FlorePatrimoine

La langue berbère en Andalus

Présence et marginalisation à travers l’exemple d’un traité de botanique arabe du XII siècle

Les études berbères ont sans doute bien avancé depuis les premiers travaux réalisés vers la fin du xixe siècle. Nos connaissances demeurent cependant presque nulles dès lors que l’on s’intéresse à l’état ancien de cette langue. Le peu de données que nous pourrions obtenir à ce sujet ne peuvent donc être déduites qu’indirectement, à partir d’informations non linguistiques comme les processus de peuplement, la toponymie, etc.1

Les raisons en sont nombreuses et diverses : une tradition berbérisante relativement récente, une langue et culture sans statut et ne bénéficiant d’aucun cadre politique, économique ou financier qui prenne en charge des recherches dans ce domaine, mais également une absence de textes ou de traces écrites importantes sur le passé de cette langue. À cela, il faudrait ajouter le fait que les sources et ressources existantes sont peu exploitées. En nombre très limité, les spécialistes du berbère préfèrent souvent s’investir dans des tâches supposées plus urgentes, comme l’élaboration de dictionnaires de référence, importants pour tous les grands dialectes, le travail sur un certain nombre de parlers actuels, qui ne sont toujours pas connus de manière satisfaisante, ou encore le lancement des études interdialectales, qui font toujours cruellement défaut.

Il n’est donc guère surprenant de constater à quel point il est difficile de déterminer de manière quelque peu précise l’état de cette langue à l’époque médiévale. Nous savons qu’il existe un nombre appréciable de manuscrits berbères, des xvie et xviiie siècles notamment, dont l’exploitation n’est qu’à ses débuts2. Nous citerons à titre d’exemple le fameux Bahr ad-dumû‘ de Muhammad Awzal3, ou celui de Brahim u Ali Aznag4. Or, dès que le chercheur remonte un plus loin dans le temps – soit à l’époque des dynasties dites « berbères » des Almoravides, Almohades ou Mérinides, il ne trouve que très peu d’indices qui puissent permettre de restituer une certaine profondeur historique aux données actuelles du berbère. À l’exception d’un nombre très réduit d’articles comme ceux d’A. Basset en 1899, G. Marcy en 1932 et beaucoup plus récemment S. Chaker en 1981 et 19835, les travaux qui se sont penchés sur la situation de la langue berbère à l’époque médiévale demeurent pratiquement inexistants. Ce constat vaut autant pour l’Afrique du Nord que pour l’Andalus musulman. Ceci nous mène à une première interrogation fondamentale, éludée jusqu’à présent par l’historiographie nord-africaine et européenne en général : quelles raisons justifient ce manque ?

On fait comme si ces régions n’avaient connu et parlé que l’arabe pour l’Afrique du Nord et, au mieux, trois langues dans ce qui fut al-Andalus. L’idée est foncièrement intériorisée également dans les milieux spécialisés. Ainsi, le fameux arabisant espagnol Emilio Garcia Gómez nous rappelle – encore en 1977 – , que les personnes cultivées parlaient normalement trois langues : l’arabe classique, l’arabe dialectal et le roman6. Mais alors, quelle aurait été la place du berbère ? Pourquoi n’en parle-t-on pas, alors même que les historiens de tous bords semblent d’accord sur le fait que la composante ethnique berbère avait été substantielle parmi la population de l’époque, et que celle-ci avait joué un rôle important, voire décisif, dans l’occupation islamique de la péninsule Ibérique et dans les nombreux événements qui ont jalonné son histoire ?

L’importance de cet élément berbère avait pourtant été relevée assez tôt par la plupart des premiers arabisants ou médiévistes espagnols de renom, comme F. Javier Simonet (1862)7, F. Codera y Zaidin ou son disciple J. Ribera y Tarragó (1886, 1926)8. Pourtant, il faut attendre les années 1945-19469 pour lire les premiers articles réclamant un plus grand intérêt pour l’étude du berbère. En fait, ce n’est que vers les années 1960 que Jacinto Bosch Vila développera un axe de recherche approfondi sur l’apport de l’élément berbère en Andalus, se distinguant ainsi de la ligne générale poursuivie par les arabisants espagnols jusqu’alors10. Cet intérêt se limitera toutefois, en raison de l’orientation académique de l’auteur, aux aspects historiques, historiographiques ou tout au plus sociologiques de cette présence. Les travaux de type linguistique s’ils commencent à émerger timidement, se cantonnent à la toponymie espagnole et ses possibles relations avec le berbère. Relevons à cet égard l’apport fondamental de C. E. Dubler11, de J. Oliver Asin (notamment en 1970 et surtout 1973)12 et plus tard de bien d’autres chercheurs. Ainsi avec Identidad y Onomastica de los Bereberes de Al-Andalus, le chercheur dispose actuellement d’un travail qui fait une bonne synthèse sur les questions de toponymie et surtout d’onomastique berbère en Andalus13.

Les études berbères semblent d’ailleurs connaître un certain regain d’intérêt ces dernières années puisque nous assistons à la publication de très intéressants travaux sur la présence du berbère dans les parlers d’al-Andalus, et ce surtout grâce à l’importante contribution de Frederico Corriente dans ce domaine14.

