HistoirePréhistoire

La présence des premiers hommes en Afrique du Nord

Résumé :

En fonction des dernières découvertes anthropologiques émanant d’Afrique du Nord, ce texte se propose donc d’évoquer les premières traces de la vie humaine dans cette région du continent.

On admet généralement que les origines de l’Humanité sont issues de l’Afrique de l’Est et plus particulièrement de la vallée du Rift. Le livre de Lawrence Dartnell, intitulé “Origines”, souligne le lien entre le phénomène de la tectonique des plaques et des activités volcaniques avec l’émergence de la vie humaine dans cette partie du monde. La migration de l’Homme hors du continent a suivi un chemin bien connu en direction du nord. Au niveau de l’Égypte, cet épisode s’est effectué soit à bord d‘un radeau pour traverser le détroit de Bab-el-Mandeb, soit à pied à travers la péninsule du Sinaï. Les premiers à avoir pénétré en Eurasie ont été des Homo Erectus, il y 1.8M d’années. L’Homo Sapiens a ensuite suivi, mais il y a seulement 60,000 ans de cela. Entre temps, l’Homo Erectus s’était déjà largement répandu sur tout le continent africain. Les raisons de ces migrations proviennent de facteurs différents: la tectonique des plaques, les changements climatiques, la surpopulation et le besoin d’eau, de nourriture et d’espaces verdoyants nécessaires à la survie. Le couloir du Grand Rift répondait à ces exigences, aussi bien vers le nord, que vers le sud. La question est donc de savoir si cela a également été possible en direction de l’Atlantique. Peu de textes évoquent d’autres chemins migratoires. La notion d’un “passage” potentiel demeure au cœur de ces mouvements de déplacements sociaux. L’existence à cette époque d’un climat tropical humide conforte la probabilité d’une telle alternative. À l’ouest de l’Éthiopie et du Soudan, il y avait alors toute une série de grands lacs et un vaste réseau de fleuves permettant un accès vers l’Atlantique, à la fois pour les animaux et les hominidés. Le Sahara n’était pas encore un désert. L’art rupestre du Tassili n’Ajjer fournit un vaste éventail historique de cette zone géographique au travers d’images de la faune et du peuplement, il y a 10,000 ans. Malgré tout, la désertification de l’Afrique du Nord a mis fin aux conditions existantes. Les dernières études scientifiques dans ce domaine confirment qu’il y a eu un changement climatique progressif survenu au cours d’une modification de l’orbite terrestre et d’une inclinaison de l’axe de la Terre. Ce phénomène se définit sous l’appellation de “cycles de Milankovic”. Cet évènement s’est produit en deux temps. Le premier a été moins conséquent et s’est produit entre il y a 6,700 et 5,500 ans. Le second a été beaucoup plus brutal, il y a entre 4,000 et 3,600 ans. À partir de ce moment-là, le Sahara a isolé l’Afrique du Nord du reste du continent. L’Homo Erectus avait pu sans doute traverser le continent africain en direction de la côte atlantique et de l’Afrique du Nord. Toutefois, deux découvertes anthropologiques, l’une au Maroc, l’autre en Algérie, ont alors suscité la controverse et la nécessité d’avoir de nouvelles considérations. En 2004, un procédé de datation nouveau révèle que les crânes du djebel Irhoud, au Maroc, appartiennent à un Homo Sapiens primitif, vieux de 315,000 ans. Puis, en 2018, une seconde découverte faite à partit du site d’Aïn Boucherit, en Algérie, fait l’effet d’une véritable bombe anthropologique. On vient de détecter une présence d’hominidés, datée de 2,4M d’années! Ce champs de fouilles de l’Est algérien devient alors le second plus vieux site anthropologique du monde, après celui de Gona, en Éthiopie.

Ainsi donc, sans vouloir faire de conclusions hâtives, l’Afrique du Nord devient de facto un autre berceau potentiel de l’Humanité. Plusieurs scientifiques pensent aujourd’hui que cela peut s’étendre à tout le continent africain. Quoi qu’il en soit, ces découvertes révèlent l’ancienneté de l’histoire du Nord de l’Afrique. Bien plus ancienne qu’on ne l’avait imaginée. L’idée préalable d’une migration venue de l’Est n’a plus aucun fondement scientifique. À vrai dire, la question d’une origine locale est désormais posée. Rappelons malgré tout à ce stade, que les véritables racines du peuple berbère datent des périodes Mésolithique et Néolithique. La culture capsienne était porteuse d’un héritage méditerranéen indéniable. Cette région est devenue ensuite la Numidie.

À partir des connaissances acquises sur le peuplement du territoire nord-africain, en relation avec les toutes dernières découvertes, l’une au Maroc, l’autre dans la région orientale de l’Algérie, est-il possible de déterminer les premières traces migratoires de l’Homme dans cette région du monde? S’il s’agit là d’une question fondamentale, vraisemblablement largement partagée, cette perspective reste encore à être clairement élucidée. D’autant plus que les découvertes et les révélations successives se font de manière sporadique, sans qu’il soit toujours possible d’en établir un lien chronologique très clair.

