’homme en Afrique du Nord permet de clarifier un certain nombre de faits, tout en éradiquant des justifications historiquement et scientifiquement non fondées.

Parler des Maghrébins comme étant arabes n’a aucun sens. Hormis le fait que la notion même de race est en passe d’être supprimée au niveau des Nations-Unies. Un Arabe est nécessairement une personne originaire de la péninsule arabique. La confusion vient tout d’abord de la langue arabe. Suite aux conquêtes historiques, l’arabe est donc devenu une langue véhiculée hors de son espace originel, d’autant plus qu’elle est également devenue la langue liturgique du Coran. Cette langue a donc suivi une progression identique à celles, par exemple, de l’anglais, de l’espagnol ou du français. On a trop souvent tendance à assimiler langue, politique et religion. Le Maghreb islamisé a adopté la langue arabe. L’histoire de sa colonisation a fait aussi que ses dirigeants ont adhéré à l’idéologie du Monde arabe. Certains ont pu même vouloir revendiquer leur ”arabisme”. On ne peut toutefois pas penser qu’une poignée de conquérants arabes ait pu radicalement changer biologiquement la population d’une zone nord-africaine aussi vaste ! C’est donc là que le bât blesse. Il serait plus juste de qualifier les sociétés maghrébines comme étant arabo-berbères, mais pas comme étant arabes. La seule langue autochtone demeure le tamazight. Cette langue possède son propre alphabet, le tifinagh, dérivé de l’ancien libyque, historiquement aussi vieux que l’alphabet sémitique phénicien. Il ne s’agit pas non plus de tomber dans un autre extrême. Les langues arabes et françaises permettent aux peuples d’Afrique du Nord d’avoir une stature internationale non négligeable. Linguistiquement, posséder trois langues est une grande richesse. Le Royaume du Maroc a été le premier État à reconnaître cette triple identité en faisant du tamazight sa troisième langue officielle. Il ne faut pas oublier non plus que le Tunisien Habib Bourguiba a été l’un des pères de la Francophonie. À ce titre, on pourrait rappeler que la Confédération helvétique reconnaît non pas trois langues, mais quatre.

Une fois la question de langue et de politique résolue, on peut alors repenser l’identité maghrébine. Cette question est peut-être en passe de s’affirmer progressivement, démontrant une certaine maturité dans l’évolution de la société. Il s’agit là d’un atout majeur puisqu’il stigmatise la spécificité maghrébine dans sa richesse et son particularisme culturel.

Biologiquement parlant, l’homme maghrébin est physiquement différent de celui du Moyen-Orient. L’Histoire l’explique. Le monde berbère (Amazigh) appartient à l’aire du bassin méditerranéen par ses origines et son histoire. C’est ce qui fait dire à l’ethnologue et historien Jean Servier[47] (1918-2000) : « La civilisation berbère est héritière des civilisations méditerranéennes, capable, au fil des siècles, de fournir des lettrés à Rome, des Pères de l’Église au christianisme, des dynasties à l’Empire musulman, des saints à l’islam, aussi des révoltés pour l’honneur et l’indépendance des villages. »

Cette  question identitaire un fois résolue – et elle le sera forcément – permettra d’atteindre un état de plénitude qui ne peut être qu’un ferment favorable à l’avenir du Maghreb.

Cette idée rejoint la réflexion de Daniel Rondeau sur le passé maltais : « L’homme navigue depuis longtemps en Méditerranée. Malte est cette île mystérieuse, habitée et bâtie depuis le printemps de l’humanité, posée sur la route du milieu (celle des audacieux, les prudents préféraient le cabotage), à égale distance de Tanger et de Beyrouth, entre la Sicile et le rivage libyen.[48] » En fait, cette réflexion peut aussi bien s’appliquer à Carthage, un site sur lequel D. Rondeau a écrit un ouvrage antérieur[49].