Ce bref rappel visait donc à souligner, s’il le fallait, la disproportion entre la forte présence de l’élément berbère en Andalus – historiquement indiscutable – et l’absence patente de son reflet dans les travaux de linguistique qui portent sur cette même région et période. Une telle situation n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de l’Afrique du Nord d’aujourd’hui, conférant du coup certains aspects de la situation contemporaine des racines bien plus profondes.

Or, si le berbère se pratiquait au cours de ces périodes médiévales, et il paraît difficile de le nier, quelles en étaient les caractéristiques phonétiques phonologiques ou syntaxiques ? Quelles en étaient les variantes les plus répandues ? S’était-il développé une espèce de koinè entre les différents groupe ; berbères ? Quel en était l’usage ? Était-il confiné aux seuls espaces ruraux’ Quelles en étaient les limites et la diffusion sociale ?

La coexistence de ces différentes langues pose, de manière générale, la question du rapport qu’elles entretiennent entre elles (interférences ? langue ; hybrides ? lingua franca ?). Dans une telle diversité linguistique, il faudra nécessairement voir les lieux d’une histoire où les protagonistes peuvent avoir des choses en commun, des échanges, équilibrés ou non, ou encore des vies parallèles, cloisonnées, si ce n’est des rapports d’acculturation ou d’antagonisme.

De grandes lacunes parsèment les sources historiques et linguistiques de l’époque. Bien au-delà de certains aspects qui touchent l’historiographie ou l’histoire événementielle, ces vides sont en général trop grands et trop nombreux pour pouvoir établir, sur des bases sûres, l’ébauche d’une histoire sociale des situations linguistiques de l’époque médiévale.

Pourtant, malgré ce silence des sources traditionnelles, il y a de fortes raisons de penser avec Paulette Galand-Pemet15 que l’étude critique des manuscrits existants serait à même de fournir des documents susceptibles d’améliorer nos connaissances sur la langue et la culture berbères de l’époque Parmi les différents genres de textes connus, il conviendrait de tenir compte également des différents traités scientifiques qui, même s’ils sont rédigés en arabe, n’en contiennent pas moins des données non négligeables sur le berbère.

C’est dans cette perspective que s’inscrit cette présentation d’un projet de réédition d’un traité de botanique anonyme du xie-xiie siècle.

Sur le plan théorique et méthodologique, il n’y aura pas lieu ici de faire une analyse du discours sur le berbère à partir de cette œuvre, même si les éléments structurants de ce discours peuvent s’y retrouver. Il s’agira plutôt de donner quelques exemples des types d’informations que peut nous apporter ce genre de documents dans notre quête de l’état de la langue, du ou des contextes de son utilisation, ainsi que de ses rapports avec son environnement.

Sans prétendre à l’exhaustivité, on se limitera modestement à quelques aspects linguistiques et sociolinguistiques de l’œuvre, conscient que ce genre de sources pourrait également être exploité pour en tirer des informations de type géographique, ethnologique, religieux, anthropologique, etc.

Données sociolinguistiques et historiques d’un manuscrit du xiie siècle

Œuvre connue dans la littérature spécialisée16, il a fallu pourtant attendre l’année 1990 pour qu’une publication complète voie le jour avec l’édition de l’académicien marocain Muḥammed el ‘Arabî el-Ḫattâbî17. Celui-ci attribue nettement la paternité18 de l’ouvrage au botaniste sévillan Abû l-Ḫayr el-Išbîlî connu déjà comme l’auteur d’un Kitâb al-filâḥa (Traité d’agriculture).

Même si l’identité de l’auteur n’est pas encore définitivement tranchée nous pouvons avancer, à suivre ses propres données biographiques, que l’auteur était andalou. Il avait probablement vécu à Séville à l’époque d’al-Mu‘tamid ibn ‘Abbâd (1040-1095) et avait connu les deux botanistes de Tolède Ibn Baṡṡâl et Abu al-Ḥasan ibn al-Lunquh (m. en 1104), dont il aurait été le disciple.

L’utilisation de l’édition marocaine s’étant avérée à bien des égards insuffisante, il a été décidé de reprendre complètement l’édition et la traduction de l’œuvre en se basant sur les deux copies du manuscrit, conservées, la première (A), à la bibliothèque de l’Académie royale de l’histoire de Madrid (n° XL) dans la collection Gayangos ; la deuxième (B), à la Bibliothèque générale de Rabat (n° 3505 dal en arabe)19. Il s’agit d’un dictionnaire assez volumineux de matière médicale végétale de 243 folios, rédigé en caractères maghrébins occidentaux.

Le manuscrit donne des noms de plantes en arabe avec leurs correspondants dans d’autres langues, notamment et très souvent le berbère L’auteur se réfère lui-même à quelques langues comme le roman, l’arabe andalou (lisân ahl al-andalus) et bien entendu l’arabe classique. Les autres langues citées dans le texte le sont, soit parce qu’elles constituent des langues qui servent de support aux ouvrages de botanique de référence utilisés par l’auteur du manuscrit (notamment le latin et le grec), soit parce que l’auteur y voit des langues qui seraient à l’origine de certains noms de plantes (syriaque nabatéen, persan, etc.).