Cette analyse va donc, en prenant en compte les données existantes, tenter d’établir des liens logiques permettant d’avoir une image plus conforme des premiers hommes ayant peuplé l’Afrique du Nord, du moins selon l’objectif proposé.

L’observation montre que l’Histoire est parfois liée aux phénomènes géologiques ou à des mouvements sociaux qui en sont les conséquences. Si l’on considère la période préhistorique de l’Afrique du Nord, trois exemples illustrent le rôle joué par la cartographie des lieux sur l’histoire de cette zone géographique:

  • Par sa proximité, le détroit de Sicile, entre les îles italiennes et la côte nord-est de la Numidie, a eu un rôle prépondérant dans des échanges méditerranéens régionaux. Au Néolithique, une première influence est apparue pour l’élaboration de sépultures (appelées haouanet), ou pour l’art de la céramique. Plus tard encore, ce même détroit jouera un rôle géopolitique majeur pour Carthage et les Phéniciens.
  • Le peuplement libyque des îles Fortunées (les îles Canaries) à partir de la côte atlantique du Maroc, (aux alentours du 1er millénaire av.J.-C.) accroit l’aire du territoire berbère. Selon G. Camps[1], cette migration a eu lieu au Néolithique par des Ibéromaurusiens, “cousins de l’homme de Cro-Magnon”. L’étude génétique (Mitochondrial DNA[2]) confirme l’époque et l’origine des Guanches dans l’archipel des Canaries.
  • Le passage du détroit, appelé autrefois “les colonnes d’Hercule” servira à la fois de seuil entre le sud et le nord, voire de goulot d’étranglement au monde grec, ou encore de porte ouverte sur l’Atlantique aux Phéniciens.

Ce sont ces “passages,” nommés “détroits” en cartographie qui ont joué un rôle majeur dans l’histoire des hommes. Or cette histoire est aussi le résultat d’un flot ininterrompu de migrations humaines successives émanant d’une origine commune à tous les hommes, du moins selon l’état actuel des connaissances.

Aujourd’hui, les scientifiques s’accordent pour dire que l’origine lointaine la plus probable se trouve dans l’Est africain. Comment définir alors la voie suivie par cette migration jusqu’au nord de l’Afrique?

En général, on sait remonter jusqu’à l’Égypte, puis en traversant la péninsule du Sinaï vers le Levant et l’Eurasie. Et puisque le phénomène du “passage” a été évoqué, force est de constater qu’il s’agit d’un cheminement logique à partir de la vallée du Nil. On pense qu’il y a eu deux “passages” possibles:

  • Une traversée méridionale du détroit de la mer Rouge vers le sud de la péninsule arabique, par radeaux, au niveau du détroit de Bab-el-Mandeb,
  • Un exode pédestre depuis le delta du Nil vers le Sinaï.

Évidemment, ce schéma établi n’évoque toujours pas comment les premiers hommes sont arrivés dans l’Afrique du nord! Du moins, selon ce schéma.

On peut supputer qu’une branche se soit dirigée vers l’ouest au départ de la Basse-Égypte, en suivant plutôt la côte. À cette époque-là, la navigation se faisait uniquement à vue.

Mais il semble plus logique que les premiers hominidés aient traversé le continent africain jusqu’aux côtes atlantiques par un “passage” situé plus au sud, offrant des conditions favorables de survie. Le Sahara n’était pas encore le désert que l’on connaît aujourd’hui. Ce “passage” potentiel, depuis l’Éthiopie ou le Soudan, se serait alors effectué le long des fleuves et des lacs sahéliens en direction du Tchad et du Mali.

Les peintures rupestres du Tassili n’Ajjer (en Algérie) sont un véritable conte imagé racontant les hommes et la faune d’un Sahara au climat humide, un environnement comparable à celui de l’Afrique tropicale d’aujourd’hui. En effet, l’étude de ces peintures rupestres sahariennes révèle que cette civilisation de type négroïde, a ensuite été repoussée – à une période bien plus tardive – par les Garamantes, “conducteurs de chars”, ancêtres putatifs des Touareg.

Ce fait met en scène deux catégories d’acteurs: les premiers, de type négroïde, issus de migrations venues du sud et les seconds, au teint plus clair, arrivant du nord.

Mais il s’agit là d’une période appartenant déjà à la Protohistoire. Elle n’explique pas les origines des premiers hominidés, issus de la lointaine vallée du Rift.

Une éventuelle migration Sud-Nord soulève aujourd’hui une hypothèse établie à partir de connaissances scientifiques reconnues. Toutefois, deux éléments s’ajoutent à la confusion et viennent troubler ce scénario. Il s’agit tout d’abord des restes d’Homo sapiens trouvés au Maroc (site du Djebel Irhoud) et des traces d’une présence d’hominidés dans la région de Sétif (site d’Aïn Boucherit).