La longue histoire de l’Afrique du Nord, en considérant ses origines préhistoriques, témoigne qu’elle appartient de plain pied aux plus vieilles racines de l’humanité et à ce bouillon des cultures méditerranéennes. C’est donc bien le signe caractéristique de l’Afrique du Nord, source d’une fierté identitaire unique et d’une richesse incommensurable. On peut donc être maghrébin, de religion musulmane et de langue arabe, parler le tamazight et le français sans pour autant adhérer au mythe du panarabisme qui ne relève d’aucune base anthropologique, sociologique ou culturelle. En outre, il y a aussi des Berbères juifs ou chrétiens, comme on en rencontre sur l’île de Djerba par exemple. Le poète kabyle, Jean Amrouche (1906-1962), était issu d’une famille catholique-romaine. En fait, l’identité maghrébine n’exclut pas une appartenance à la Ligue des Pays Arabes, comme à celle de l’Union des Pays Africains ou de la Francophonie. Le Maghreb vit par la force de sa propre identité car le bassin méditerranéen demeure un trait d’union inaliénable en fonction de la géographie et de l’Histoire. L’Amazigh [ⴰⵎⴰⵣⵉⵖ, ⵎⵣⵗ] – cet ”homme libre” – s’identifie au symbole tifinagh ⵣ (yaz, Z) : les pieds ancrés sur le sol africain et les bras tendus vers la Méditerranée.

En tout état de cause, il ne faudrait pas croire que le dessein de cette rétrospective historique serait de jeter un pavé dans la mare. Son ambition demeure avant tout de tenter d’avoir une connaissance lucide sur la question identitaire dans le seul but de mieux comprendre l’état actuel des éléments de l’héritage amazigh, tout en essayant de rétablir ce que souvent l’histoire traditionnelle a passé sous silence.

Christian Sorand

Bibliographie :

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CAMPS, Gabriel – Les Berbères, Mémoire et Identité, Actes Sud, collection Babel, 2016, ISBN 978-2-7427-6922-3

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CAMPS, Gabriel – Les Garamantes, conducteurs de chars et bâtisseurs dans le Fezzan antique, Clio, 2018,   https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/pdf/pdf_les_garamantes_conducteurs_de_chars_et_bAtisseurs_dans_le_fezzan_antique.pdf

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LHOTE, Henri – L’ancienne forêt  de Cyprès du Tassili-n-Ajjer (Sahara central), Journal d’agriculture traditionnelle et        de botanique appliquée, 1964, Persée, https://www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1964_num_11_4_2757

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SIMMONEAU,P. et DEBAZAC,E.-F – Les Cyprès des Ajjers, Revue Forestière Française, 1961,   http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/24346/RFF_1961_2_90.pdf?se.

SORAND, Christian – D’où venaient les éléphants puniques ?, Academia.edu et Inumiden.com, https://www.inumiden.com/dou-venaient-les-elephants-puniques/

 

Articles de référence :

-Chronologie du Maroc-De la Préhistoire à la conquête musulmane, Clio : https://www.clio.fr/CHRONOLOGIE/chronologie_maroc_de_la_prehistoire_a_la_conquete_musulmane.asp

-Paléontologie- Jebel Irhoud, où le plus vieil homo sapiens a été retrouvé, désormais patrimoine national marocain, Sciences et Avenir : https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/paleontologie/jebel-irhoud-ou-le-plus-vieil-homo-sapiens-a-ete-retrouve-desormais-patrimoine-national-marocain_119736

-Nous sommes 100.000 ans plus vieux que nous le pensions, France-Inter, juin 2017 : https://www.franceinter.fr/sciences/nous-sommes-100-000-ans-plus-vieux-que-nous-ne-le-pensions

-Premiers enseignements  de la découverte archéologique d’Aïn Boucherit (Sétif), Algérie Presse Service, Janvier 2019 : http://www.aps.dz/algerie/82912-premiers-enseignements-de-la-decouverte-archeologique-d-ain-boucherit-setif

Notes :

[1]   https://www.franceinter.fr/sciences/nous-sommes-100-000-ans-plus-vieux-que-nous-ne-le-pensions

[2] ”Malta Hanina”, Daniel Rondeau, Folio, Gallimard 2012, ISBN 978-2-07-045006-0

[3]  Tassili n’ajjer, Unesco : http://whc.unesco.org/fr/list/179/

[4]  https://www.inumiden.com/dou-venaient-les-elephants-puniques/

[5]  Gabriel Camps, Clio : https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_garamantes_conducteurs_de_chars_et_bAtisseurs_dans_le_fezzan_antique.asp

[6]  Sapiens : A Brief History of Humankind, Yuval Noah Harari, 2011.