 

Il resterait à expliquer, en revanche, l’emploi et la présence massive de phytonymes amazighes20 dans un traité de botanique rédigé en arabe. Cela pourrait en effet surprendre eu égard à l’insignifiante présence du berbère dans la littérature arabe ou occidentale, ancienne ou moderne.

Pourtant, l’étude du manuscrit montre que cette présence est no seulement réelle, mais aussi connue dans ses détails, puisque l’auteur de l’œuvre va même jusqu’à évoquer explicitement les différents groupes berbères faisant même parfois des références indirectes aux rivalités entre Zénètes Sanhadja21 :

en parlant du « melon d’eau » ou pastèque (Citrullus vulgar Schraeder) l’auteur cite le terme arabe afalasṭîn » (A 789, Ḫ § 198)22 tout en spécifiant que les Almoravides désignent le melon par le terme ad(i)qal en précisant que « le /qâf/ se prononce entre le /qâf/ et le /kâf/ » (adigal) [bayn al-qâf wa-l-kâf]. Cette observation laisse entendre que les autres groupes berbères utilisaient un autre mot. De fait, le berbère connaît d’autres termes. Ainsi agan est utilisé pour un type de « melon vert »23 en tachelhit. Le même dialecte emploie ce terme également dans le sens de « concombre »24. Dans d’autres parlers on utilise le terme arabe beṭṭî (= lbetṭî/walebṭṭî) pendant que les autres usent du terme dellâ‘. En tout cas, Le terme âflasṭîn, donné par l’auteur du manuscrit – ou le copiste – comme amazighe, n’apparaît jamais dans ces recensions. D’un point de vue strictement linguistique, relevons, en outre, la surprenante absence du suffixe de la nisba, qui aurait dû donner âflasṭînî. En définitive, il apparaît que ce terme désigné comme amazighe pourrait bien être le fruit d’une erreur de l’auteur ou alors un terme utilisé par la population berbérophone de l’époque, mais tombé, depuis, en désuétude.

dans le cas d’un autre phytonyme, le « piment noir de Guinée », appelé également « poivre d’Afrique », « poivre d’Éthiopie », « poivre des maures » ou « poivre des singes » et en arabe fulful sûdânî, ǧulbân al-Ḥabaša (Xylopia aethiopica A. Rich), l’auteur nous renvoie à la désignation spécifique en usage, cette fois, chez les Masmoudas qui utilisent, selon l’auteur, le terme aqurrûm (A 71 ; A13918 ; A 37817 [qur(r)ûm] / B 2563[qurrûmî] ; Ḫ §§ 110, 396, 1946.

Le terme asarġyûl « lavande » (Lavandula stoechas L.), qu’il faut lire probablement comme azir weġyul, ustūḫdūs aqṣar en arabe est présenté par l’auteur comme une forme propre aux locuteurs zénètes (Ḫ § 2585). Le plus intéressant est que l’auteur de la ‘Umda donne par la suite d’autres synonymes de la lavande comme berbère : asemmûn et izrî.

Dans d’autres cas, l’interprétation de certains termes est directement faite en arabe. Ainsi le terme lihyat am(u)sûn25 donné comme « capillaire », « faux capillaire » en français (Asplenium trichomanes), ša‘ar al-ġûl en arabe, est probablement le résultat d’une traduction directe de l’expression berbère tammart umsûn, « barbe de Amsoun ». L’auteur dit l’avoir vu sur « l’autre rive dans l’oued Amsûn et que les berbères l’appellent la barbe d’Amsoun ». L’auteur explique l’usage du mot « barbe » par la ressemblance de la plante aux poils d’une barbe (Ḫ, p. 75). Il semble donc clair que l’auteur rend en arabe l’expression berbère tammart, « barbe ». Ce nom est d’ailleurs retenu tel quel par le dictionnaire des noms de plantes de A. Issa26 qui donne sous Asplenium trichomanes L. tammart misûn (barbariyya). A. Issa fait même référence au fleuve (a)Msoun27 qui coule dans la partie nord-orientale du Maroc entre la ville de Taza dans le sud en passant par Guercif, la ville de Msoun jusqu’à Taourirt dans le nord.

Parfois, le terme berbère est tellement connu et introduit dans les autres langues parlées environnantes que les locuteurs oublient l’origine du mot et le considèrent comme arabe. Cette hésitation ou confusion affecte également les spécialistes comme le montre l’exemple suivant :

addâd / dâd : Ḫ §§ 36, 225 désigne le « chardon à glu », ġal(la)tân, baškrânya, išî, šawk al- ‘ilk, en arabe (Atractylis gummifera L.). Tout d’abord l’auteur de la ‘Umda ne cite pas une origine berbère de ce mot. En une première occurrence (A 1016 ; 16612 et 2144, 12), il se contente de préciser – à chaque fois – un trait phonétique intéressant : bi-dâlayn ġayr mu ‘ğamatayn « avec deux /d/ non étrangères », mais en deux autres cas, le terme est donné sans autre commentaire quant à son origine, yu ‘raf bi-ddâd« connu comme ad-dâd » (A 1620). Tout en identifiant addâd avec la même plante, Issa (p. 27) donne également le mot al-waḥîd pour le Maghreb. Le Beaussier28 le relève aussi comme addâd y addâd al-waḥîd qu’il identifie comme Actractylis gummifera et Carlina Chameleon albus ou nigra (p. 7), mais ni ces deux derniers auteurs ni même al-Ḫattâbî ne mentionnent son origine berbère.

