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Le CMA exprime son total soutien aux Amazighs de Libye

La Libye vit depuis plusieurs années sans autorités gouvernementales démocratiquement désignées et dans un chaos politique et sécuritaire total. Deux gouvernements se disputent le pouvoir et le pays est divisé en diverses zones contrôlées par des milices militaires ou paramilitaires. C’est dans ce contexte de guerre civile que semble se préparer une «conférence de dialogue national au cours des premières semaines de 2019» selon Ghassan Salamé, l’émissaire de l’ONU en Libye et qu’un «référendum constitutionnel» est prévu pour le mois de février prochain.

Or, le projet de Constitution tel qu’il est rédigé aujourd’hui a déjà été catégoriquement rejeté par les Amazighs de Libye par la voix du Haut Conseil des Amazighs, parce que ce projet fonde l’identité du pays sur la suprématie de la langue et de la culture araboislamiques et relègue les composantes amazighe et Touboue au rang inférieur. C’est donc un projet basé sur la discrimination raciale en violation flagrante du droit international et des principes démocratiques.

Dès son article 2, tout en reconnaissant que «les langues arabe, amazighe et touboue font partie du patrimoine culturel et linguistique de tous les Libyens», le texte constitutionnel prévoit que «la Libye fait partie de la nation arabe» et que «la langue arabe est la langue de l’Etat». Le texte ajoute : «la loi organisera l’intégration des autres langues libyennes dans les domaines de la vie en général aux niveaux local et national». Cela affirme clairement une position privilégiée pour la langue arabe et une position secondaire pour les langues amazighe et touboue. Cela augure un projet de société avec deux catégories de citoyens : les Arabes, Libyens à part entière et les Amazighs et les Toubous, citoyens de seconde zone. Un tel schéma ségrégatif renverrait la Libye aux pires moments de l’ère Kadhafi, ce qui est évidemment inacceptable, raison pour laquelle il a été refusé par les Amazighs de ce pays.

Par ailleurs l’article 6 mentionne que «l’islam est religion d’Etat et que la Chari’a islamique est la source du droit». S’ensuivent d’autres articles discriminatoires qui interdisent à un Libyen non musulman d’être candidat à la Chambre des représentants (article 69) ou à la présidence de la république (article 101) et que la justice est rendue «au nom d’Allah» (article 189). Ces articles ont visiblement pour but d’imposer une république islamique, au mépris de la diversité des cultures et des croyances en Libye.

En conséquence, le Congrès Mondial Amazigh dénonce le caractère raciste de ce projet de Constitution et met en garde contre les graves risques de conflit que cette méthode anti-démocratique et malhonnête ne manquera pas de provoquer. Le CMA exprime naturellement son total soutien au Haut Conseil des Amazighs de Libye et l’assure de sa solidarité dans ses revendications et dans les initiatives qu’il jugera utile de prendre dans le but de défendre la dignité, les droits et les libertés du peuple amazigh autochtone de ce pays.

Le CMA appelle l’UA, l’ONU et les partenaires européens de la Libye à ne pas cautionner l’instauration d’une théocratie totalitaire dans ce pays et à agir par tous les moyens pour favoriser l’avènement d’une Libye démocratique, plurielle et ouverte au progrès humain universel.

 

Paris, 10/12/2968 – 22/12/2018

 

Le Bureau du CMA

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