Politique

“Mono-dialogue” de dupes: “Tambour et henné à Dellys… la fête à Tunis !” (1)

Qui ne fait pas son marché parfois ? Qui n’a pas cette suspicion légitime lorsqu’il voit sur les étales du marché les meilleures tomates ou autres légumes et fruits présentés bien en évidence vers l’avant ? On est sûr que derrière se trouve la mauvaise marchandise ou pire, la pourriture qui est servie aux clients.

Ainsi, une partie d’une délégation de dialogueurs ‘’présentables’’ vient d’être présentée à la presse au cours de la rencontre à la présidence de la République, avec un président par intérim sans mandat. Qui sont les autres et où sont-ils ?

Bien évidemment, toute similitude avec la tactique du marchand de fruits et légumes malhonnête est pure coïncidence, comme au cinéma !

On apprend par ailleurs, par la mise au point de Saïd Salhi, vice-président de la LADDH (2), que le groupe de personnes reçu à la présidence est différent de celui suggéré par le coordinateur prévu, Karim Younes.

On replonge totalement dans les manipulations de 1962/1963. Alors que le peuple veut redémarrer justement dans la bonne direction à partir de cette étape de la Libération, le système politique reprend les mêmes triturations.

Jugeons-en : en 1963 un comité chargé de la rédaction de la première constitution avait été créé sous la responsabilité de Ferhat Abbas, premier président du GPRA. Quelques jours après, un autre comité, nommé clandestinement par Ben Bella, avait rédigé une autre constitution sur mesure pour lui… elle a été ‘’votée et adoptée’’ de la même manière dans un cinéma d’Alger !

Il y a un entêtement du ‘’pouvoir de fait’’ qui est incompréhensible, vu de ce côté-ci du peuple algérien, bien évidemment.

Ce système politique veut gagner du temps pour garder le pouvoir, contre le peuple algérien, alors il fabrique des artifices de dialogue dont le seul et unique objectif est de démobiliser la société par des jeux de rôle alternant espoirs et déception. L’arsenal de tactiques, avec des hommes et des femmes opportunistes prêts à saisir les opportunités de prise de pouvoir, n’est pas achevé. Nous ne sommes qu’au début.

Dans ce marché de dupes, les anciens acteurs du système politique (Hamrouche, Sifi, …), qui connaissant bien les mœurs et pratiques du pouvoir, ne se sont pas impliqués cette fois-ci, alors qu’ils sont toujours en embuscade pour jouer enfin “leur rôle historique”. Un signe qui ne trompe pas.

Et pourtant la voie qui mène à la réalisation de la nouvelle république algérienne, fondée sur la légitimité des urnes, qui n’est inféodée ni à Paris, Doha, Riyad ou Washington, est bien là.

Elle est tracée et exprimée chaque jour et chaque semaine par le peuple algérien dans ses manifestations pacifiques : le départ du système, la désignation d’un gouvernement de transition pour la continuité indispensable de l’État, l’engagement des débats et consultations à la base dans chaque localité pour élaborer et voter une nouvelle constitution qui ne sera pas, cette fois-ci, bradée dans un cinéma.

Et pour cela, ceux qui détiennent le pouvoir doivent cesser de jouer avec le feu.

Malheureusement pour l’Algérie, dans cette situation on ne peut raisonnablement ‘’négocier d’égal à égal avec Djeha’’, pour reprendre l’expression géniale d’un concitoyen…

Aumer U Lamara, physicien et écrivain

Notes

(1) « Tbel d lhenni di Delles, tameγra di Tunes », proverbe national, probablement de la période hafside (Dynastie amazigh hafside, Tunis, 12017-1574). Pour exprimer l’art de la tromperie et de la  mise en scène.

(2) voir : https://www.lematindalgerie.com/said-salhi-clarification-au-sujet-de-la-commission-de-la-mediation-pour-le-dialogue

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