De fait, les dialectes arabes nord-africains connaissent toutes les variantes du mot avec ou sans l’article ddâd – sans le formant berbère du masculin, probablement ressenti comme redondant ; la séquence tendue /dd/ faisant penser déjà à l’article arabe. Nous le retrouvons chez plusieurs auteurs dans le sens : « Chardon à glu », comme Bellakhdar : âddâd, ddâd (Maroc, Algérie, Tunisie)29. Sijelmassi pour sa part30 ne note comme berbère (avec un astérisque) que les termes ahaqyoun et tifruwa. Les termes ed-dâd et addâd, qu’il cite également, ne sont pas indiqués comme tels. Même cas chez Rolli31 qui donne comme arabe, hedded.

H. Venzlaf32 reconnaît en revanche l’origine berbère du mot, dont elle introduit les différentes variantes amazighes comme dans l’arabe dialectal : adad, addad, áddäd, wáddäd, addäd, ddäd, addâd, haddad, heddad, leddad, eddâd, dad, däd, toujours avec le même sens.

Pour les parlers berbères, l’affaire semble très claire puisque le terme apparaît dans pratiquement tous les grands parlers avec, bien entendu, certaines variantes phonétiques ou parfois morphologiques. Nous retrouvons la variante brève : áddäd dans plusieurs dialectes du Sous, ainsi qu’une variante plus longue, préfixée : wáddäd33. R. Basset cite le même terme en se rapportant à Ibn al-Baytar qui l’enregistre dans la zone de Bougie (Kabylie)34 Le terme est également attesté dans plusieurs autres dialectes amazighes.

Dans d’autres cas, l’assimilation est encore plus nette. Le terme n’est pas donné comme berbère parce qu’il est considéré comme appartenant au lexique de l’arabe andalusî et se trouve donc précédé de la mention « Ls. » (lisânu-nâ = « notre langue », dialecte d’al-Andalus) ou bien tout simplement inclus dans le texte comme un terme arabe courant.

Un apport proprement linguistique

L’intérêt premier de ce texte sera pour le berbérisant de restituer une certaine profondeur historique à des données linguistiques contemporaines. Il permettra un enrichissement du lexique berbère des plantes grâce à la récupération d’un nombre important de phytonymes, enfouis sous les sédiments de l’histoire et que l’on croyait définitivement perdus pour la plupart des parlers actuels : tiqrad (Ḫ 1199, A 10621) pour le cumin, le carvi, karwiyyâ en arabe ; le coton, cotonnier : qutun en arabe (Gossypium herbaceum L.) qui porte le nom amazighe tâbuduġt (A 10916B5819) ; taqindawt (A 1095, 162) qui désignait le cocotier (noix de coco), ğawz al-hind, nârğîl en arabe (Cocos nucifera L.) ; tabdîġâ (A 1067) pour le faux sang-dragon, arabe : šayyân (Dracaena draco L.), etc.

De la même manière, le texte permet de faire remonter au moins à la date du manuscrit l’apparition de quelques emprunts comme badenğan« aubergines » (persan), atfaḥ, « pomme(s) » (arabe), etc.

Sur le plan phonétique et phonologique, les données du texte contribuent à améliorer notre savoir – limité pour le moment – sur l’état de la langue berbère du xiie siècle tout en mettant en exergue la permanence – et en l’occurrence, l’ancienneté – de certains phénomènes comme la spirantisation, l’assourdissement conditionné des vélaires ou la parfaite correspondance /ġ/ > /q/ comme le montre l’exemple tabdoq/tibduġin(plur.) (= « coton non filé ») attesté chez Foucauld35 pour le touareg et qui ne s’est maintenu que dans peu de parlers du Sud comme le teggargrent(wargli)36 où est attestée la variante sourde tafduxt, issue de la racine fdġ.

Sur le plan morphosyntaxique nous avons la confirmation de l’existence de constructions comme la composition ou celles de dépendance génitivale qui, comme aujourd’hui, se réalisaient parfois avec la préposition /n/ et parfois sans, c’est-à-dire sans changement par rapport à l’usage actuel.

Sur le plan sémantique, les structures de désignation et de référence renvoient à un système de dénomination, qui gardera ses spécificités d’une part et, d’autre part, partagera, avec d’autres langues certains procédés tels que l’usage de certains noms de parties du corps pour leur ressemblance réelle ou supposée avec certaines plantes (patte dé…, œil de…, pied de…, etc.) ou d’animaux (âne, chacal…) pour désigner des espèces sylvestres.

Emprunt et prédéterminisme

Le texte de la ‘Umda, outre qu’il répond à certains besoins en terminologies spécialisées, permet ainsi de relativiser quelques prédéterminismes quant à la nature et au sens des échanges qui avaient eu lieu entre certaines langues.