Il est évident que la révélation de ces datations complique un peu plus l’éventualité de flots migratoires potentiels issus de l’Est africain. Comment ces migrations ont-elles pu s’effectuer.? L’Homo sapiens trouvé au Maroc dépasse l’âge de celui trouvé en Éthiopie. Cette période anthropologique, précisons-le, est bien antérieure à celle des premiers “Berbères”, dont les ancêtres sont des Protoméditerranéens capsiens de l’ancienne Numidie.

Cet essai s’efforce uniquement de comprendre comment le peuplement primitif de l’Afrique du Nord a pu se faire en fonction des éléments aujourd’hui disponibles. Il est d’ores et déjà clairement établi que cela nous emmène jusqu’à l’aube de l’humanité: d’un côté, les hominidés d’Aïn Boucherit (2.4 M d’années) et de l’autre, les Homo Sapiens du Djebel Irhoud (315,000 ans).

            Un ouvrage récent, paru en anglais et écrit par Lewis Dartnell[3], professeur de Science à l’université britannique de Westminster, retrace les origines de l’Homme, sous un angle différent: comment la Terre a façonné l’histoire humaine [‘Origins, How the Earth Shaped Human History’].

Quand on évoque tout impact géographique, on est certes déjà dans le domaine des Sciences de la Terre. Or, dans l’ouvrage cité, l’auteur va plus loin en expliquant comment l’évolution de la Terre, depuis qu’elle existe, a pu littéralement générer notre propre évolution. Pour résumer un peu grossièrement cette vision, l’auteur n’hésite pas à affirmer que “nous sommes les enfants de la tectonique des plaques” [‘We are the children of plate tectonics’]. Autrement dit l’évolution de notre espèce s’est faite de manière darwinienne en s’adaptant au terrain et à l’évolution géographique.

Cette perspective évolutionniste possède des atouts que l’on peut vraisemblablement appliquer aux premières migrations nord-africaines.

            Pour bien comprendre ce phénomène, il faut donc remonter aux “origines” et retrouver le processus qui s’est produit dans l’est de l’Afrique, berceau de l’Humanité. Ceci devrait permettre alors d’élaborer une hypothèse sur le flux migratoire préhistorique en direction du nord de l’Afrique. En évoquant un phénomène migratoire, on est forcé de tenir compte des “passages” permettant d’établir le chemin suivi et les possibilités de survie potentielle (en eau, gibier, et autres nourritures diverses).

  1. À l’origine était la vallée du Rift.

Avant d’évoquer le processus scientifique en question, il n’est peut-être pas inutile de remémorer brièvement quelques mythes s’appliquant en particulier aux phénomènes de cette zone géographique.

Plusieurs mythes de la Création s’accordent en effet pour assimiler l’apparition de l’homme au limon terrestre, mélange d’eau et de terre. C’est le cas des mythes sumérien, égyptien, grec, et même de la Genèse.

On retrouve donc dans les récits mythiques l’idée d’une association de l’homme à la Terre-Mère. En réalité, cette image est assez proche de ce que Lewis Dartnell déclare au sujet des premiers hommes. Sachant que le mythe est une tentative pour expliquer l’inexpliquable concernant les origines de l’homme, le parallèle est à souligner.

La vallée du Rift est la conséquence des mouvements tectoniques de l’écorce terrestre. Les remous provoqués par la tectonique des plaques n’ont jamais cessé. La longue cassure terrestre du Grand Rift se fait selon un axe nord-sud partant de la dépression de l’Afar sur la mer Rouge jusqu’au Malawi ou même les chutes de Victoria. Cette faille longue de 3,000 km et large de 40 à 60 km suit le chapelet des grands lacs africains et est jalonnée par une forte activité volcanique. Plusieurs volcans en sont toujours les témoins. Cette fracture a commencé il y a environ 25M d’années (période Oligocène) et se poursuit toujours. Elle est le résultat de la rencontre de trois plaques continentales au niveau de la mer Rouge. La plaque arabique au nord, la plaque africaine à l’ouest et la plaque somalienne s’entrechoquent au niveau des montagnes d’Aden et de la dépression du lac Assal dans l’Afar (-153m sous le niveau de la mer).

On est donc en présence d’une sorte de ballon alchimique gigantesque où les mouvements tectoniques génèrent trois éléments essentiels à la vie: la terre, l’eau et le feu. Or, ces éléments statiques se doublent d’une activité dynamique provoquée par un mouvement planétaire d’une rotation axiale doublée par une gravitation elliptique autour du Soleil. Ces deux mouvements physiques peuvent varier considérablement. Le climat et le temps planétaire s’ajoutent à ce processus qui est la cause des grands changements physiques et climatiques de notre planète. La vérité transparaît parfois dans le mythe sous la forme d’une image ou d’un récit qui en est une interprétation symbolique. C’est vraisemblablement le cas du mythe du Déluge, par exemple.