[7] Lévi-Strauss, Claude – Myth & Meaning, Cracking the Code of Culture, Schocken Books, New York, 1979

[8]   Salem Chaker, Préface de  Les Berbères-Mémoire et Identité, Éditions Actes-Sud, Coll.Babel 2007, [p.15]

[9] Camps Gabriel. Les Numides et la civilisation punique. In: Antiquités africaines, 14,1979. pp. 43-53; doi : 10.3406/antaf.1979.1016, http://www.persee.fr/doc/antaf_0066-4871_1979_num_14_1_1016

[10] Les Berbères, Gabriel Camps, Actes Sud, collection Babel, 2016, ISBN 978-2-7427-6922-3

[11] Ibidem, Les données de l’anthropologie, p.51.

[12] Ibid, p.60

[13] Ibid. , L’Homme atérien, p.52

[14] Sources : L’Algérie des Premiers Hommes,, Ginette Aumassip, éditions de la maison des sciences de l’homme, Paris, 2001.

[15] Ibid

[16] Les Berbères, Gabriel Camps, Actes Sud, collection Babel, 2016, ISBN 978-2-7427-6922-3, [p.55]

[17] Ibid, [pp.55-56]

[18] L’Algérie des Premiers Hommes,, Ginette Aumassip, éditions de la maison des sciences de l’homme, Paris, 2001.

[19] Les Berbères, Gabriel Camps, Actes Sud, collection Babel, [p.56]

[20] Ibid.

[21]          https://genographic.nationalgeographic.com/reference-populations-next-gen/     

[22] Les Berbères, Gabriel Camps, Actes Sud, collection Babel, [p.57]

[23] Ibid. [p.59]

[24] Ibid. [pp.59-60]

[25] Gabriel Camps, Les Berbères, Actes Sud, collection Babel, [p.61]

[26]        ‘Malta Hanina”, Daniel Rondeau, Folio, Gallimard 2012, [pp.95-96]

[27] https://ich.unesco.org/fr/RL/les-savoir-faire-lies-a-la-poterie-des-femmes-de-sejnane-01406

[28] Claude Lévi-Strauss, De Montaigne à Montaigne, éditions Ehess, École des hautes études en sciences sociales, Une science révolutionnaire : l’ethnographie. (29 janvier 1937)

[29] Gabriel Camps, Les Berbères, Actes Sud, collection Babel, [p.66]

[30] Ibid.

[31] C. Lévi-Strauss, Ibid. Une science révolutionnaire : l’ethnographie. (29 janvier 1937)

[32]        « The crucial factor in our conquest of the world was our ability to connect many humans to one another. » [p.153] Homo Deus, Yuval Noah Harari, Vintage, London, 2017

[33] Les Cyprès des Ajjers, P. Simonneau et E.F. Debazac, Revue Forestière française., 1961

[34] Les Cyprès des Ajjers, Ibid.

[35] Les Cyprès des Ajjers, http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/24346/RFF_1961_2_90.pdf?se

[36] G. Camps, [p.72]

[37] [p.73]

[38] Ibid.

[39] Ibid. p.75

[40] Ibid. p.75

[41] Ibid. p.76

[42] Ibid. p.77

[43] Hublin Jean-Jacques, Tillier Anne-Marie. Les enfants moustériens de Jebel Irhoud (Maroc), comparaison avec les Néandertaliens juvéniles d’Europe. https://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1988_num_5_4_1680

[44] G.Camps, L’Homo Sapiens au Maghreb, p.53

[45] James  Brink, National Museum, Bloemfontin, South Africa.

[46] Science – 14 Dec 2018:  Vol. 362, Issue 6420, pp. 1297-1301 DOI: 10.1126/science.aau0008 Early humans in northern Africa

[47] Jean Servier, Les Berbères, Que Sais-je ?, PUF, Paris, 2017. [pp.39-40]

[48] ”Malta Hanina”, Daniel Rondeau, Folio, Gallimard 2012, [p.98]

[49]Carthage”, Daniel Rondeau, Folio nº4948, 2009

Bassem ABDI

Passionné d'histoire, j'ai lancé en 2013 Asadlis Amazigh, une bibliothèque numérique dédiée à l'histoire et à la culture amazighe ( www.asadlis-amazigh.com). En 2015, j'ai co-fondé le portail culturel Chaoui, Inumiden.

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