Nous connaissons bien, au moins depuis les travaux de H. Schuchardt37, les hypothèses – aujourd’hui plus ou moins acceptées – du cas de passages de certains termes du latin vers le berbère comme târûbyâ < rubia(« garance », arabe fuwwat aabġ). Le terme est largement attesté dans les différents parlers amazighes : kabyle, tarubya ; tachelhit, tarubi, etc. Le mot est également attesté dans le Glossaire de matière médicale, édité par H.P. J. Renaud et G.S. Colin38 qui relève que « les Berbères la nomment tarûbya », ainsi que chez Ibn al-Baytar39 qui souligne, lui, son origine latine : « Nous avons trouvé chez les Kabyles du Jurjura la garance, appelée Taroubiat, forme berbérisée du Rubia des Latins ». Le mot trouve également sa place parmi les emprunts berbères aux langues romanes de H. Schuchardt (p. 24), chez E. Laoust40 qui donne la variante tarubia. Relevons, enfin, que le berbère dispose également d’un terme propre. Destaing mentionne par exemple, tiġmit / tigmitin qui provient de la racine gm > iġmi signifiant dans plusieurs dialectes amazighes (kabyle, tachelhit, tamazight) « teinture, action de teindre ».

Un cas similaire est celui de tirfâs < bas latin tûfěras < latin tûběra = « truffes ». Ce nom est cité dans les diverses sources comme Ibn el-Baytar qui en donne une longue description (C, 1964) et précise (A, 411 ) que « Terfass […]. C’est le nom berbère des truffes ». Le terme existe dans le berbère actuel, par exemple dans la variante tachelhit41 et en arabe dialectal tterfâs (Algérie,- Maroc).

Ces exemples ne sont que quelques-uns parmi une série bien plus longue qui contient d’autres termes qui ont été déjà traités par ailleurs42.

Emprunts du latin à l’amazighe ?

D’autres cas sont en fait moins clairement d’origine latine qu’il n’apparaît à première vue : ainsi en est-il du mot âlîlî (H § 835, A 21118) « laurier-rose », arabe : diflà (Nerium oleander L.). Censé dériver du latin, ce terme s’avère en fait, selon J. André (p. 145) un emprunt « à une langue méditerranéenne orientale… »43. Or, dans l’écrasante majorité des parlers berbères le mot âlilî est attesté tel quel ou sous une variante très proche. Bellakhdar (n° 53) signale également une variante du terme pour les parlers touaregs du Sud algérien : êlel, pour le laurier rose. Le même auteur donne ddeflâ comme nom arabe de la plante dans toute l’Afrique du Nord et le monde arabe. On retrouve les mêmes données dans l’ouvrage de Laoust44.

En réalité, un prédéterminisme, peut-être inconscient, mais assez général, fait que lorsqu’un mot est attesté en berbère et en latin, on ne s’est pas, jusqu’à présent, posé trop de questions quant au sens du transfert : dans neuf cas sur dix, on ne tient pas compte du fait que le berbère a pu donner un ou plusieurs mots à une langue aussi prestigieuse que le latin. Pourtant les indices sont là et ils sont souvent délivrés par les auteurs latins eux-mêmes, lesquels, dans l’impossibilité, parfois, de trouver une étymologie latine ou grecque à un mot déterminé s’en remettent à un « latin d’Afrique » ou bien à une encore plus vague « origine inconnue ». Or, dans certains cas, et bien que le mot latin soit plus connu en Europe que son correspondant en amazighe, l’emprunt peut se réaliser dans le sens contraire et passer des provinces amazighes de l’Empire romain au latin.

À l’évidence, la seule ressemblance/attestation dans les deux langues ne suffit pas pour en déduire le sens de l’emprunt, surtout lorsque les racines berbères attestées ne permettent pas non plus d’en donner une étymologie plus satisfaisante. Toutefois, la somme d’indices combinée à une structure morphologique avantageuse permet au moins d’établir des pistes et hypothèses de travail. La ‘Umda recèle ainsi des cas connus ou inconnus et susceptibles de se confirmer comme tels45.

tâbûdâ > latin buda, -ae : « quenouille » ou « la massette » (Typha sp.). Le mot est attesté dans ce sens dans la majorité des parlers berbères.

taġundast > tagantes, -is46: « pyrèthre » (Tanacetum vulgare L.). Le mot apparaît dans d’autres œuvres de la littérature classique sur les plantes (‘Umda, Tuhfa), mais également chez H. Schuchardt (p. 16), qui voit dans le ta-initial la marque du féminin berbère.

salġwâ > siliqua, -ae : « caroubier », arabe : ḫarrûb šâmî (Ceratonia SiliquaL.). Cette forme, salgwâ, que cite l’auteur de la ‘Umda est probablement déjà arabisée. La forme amazighe du mot est tasliġwa avec des variantes comme tasliuġa, sliġwa, tisliwxa dans le nord et le centre du Maroc47. Du point de vue étymologique, la racine slġ existe dans la majorité des dialectes dans le sens de « coller, empâter, agglutiner, matière gluante » ou bien directement « résine »48.

Le fait que le mot latin siliqua n’ait pas de racine connue en latin49 et que celle-ci, en revanche, existe en amazighe, permet d’envisager le fait que nous soyons en face d’un emprunt fait dans le sens inverse de ce que l’on pensait jusqu’à présent.