On pourrait penser a priori que l’alchimie décrite précédemment est défavorable à toute forme de vie. Or, en réalité c’est tout le contraire qui s’est produit! Tout d’abord, il faut bien réaliser que les gigantesques activités tectoniques terrestres s’échelonnent sur des milliers, voire parfois sur des millions d’années. La Terre étant une planète vivante, ces mouvements internes affectant la croûte terrestre sont toujours d’actualité. À titre d’exemple, la dérive des continents est un phénomène encore observable. Le détroit de Gibraltar a aujourd’hui quelques kilomètres de plus qu’à l’époque des colonnes d’Hercule. Le héros grec représente alors la formidable force tectonique ré-ouvrant un “passage” entre deux monts existant de chaque côté. Dans sa partie la plus étroite, le détroit est large de 14 km. Or, par le jeu actuel de la tectonique des plaques, il a tendance à se refermer à nouveau à la vitesse d’environ 1cm/an.

Le développement de la vie pour les premiers hominidés dépendait de deux critères : la présence d’eau et de nourriture. Nos lointains ancêtres ont d’abord été des chasseurs-cueilleurs. Les vallées encaissées du Rift répondaient à ce besoin élémentaire. Mais ce n’était pas le seul.

Selon Lewis Dartnell et certains scientifiques contemporains, la vie sur terre et les migrations dépendent aussi de la tectonique des plaques et des changements climatiques. “Nous formons une espèce de grands singes issus du changement climatique et des mouvements tectoniques de l’Afrique de l’Est.” [‘We are a species of apes born of the climate change and tectonics within East Africa[4].’]. On verra tout au long de cette analyse que ces deux facteurs inhérents à notre environnement planétaire ont effectivement joué un rôle majeur. On a souvent observé l’impact de la géopolitique au cours de l’Histoire. Cette nouvelle perspective va encore plus loin. Elle implique les variabilités physiques et climatiques de la Terre.

Pour revenir à la vallée du Rift, berceau de l’Humanité, on observe l’enchaînement suivant. “D’une manière générale, notre planète s’est refroidie et a été plus sèche depuis environ les dernières cinquante millions d’années, et la croissance et la formation tectonique de la vallée du Rift ont eu pour conséquence que l’Afrique de l’Est, en particulier, s’est asséchée et a perdu ses forêts originelles. Mais au cours de cette tendance globale de refroidissement et de sécheresse, le climat est devenu très instable avec d’énormes variations survenant en série”. [‘The world has been getting generally cooler and drier for the past 50M years or so, and the tectonic uplift and formation of the Rift Valley has meant that East Africa in particular dried out and lost its former forests. But within this global cooling and drying trend, the climate became very unstable and swung back and forth dramatically’. p.18]

Cette double interférence a eu deux effets. La première observation est que “l’apparition de nouvelles espèces d’hominidés semble coïncider avec ces périodes fluctuantes d’humidité et de sécheresse”. [‘The timing of when new hominin species emerged […] tends to coincide with these periods of fluctuating wet-dry conditions’. p.22]

La seconde remarque est que l’abondance d’eau et de nourriture a d’abord provoqué un surcroît de population qui à son tour a restreint l’espace habitable de ces vallées ne dépassant guère une soixantaine de kilomètres en largeur.

Par conséquent, on explique une migration comme étant le résultat d’un enchaînement de faits provoqués par des changements géologiques et climatiques. “La progression des hominidés hors d’Afrique […] est donc intrinsèque aux fluctuations climatiques du Grand Rift”. [‘The conditions propelling hominins out of Africa […] lie with the climate fluctuations in the Great Rift.’ p.22]

  1. La migration vers le nord.

Cette phase préhistorique permet de savoir quels sont les groupes humains ayant quitté le continent africain, la route qu’ils ont empruntée et les dates de ces migrations.

  • Il y a environ deux millions d’années, l’Homo Erectus émerge en Afrique de l’Est. “Dès 1,8M d’années, cette nouvelle espèce d’hominidés s’était déjà répandue dans toute l’Afrique. Elle a été ensuite la première à quitter le continent et à se disperser en Eurasie, vraisemblablement en plusieurs vagues migratoires”. [‘By 1.8 M y.a Erectus had spread across Africa and then became the first hominid to leave the continent and disperse through Eurasia, probably in several independent waves of migration.’ p.15].
  • Il y a entre 300,000 et 200,000 ans que les premiers humains anatomiquement modernes, les Homo sapiens, apparaissent en Afrique de l’Est”. [The first anatomically modern human, Homo sapiens, emerged in East Africa. p.16]. Cette question soulève désormais une controverse depuis la datation de l’Sapiens du Djebel Irhoud au Maroc. On y reviendra donc au moment opportun.

