Histoire antique

Le jour où les femmes berbères sacrifièrent leurs bijoux pour faire la guerre à Carthage

La « guerre inexpiable » , tel est le nom que l’historien  Polype a donné à la révolte des mercenaires contre l’impérialisme Carthaginois en 241 av. J.-C .
Commencée comme une simple mutinerie à cause de soldes impayés, cette révolte se transforma en une guerre féroce contre  Carthage qui dura plus de trois ans .
À la fin de la première guerre punique en 241 av. J.-C, Carthage doit affronter deux problèmes urgents et graves : licencier son armée de mercenaires, recrutée notamment chez les Numides, les Ibères, les Celtes et les indigènes des îles Baléares ; payer leur solde à des hommes dont la guerre est le seul métier et l’unique ressource.
L’effort de guerre, les dépenses engagées, la défaite militaire, les indemnités versées à Rome ont ruiné Carthage. Les mercenaires licenciés en Sicile par le général carthaginois Giscon arrivent à Carthage et forment une population désœuvrée qui réclame en vain son dû. Carthage verse parcimonieusement de l’argent à ces misérables, en leur promettant pour plus tard la somme à laquelle ils ont droit.

Lancier libyen de l'armée punique, représentation de Theodore Ayrault Dodge, 1891
Lancier libyen de l’armée punique, représentation de Theodore Ayrault Dodge, 1891

En même temps, pour renflouer ses caisses, les carthaginois n’hésitent pas à pressurer et d’accabler d’impôts les paysans berbères. Les mercenaires, mené par le berbère Mathôs se révoltent et entraînent dans leur mouvement insurrectionnel cette population berbère, lassées de l’oppression et de la voracité de l’oligarchie carthaginoise.
Aux soldats aigris par la souffrance, écrit Charles André Julien, « se mêlèrent les libyens qui étaient pressurer depuis le début des hostilités. On venait de confisquer la moitié de la récolte et on avait jeté en prison ceux qui n’avaient pu  payer ; 3000 de leur frère, qui avaient déserté une cause qui n’était pas la leur, avaient été crucifiés ».
Pour soutenir l’effort d’une guerre qui dura trois ans et quatre mois, les berbère durent vendre tous leurs biens : « Les femmes berbères, rapporte Ch. André Julien, sacrifièrent leurs bijoux pour la cause de la liberté ».
Les révoltés remportèrent plusieurs batailles,  assiègent Utique et Bizerte, et réussissent même à  bloquer Carthage. Mais la ville a été sauvé grâce à la trahison du prince numide Naravas qui apporta à Hamilcar  l’appuie de sa cavalerie et permit aux carthaginois de vaincre les mercenaires.
Cette défaite n’entamera pourtant pas  l’aspiration des berbères pour la liberté. L’émergence, quelques années après , d’un jeune Aguelid nommé Massinissa  , sonnera le glas de l’hégémonie  Carthaginoise et entrainera sa disparition à partir de la bataille de Zama .

Jugurtha Hanachi

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