D’autres termes connus en latin, tels que gelala, « coloquinte », pourraient constituer des cas similaires. J. André donne également ce terme comme « latin d’Afrique », ajoutant « cf. arabe gelala de même sens »50. Le renvoi se fait bien sûr vers l’arabe, or la coloquinte (Citrullus colocynthisSchrader) se dit en arabe, ‘alqam ou ḥanḍal51, mais en berbère, comme il nous apparaît dans notre texte : tiġlal (A 1097 ; 15711). Relevons que le touareg connaît un verbe ġelellet/iġlellet qui signifie « être rond », « de forme circulaire » [le /ġ/ rend dans la notation de Foucault une spirantisation du /g/] (Foucauld).

Là encore, ce terme semble avoir été supplanté par un autre, également ancien, puisque nous le retrouvons dans le Glossaire de matière médicale, qui donne : « Ḥanẓal. Coloquinte. On l’appelle el-ḥdeğ, et, en berbère, taferzîzt (var tafersît) »52. Ce terme est aujourd’hui encore en usage sous cette forme et des variantes très proches : tafrẓiẓt / taferziz / tifarẓaẓin, taferzîst, tiferzîzt, etc., que nous retrouvons attesté dans plusieurs dialectes amazighes53.

Relevons, enfin, que le terme siliqua est également considéré par H. Schuchardt comme un emprunt des langues romanes aux langues du Sud (p. 21/22), cependant pour cet auteur, le mot serait arrivé en Europe en deux vagues. Dans un premier temps, bien avant l’islam, comme produit commercial grâce à des commerçants syriens, dans un deuxième temps importé par les Arabes.

Revenant au cas plus spécifique des langues d’al-Andalus nous devons nous interroger, pour conclure, sur le poids linguistique de la présence berbère dans l’arabe d’al-Andalus.

Comme nous l’avons déjà vu, la contribution la plus importante a été réalisée par F. Corriente54 qui a relevé lors de ses études une cinquantaine de termes berbères dans l’arabe d’al-Andalus, répartis en plusieurs domaines :

les noms d’animaux (afellus, « poulet » ; aġlal, « escargot » ; areẓ,» guêpe » ; issi ou tisist, « araignée »…) ;

les noms de vêtements, bijoux et appareils ménagers (agelmus et aqelmun, « capuchon », même si ce mot est lui-même d’origine latine cumulus ;aherkus ou arkas (en) > hirkâsah mazura et muzûra,» natte tressée avec un ruban » ; seġnes > zaġnaz, « agrafe ») ; tegra, « écuelle. boîte » ;

les noms des armes, coups et termes militaires (aberqi, « soufflet » (p.e. tamazight) > agergit, « sorte de javeline » > gargiyya déjà arabisée ; agzal, « pique courte caractéristique des Nord-Africains » > zugzal…;

le domaine de la politique et du pouvoir (afrag > alfaneque (esp. et portug.) > « tente du sultan » ; aguellid > « prince, roitelet » ; ameqran, « chef », amezwaru, « premier, chef »…

le domaine des technicismes de la cuisine (erkem > hérqueme « ragoût de tripes » ; isswi n tifayi, litt. « sauce de viande » > tafáya (cf. marocain tfaya, esp. atafea) et enfin, celui des plantes et de la phytonymie qui constitue le domaine sémantique dont provient un grand nombre d’emprunts. D’ailleurs plusieurs des exemples cités dans les travaux de F. Corriente se retrouvent dans la ‘Umda55, en l’occurrence :

addad et ses variantes : chardon à glu, Atractylis gummifera L., arabe : ġal(la)ṭân, baškrânya, săwkal-’ilk…) ;

tiġandest: pyrèthre, Anacyclus pyrethrum L., arabe ‘aqirqarḥâ, ‘akarhân,’akarkahrân…;

aderyes: tapsie ou faux fenouil, Thapsia arganica L., arabe anǧudân, târra, tâfisyâ…;

aḍar aylâl [litt. pied d’oiseau] : cerfeuil, Ptychotis verticillata, arabe riǧlal-ġurâb ;

masmaqûrah > musmuqûrân : aristoloquia, Aristolochia sp., zarâwund,corruption de ammas immequren, litt. « hanches larges », à cause de ses vertus obstétriques ;

awermi : rue, Ruta graveolens L., arabe : sadâb ;

arġîs : épine-vinette, Berberis vulgaris L., arabe : barbârîs,amîrbârîs…;

arq/k//jn [arǧân avec un qâf suscrit] : argan, Argania sideroxylon Roem. & Schult., arabe : zaytûn al-ḥabasa, zaytûn al-ma’z…;

azezzu > âzzâz : garou, Daphne gnidium L., maṯnân, azâz) ;

tasemmunt > dans sa variante au masc.: âs(a)mâman : valériane, Valerianasp., arabe : mzûrqà. Les parlers actuels connaissent toutefois le terme pour désigner une autre plante : l’oseille commune (Rumex acetosa)

taserġint > awsarġint : sarghine, Corrigiola telephiifolia Pourr., arabe : baḫûr al-barbar. mawriškuh, baḫûr al-malik.

Enfin et pour clôturer la liste des 14 noms berbères de plantes que Corriente dégage dans l’arabe andalou, le dernier terme qu’il cite wajdim Cacalia verbascifolia, « cacalie », n’est pas parmi la liste des termes cités dans la’Umda, cependant, un terme proche est attesté en revanche chez les Ait-Messad (tachelhit) par Laoust56 waujdĕm, « pissenlit ».