L’Homo sapiens sera la seconde espèce à s’éloigner du continent africain mais il y a seulement 60,000 ans. [‘Around 60,000 y.a.: our own species dispersed out of Africa.’ p.23]

On connaît le chemin qu’ils ont suivi en direction du nord et la manière dont ils sont passés d’Afrique en Eurasie.

La progression le long de la vallée du Rift vers le Nord s’est faite en suivant le Nil et ses affluents.

Ils ne manquaient donc ni d’eau, ni de nourriture. “Ce qui a forcé les hominiens à quitter l’Afrique […] repose sur les fluctuations climatiques du Grand Rift[5]. [‘The conditions propelling hominins out of Africa […] lie with the climate fluctuations in the Great Rift.’] Une fois parvenus au niveau de l’Égypte, “les humains modernes, Homo sapiens, sont entrés dans la péninsule arabique lors d’une période de changement climatique aux conditions plus humides favorisant l’épanouissement de la région. Ils ont soit marché vers le nord en direction de  la péninsule du Sinaï, soit emprunté une voie plus au sud permettant de traverser le détroit de Bab-el-Mandeb sur des radeaux.”[6] [‘Modern humans, Homo sapiens, first entered the Arabian Peninsula during a regional climatic shift to wetter conditions and a greening of the area, either by walking north across the Sinai peninsula, or by taking a more southerly route by raft across the Bab-el-Mandeb strait.’]

  1. Qu’en-est-il du peuplement de l’Afrique du Nord?

À partir de l’Égypte, on se trouve alors devant des hypothèses divergentes. Y-a-t’il eu un éventuel mouvement migratoire vers l’Afrique du Nord occidentale? Il n’existe aucune certitude historico-scientifique. Les données s’accordent à privilégier une migration vers le Proche-Orient puis vers l’Eurasie.  Évidemment, on aimerait savoir s’il y a pu avoir une migration vers l’Afrique du Nord occidentale. D’ailleurs, la question se posera ultérieurement: y-a-t-il véritablement eu une migration en direction de cette partie de l’Afrique? Auquel cas, il serait légitime d’en connaître le chemin. On manque ici d’éléments anthropologiques qui permettraient d’avoir quelques certitudes.

Seuls quelques indices et les dernières connaissances scientifiques permettent d’établir un cheminement hypothétique.

Par contre, pendant la Protohistoire, on sait qu’il a existé des migrations terrestres et maritimes en provenance du Levant.

Il y a peu de temps, la revue du National Geographic[7] a révélé l’histoire de la découverte d’un crâne humain faite en 1996, dans la grotte Punta de Europa, sur la pointe sud du rocher de Gibraltar. En 2019, grâce à l’ADN, on a pu savoir qu’il s’agissait d’une femme ayant vécu ici il y a 7500 ans. Ce qui est plus étonnant encore, les gènes révèlent une appartenance de 10% à la péninsule ibérique contre 90% d’origine anatolienne ! Les scientifiques pensent que ses ancêtres auraient fait le voyage par voie maritime. L’Anatolie a été l’une des régions du monde qui a subit la révolution néolithique due à l’agriculture. Un cas identique s’était produit sur des génomes d’individus trouvés en Sardaigne. Cette jeune femme (morte, pense-t-on, à un âge compris entre 20 à 40 ans) aurait vécu plusieurs millénaires après l’extinction des Néandertaliens de Mons Calpe (nom antique de Gibraltar).

Ceci permet de corroborer un élément puisque l’on peut affirmer que des Néandertaliens ont vécu dans d’autres grottes du rocher, il y a 32,000 ans. Ce site, appelé les grottes de Gorham[8] est d’ailleurs inscrit au patrimoine de l’humanité de l’Unesco.

Cette dernière remarque prend une certaine valeur ici quand on sait “qu’aucun peuple indigène resté en Afrique n’est porteur de l’ADN de soit les Néandertaliens, soit des Dénisoviens.”[’No indigenous peoples remaining in Africa carry DNA from either the Neanderthals or Denisovans.’][9] (p.47)

Pour revenir à la migration à partir de la vallée du Nil, l’hypothèse d’une seconde voie le long de la côte méditerranéenne semble donc peu probable en ce qui concerne cette lointaine période de la Préhistoire. Aucune donnée anthropologique actuelle n’évoque ce cheminement. L’Homo Erectus et plus tard l’Homo Sapiens ne pouvaient se déplacer qu’en fonction des besoins en eau et en nourriture. Cette alternative existait naturellement à l’est de l’Égypte puisque les étendues désertiques étaient encore inexistantes, Pour rappel, les deux vagues migratoires concernées datent de 1.8M d’années pour la première (H.erectus) et de 60,000 ans pour la seconde (H.sapiens).

Ceci n’exclut pas l’existence d’un passage plus vraisemblable, adapté aux besoins de cette période. Il se situe à l’ouest, mais à la hauteur du Soudan et de l’Éthiopie. On peut tenter de le décrire.