Conclusion

Autant les données historiques qu’historiographiques laissent apparaître une contradiction patente entre, d’une part, la présence de l’élément humain berbère, très largement attestée historiquement dans la péninsule Ibérique et, d’autre part, sa marginalisation voire son absence quasi complète des travaux sur la région et la période considérées. Certaines ébauches d’explication ont été avancées çà et là, comme par exemple : l’organisation socioculturelle typique des sociétés berbères différente de celle des populations arabes (civilisation dominante) ; l’attitude méprisante qu’auraient eu les Andalous de souche et les Arabes envers les groupes berbères, accusés de semer la discorde et l’instabilité, voire de détruire les structures de l’État omeyyade en Andalus ; le fait, enfin, que les Berbères auraient été arabisés à leur arrivée dans la péninsule Ibérique.

Du point de vue purement historiographique, la documentation existante sur l’époque d’al-Andalus est en arabe. Elle est issue de milieux urbains où la présence berbère ne pouvait d’aucune manière concurrencer l’arabe. Face à celle-ci, langue dominante, de prestige et de culture de l’époque, le berbère andalou – comme encore très souvent aujourd’hui – a dû probablement avoir un usage surtout oral et des fonctions limitées aux espaces intérieurs, comme langue du « dedans ». Ibn Khaldûn considère lui-même que les Zénètes ont mis « peu de soin » à « conserver les détails » de leur histoire et pense que la cause de cette négligence « fut le grand progrès que la langue et l’écriture arabe [connurent] à la suite du triomphe de l’islamisme » et qui finirent par « prévaloir à la cour des princes indigènes ». Aussi, ajoute-t-il, « elle [la « race zénatienne »] négligea sa propre histoire, au point d’en laisser tomber une grande partie dans l’oubli »57.

Bien sûr, certaines de ces raisons ont pu jouer un rôle, d’autres sont au moins discutables, mais il demeure que celles-ci ne sauraient suffire pour expliquer le vide qui caractérise cette époque. Ceci étant, il existe, malgré tout, une documentation, certes pas très riche, mais encore inexploitée qui pourrait donner certains résultats et ouvrir d’autres perspectives. L’exemple des traités de botanique, comme la ‘Umda aṭ-ṭabîb témoigne d’une présence vivante de la langue berbère dans le contexte d’al-Andalus. Bien sûr, la présence de mots berbères dans la langue d’al-Andalus ne saurait – à elle seule – impliquer une pratique de cette langue, cependant, la conjonction des données linguistiques (traces berbères dans la toponymie et dans la langue) et la présence de berbérophones sur le sol d’al-Andalus – et ce durant des siècles – ne laisse aucun doute quant au fait que cette langue ait été pratiquée. Si nous savons que l’élément berbère était dès le début de la conquête musulmane fortement présent, nous n’avons en revanche pas de travaux sur l’usage de la langue amazighe durant cette époque. Pourtant, l’exploitation profonde des données historiques, linguistiques et littéraires pourrait nous donner d’intéressants indices sur des questions pour le moment sans réponse : jusqu’à quand a été pratiqué le berbère ? où ? pour quels usages ? en contexte rural ? urbain ? etc.

La publication au cours de ces dernières années d’ouvrages et d’articles traitant du rôle des Berbères en Andalus renforce cette hypothèse. Les premiers indices obtenus font surgir des données sur une langue qui semble bien avoir laissé des traces dans le vocabulaire de plusieurs domaines de la langue et de la culture d’al-Andalus. Ce constat nous interpelle quant à la situation linguistique véritable qui régnait dans ce pays et qui devrait transcender les schémas traditionnels prédéterminés par une bipolarité opposant exclusivement l’arabe – langue dominante – au roman, langue indigène. Ils font apparaître en filigrane des situations de métissage, d’acculturation et d’échanges éludées jusqu’à présent par l’historiographie tant arabe qu’occidentale.

Mohand Tilmatine
Source :Openedition.org

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NOTES

1 Ces aspects ne font d’ailleurs pas non plus l’unanimité entre les spécialistes. À ce sujet, voir par exemple le numéro spécial de la revue al-Qantara (XI, 1990), qui en donne un aperçu assez significatif.

2 L’identification, la localisation et le catalogage d’un grand nombre de ces documents a connu une avance appréciable grâce notamment aux travaux de P. Galand-Pemet, 1972 ; Id., 1973. N. van den Boogert (1998) a contribué à faire connaître le Fonds Roux, de grande importance pour les études berbères.

3 J.-D. Luciani, 1897 ; N. van den Boogert, 1997.

4 Cf. À. Amahan, 1993.

5 R. Basset, 1899, p. 58; G. Marcy, 1932; S. Chaker, 1981; Id., 1983.

6 E. Garcia Gómez, 1977.

7 Francisco Javier Simonet soulignait, dans un discours prononcé le 15 septembre 1862 lors de sa réception à la chaire de Langue arabe à la Faculté des lettres de Grenade, « l’utilité de l’étude et de la culture de la langue arabe pour illustrer l’histoire de notre nation, à l’aide de documents écrits dans cette langue ». II relevait entre autres, que les Berbères jouèrent « un rôle éminent dans l’histoire de l’Espagne musulmane […] ».

8 F. Codera Zaidin, 1917 ; J. Ribera Tarragó, 1886. Rappelons également que E. Lévi-Provençal (1932) fut parmi les premiers auteurs à offrir dans le chapitre I quelques pages consacrées à l’élément berbère d’al-Andalus.

9 A. Tovar Llorente, 1946 : 1. de las Cagigas. 1946

10 J. Bosch-Vilá (1976) cite les sources bibliographiques sur l’intérêt qu’offre le thème berbère pour l’histoire d’al-Andalus, notamment l’élément humain.

11 C. E. Dubler, 1943.

12 J. Oliver Asin, 1970 ; Id., 1973.

13 H. de Félipe, 1997.

14 F. Corriente, 1985 ; Id., 1981, et dernièrement 1998.

15 P. Galand-Pemet. 1978. p. 384.

16 Cf. notamment M. Asin Palacios. 1943

17 Muḥammad al-‘Arabî al-Ḫaṭṭâbî, 1990.

18 Les raisons qui militent en faveur de cette position sont expliquées dans l’introduction d’el Ḫaṭṭâbî, puis reprises et étayées par Julia M.a Carabaza Bravo, in C. Vâzquez de Benito et M. A Manzano Rodríguez (éd.). Salamanque, 1995. D. Urvoy (1990, p. 66) l’attribue en revanche au Muḥtassib sévillan Ibn ‘Abdûn.

19 Ce travail est mené par F. Corriente, J. Bustamante et M. Tilmatine.

20 Autoglotonyme utilisé ici parallèlement au terme berbère de plus en plus en désuétude et Afrique du Nord. Pour une justification de son usage normalisé dans certaines langues européennes, cf. pour l’allemand et l’espagnol, M. Tilmatine, 1995 ; Id., 1998-1999.

21 Cf. par exemple C. López-Morillas, 1977.

22 Abréviations : A : ms. R.A.H. Madrid, pageligne/ B : ms. B.G. Rabat, pageligne. Identification en nomenclature binomial ; Ḫ : Khattâbî + numéro de la référence de l’entrée.

23 E. Laoust, 1921, p. 128.

24 E. Destaing, 1938, p. 72 et 183.

25 Attesté dans A 3816; A 30020/ B 18025; A 43623 / B 30816 ; Ḫ §§ 104, 1290, 2527.

26 A. Issa, 1930, p. 25.

27 Dans sa graphie française actuelle.

28 M. Beaussier, 1958.

29 J. Bellakhdar, 1997, p. 184.

30 A. Sijelmassi. 1993. p. 90.

31 K. Rolli, 1991, p. 189.

32 H. Venzlaf, 1977, p. 32-33.

33 E. Laoust, 1920, p. 509.

34 R. Basset, 1899 (voir note de bas de page 4).

35 Père C. de Foucauld. 1951-1952, ici vol. I, p. 25 et 30

36 J. Delheure, 1987, p. 445.

37 H. Schuchardt, 1918.

38 Tuḥfat al-Aḥbâb. Glossaire de matière médicale marocaine.

39 A. A. Ibn Al-Baytar, 1877-1883.

40 E. Laoust, 1920, p. 506.

41 E. Destaing, 1938, p. 287.

42 À ce sujet, voir tout récemment V. Brugnatelli, 1998.

43 v J. André, 1985.

44 E. Laoust, 1920, p. 484.

45 Les exemples qui suivent ont été traités plus en détail dans un autre cadre : M. Tilmatine, 2002 La liste complète de ces noms de plantes a fait l’objet d’une publication récente : M. Tilmatine, J. Bustamante, 2000-2001.

46 J. André, p. 254 : « tagantes (-tis) -is, f., origine inconnue… ».

47 A. Renisio, 1932, p. 315 ainsi que E. Ibañez, 1949, p. 35. Relevons que Ibañez (1947 ; Id 1961) qui avait également repéré l’attestation du nom en berbère et en latin préconisait un emprunt du berbère au latin.

48 Comme c’est le cas de aselġa en rifain p. e. (A. Renisio, 1932, p. 448).

49 Pour J. André (1985, p. 239), le latin siliqua n’a pas d’étymologie connue et le caroube reçoit le nom de siliqua Afra chez Pline.

50 J. André, 1985, p. 109.

51 Cf. A. Issa, 1930, p. 50.

52 Cf. Glossaire de matière médicale marocaine… s.v. n° 177.

53 P. et J. Bellakhdar, s.v. n° 184 ; E. Laoust, 1920, p. 166, etc.

54 F. Corriente, 1996 ; Id., 1992 ; Id., 1985 ; Id., 1981 : J. Coromines, 1951.

55 Voir la liste de ces termes dans M. Tilmatine, J. Bustamante, 2000-2001, note 44.

56 E. Laoust, 1920, p. 519.

57 Ibn Khaldûn, 1925-1956.

Bassem ABDI

Passionné d'histoire, j'ai lancé en 2013 Asadlis Amazigh, une bibliothèque numérique dédiée à l'histoire et à la culture amazighe ( www.asadlis-amazigh.com). En 2015, j'ai co-fondé le portail culturel Chaoui, Inumiden.

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