  1. Une route “trans-saharienne” horizontale vers l’Atlantique.

Avant la soudaine désertification du Sahara, en 3,440 (+/- 30 années) av.J.-C., toute la zone sahélienne et le Sahara lui-même étaient des zones verdoyantes, abondantes en gibiers de toutes sortes et surtout riches en eau. Il existait alors un véritable chapelet de rivières et de lacs entre l’Afrique de l’Est et le lac Tchad. Appelée le lac Mégatchad, cette étendue d’eau avait dix fois sa taille actuelle. Pour donner une idée de sa dimension, on estime que ce lac avait une longueur de 1,000 kilomètres nord-sud et de 600km d’est en ouest. Il existait également deux autres grands lacs: le lac Megafezzan en Libye et le lac Ptolémée au Soudan.

De surcroît, Il y avait aussi toute une série d’autres lacs: au Niger, au Mali, en Mauritanie, ainsi que dans des régions aujourd’hui désertiques, comme le Ténéré, le Hoggar, ou encore plus au nord dans la région de Ouargla, où la sebkha en est un reste géologique.

Ces lacs étaient alimentés par un vaste réseau de fleuves et de rivières. Certains existent toujours. D’autres ont disparu comme le fleuve Tamanrasset qui, parti de l’Atlas, descendait vers le Hoggar avant d’aller en Mauritanie pour se jeter dans la baie d’Arguin, dans l’Atlantique. Il est difficile d’imaginer aujourd’hui que ce large fleuve comptait parmi les douze plus grands cours d’eau de l’époque.

On conçoit que cette immense zone transversale a pu servir de “passage” aux premiers hommes et aux animaux. Ces routes de migration animalière sont répertoriées scientifiquement. Rien n’empêchait donc les premiers hommes de suivre le même chemin. Outre les fruits et les plantes, l’eau attirait un gibier important et pourvoyait aussi à la pêche.Toutes les nécessités vitales étaient donc satisfaites.

Au Néolithique, il y a environ 11,000 ans, l’agriculture a fait son apparition dans cette région. [‘Agriculture also emerged in the Sahel band of North Africa[10]]. Il y a 5,000 ans, c’est ici également que ”l’on a commencé à cultiver le sorgho et le riz africain”, [‘the cultivation of sorghum and African rice began’]. [11]

Quoi qu’il en soit, à partir du lac Tchad, il serait possible d’établir trois routes:

  • Une route remontant vers le nord par le Hoggar et le Tassili n’Ajjer.
  • Une seconde route le long des cours des fleuves Niger et Sénégal jusqu’à la côte atlantique
  • Une troisième voie, remontant la côte jusqu’au Maroc. Beaucoup plus tardivement, vers le 1er millénaire av.J,-C., un groupe d’hommes venant du littoral marocain a quitté la côte africaine pour peupler les îles Canaries. Les Guanches y ont vécu pendant environ deux mille ans jusqu’à la conquête espagnole de ces îles.

5.L’existence d’une migration inter-africaine.

On sait que le Sahara n’a pas toujours été un désert. Auquel cas, il aurait été impossible aux animaux et aux hommes d’avoir laissé les traces relevées dans la partie nord du continent. En fait les peintures et les gravures rupestres du Tassili n’Ajjer constituent une remarquable mémoire visuelle de cette période humaine.

Ces migrations lointaines ont été dépendantes des changements physiques et climatiques.

5.1.Au Pliocène, ère ternaire, entre 5.5 et 1.8 M d’années, selon le département de Paléontologie humaine et de la Préhistoire de l’université d’Oujda (Maroc)[12], le climat “était principalement tempéré humide. La végétation prédominante était de type « savane ». Ce climat était favorable à de nombreux taxons de grands mammifères, principalement tropicaux, qui sont venus des savanes au sud du Sahara, ce qui montre labsence de barrière écologique au niveau de celui-ci. Ces faunes sont parvenues à survivre dans le nord de lAfrique pendant de longues périodes ; elles représentent la première importante vague de migration des faunes du sud.” Mais de toute apparence: “Lhomme est absent au Pliocène en Afrique du Nord, malgré des conditions climatiques favorables, labsence de barrière désertique du Sahara et larrivée massive des faunes de savane africaine ; un hominidé est-africain aurait pu prendre part à ce voyage.”

Cette dernière remarque va donc peser dans l’élaboration d’une éventuelle migration venue de l’Afrique de l’Est.

5.2.Le Pléistocène est la période suivante, appartenant au Quaternaire, entre 2.58 M et 11,700 ans. Le climat devient plus humide au Pléistocène inférieur. “Lenvironnement était favorable à laccueil des hominidés dans cette région de lAfrique. Mais les restes humains sont toujours absents à ce jour ; seuls quelques indices de leurs cultures et des traces de leurs activités ont été découverts, principalement dans les gisements dAin Hanech et dEl Mansourah (Algérie).

Or, au Pléistocène moyen, de nouvelles variations climatiques s’opèrent. “On a assisté à une aridité croissante du climat pendant laquelle les quelques oscillations climatiques, liées aux fluctuations européennes, nauraient pas fondamentalement affecté le peuplement préhistorique dAfrique du Nord’’.[13] À cette même période charnière: “on a enregistré une nouvelle vague dimmigrants de faune est-africaine arrivant en Afrique du Nord”. Ce nouveau flot animalier entraîne une recrudescence de la présence de restes humains. “Les restes humains les plus anciens, comprenant un pariétal, trois mandibules et des dents isolées, datés, daprès les données de la faune et de lindustrie lithique, denviron 800,000 BP, ont été exhumés du site de Tighénif (Ternifine) en Algérie, dans un niveau situé à la base de lAmirien (Acheuléen ancien). Ces fossiles « atlanthropes » ont été assimilés à Homo erectus. Il sagit dune variété nord-africaine dHomo erectus, rappelant celle de Java en Indonésie et de Shoukoudian en Chine, et qui pourrait avoir comme origine lAfrique de lEst.”

On se souvient de ce qui a été dit au sujet de l’Homo Erectus: “Il y a 1,8 M d’années, H.Erectus s’était dispersé dans toute l’Afrique[14] [‘By 1.8 M years ago H. Erectus had spread across Africa’].

6.La soudaine désertification du Sahara. 

Il y a quelques années, la revue scientifique américaine, ScienceDaily, a publié un résumé des résultats de recherches effectuées par un groupe de chercheurs allemands (Potsdam Institute for Climate Impact Research) permettant de mieux comprendre comment le Sahara est devenu un désert et l’impact que cela a eu sur la population de ce vaste territoire.

Tout d’abord,“cette désertification s’est produite soudainement, il y a 5,440 ans”. [The desertification of North Africa began abruptly 5,440 years ago (+/- 30 years)][15]. “Cette transition de climat aride ne s’est pas faite graduellement, mais s’est opérée en deux étapes distinctes. La première a été moins sévère et a eu lieu entre 6,700 et 5,500 ans avant notre ère. La seconde a été brutale et s’est produite dans une période, entre 4,000 et 3,600 ans avant notre ère.” [‘The transition to today’s arid climate was not gradual, but occurred in two specific episodes. The first, which was less severe, occurred between 6,700 and 5,500 years ago. The second, which was brutal, lasted from 4,000 to 3,600 years ago’.] Cet épisode climatique corrobore les explications du professeur Lewis Dartnell. À savoir, que “le changement d’un climat appartenant au Holocène moyen à ce qu’il est devenu aujourd’hui, est le résultat du changement de l’orbite terrestre et d’une inclinaison de l’axe de la Terre[16]. [‘The change from the mid-Holocene climate to that of today was initiated by changes in the Earth’s orbit and the tilt of Earth’s axis’.] Ces paramètres sont appelés les cycles de Milankovic[17].

Ce phénomène physique a eu un impact immédiat sur le climat et la végétation et dans le processus de désertification.“Cet événement a eu un effet dévastateur sur les anciennes civilisations et leurs systèmes socio-économiques[18]. [‘This event devastated ancient civilizations and their socio-economic systems’.]

7.L’implication sur la culture rupestre du Tassili N’Ajjer.

Le Sahara offre plusieurs sites où abondent des gravures et des peintures rupestres datant en général du Néolithique. Le sud Oranais, le Fezzan, le Hoggar et surtout le Tassili n’Ajjer sont des hauts lieux de l’art pariétal saharien. L’ensemble le plus remarquable se trouve sur le plateau du Tassili n’Ajjer (terme signifiant en Tamazight “le plateau des rivières”).

Situé à proximité du Fezzan, en Libye, ce site qualifié de “musée en plein air” présente avec quelques 15,000 gravures répertoriées, le plus vaste ensemble d’art rupestre dans le monde, classé par l’Unesco[19] depuis 1982. Bien qu’il soit difficile de dater précisément les gravures, on pense généralement que cette zone a été habitée 10,000 ans av.J.-C. Cet ensemble rupestre se caractérise par trois styles, correspondant à différentes périodes dans l’échelle du temps:

  • La plus ancienne est appelée la période des “Têtes rondes”. “Lart des peintres du style « classique» des Têtes Rondes sexprime sans doute après 8000±900 cal.BC, mais probablement pas avant le milieu du sixième millénaire cal.BC du fait de laridité installée à partir de 6200.”[20]
  • Elle est suivie par le style “Bovidien” révélant des scènes pastorales.”Dans la Tassīli-n-Ajjer, la floraison des peintures du « Bovidien» se situe elle aussi dans le cinquième millénaire” (av.J.-C)[21].
  • Enfin le style dit du “Cheval et du Chameau” où la roue fait son apparition il y a environ 3,000 ans. Le “style Caballin vers le dernier millénaire avant l’ère commune et le Camélin closent la séquence avec larrivée du dromadaire, probablement aux environs du cinquième siècle de l’ère commune.”[22] Cette période correspond à l’arrivée des “conducteurs de chars”. Ce peuple berbère du Fezzan avait pour capitale Garama (aujourd’hui Germa, en Libye); il a progressivement chassé les “Éthiopiens”[23] du Tassili n’Ajjer, déjà affectés par le changement climatique. On note au passage que le terme d’”Éthiopien” a peut-être une implication linguistique fondée sur une lointaine connaissance de l’Histoire à la période grecque. L’Éthiopie, vieux royaume ancestral, était bien connue des Égyptiens et des Grecs. Cette analyse tente de montrer comment, depuis la vallée du Rift (dont une partie se trouve en Éthiopie), les hominidés se sont dispersés dans le reste du continent. Le terme d’Éthiopien paraît donc corroborer le processus migratoire.

On constate que “dès la fin du IVe millénaire av. J.-C., les quelques surfaces d’eaux sahariennes restantes ont vite disparu et la région s’est desséchée rapidement.” [‘By the end of the fourth millennium BC: The remaining pockets of surface water in the Sahara soon disappeared and the area desiccated rapidly.’][24] Évoquant l’Égypte ancienne, ce même auteur fait remarquer que:”aux alentours de 3150 av. J.-C., au moment où le Sahara s’est véritablement asséché, la région a été unifiée sous l’emprise  de la dynastie des pharaons”. [‘Around 3150 BC, just as the Sahara finally dried out, the region was unified under the rule of the dynastic pharaohs’]. Par conséquent, “les   débuts de la civilisation égyptienne correspondent à l’arrivée de réfugiés climatiques poussés par la désertification du Sahara et venus s’insérer dans l’étroite vallée du Nil”. [‘The beginnings of Egyptian civilization was thus driven by climate refugees from the decertifying Sahara crowding into the narrow Nile valley’].

En fonction du micro-climat dû à l’altitude moyenne de 1,500 m du Tassili n’Ajjer, les peuplades locales ont pu résister encore plusieurs années. On trouve encore au Tassili n’Ajjer les restes d’une forêt de cyprès. D’ailleurs, des “poches vertes” ont longtemps persisté au Sahara. Certains animaux de la zone tropicale ont également survécu. Ce fut le cas des éléphants d’Afrique du Nord[25] (Loxodon africanus berbericus), utilisés pendant les guerres puniques par Hannibal (219 av. J.C.). On pourrait également citer l’existence du dernier crocodile près d’une guelta[26] ou des lions de l’Atlas à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle.

8.Résumé des implications concernant le peuplement de l’Afrique du Nord.

Le peuplement initial de l’H.Erectus en Afrique du Nord, s’est développé localement jusqu’à l’apparition de l’H.Sapiens et de sa rencontre avec les ancêtres putatifs des peuples berbères venus, eux, de l’Est durant la Protohistoire.

Toutefois, la soudaine désertification du Sahara va créer un isolement climatique, impliquant une évolution indépendante. S’il y a longtemps existé des poches vertes et des points d’eau (guelta) dans le Sahara, on peut comprendre que la civilisation rupestre du Tassili N’Ajjer a pu résister plus longtemps. Mais composée d’ethnies à peau brune, elle a été repoussée vers le sud par l’arrivée des Garamantes, peuple libyque à peau claire, venu du nord (le Fezzan). Les Garamantes sont les ancêtres des Touareg (pl./ Targui(e), sg.).

Le regretté Gabriel Camps[27], anthropologue et historien, a retracé les origines préhistoriques de l‘Afrique du Nord. On peut en faire le résumé suivant:

  • 30,000 ans av. J.-C., l’Atérien (Paléolithique supérieur), dans le nord-ouest de l’Afrique. “L’homme atérien était bien un homo sapiens sapiens, plus archaïque que l’homme de Cro-Magnon”. (p.53)
  • Environ 10,000 ans av. J.-C., l’Ibéromaurusien (homme de Mechta el-Arbi, un cromagnoïde, succède au précédent.
  • Vers 8,000 ans av. J.-C., le Capsien protoméditerranéen, nouvel arrivant. “On voit apparaître, dans la partie orientale du Maghreb, un nouveau type d’Homo sapiens qui a déjà les caractères de certaines populations méditerranéennes actuelles”. […] “Manifestement, l’homme de Mechta el-Arbi n’a pu donner naissance aux hommes protoméditerranéens[28]

À ce moment précis de la Préhistoire, il y a donc rencontre entre deux groupes d’origine différente: l’homme atérien local, resté longtemps isolé par la désertification du Sahara, et le Capsien, arrivé par vagues successives du Proche-Orient dans la partie ouest de l’Afrique du Nord. Or, cet Ibéromaurusien va s’établir de manière permanente en Libye, en Tunisie et dans l’est de l’Algérie. Grâce au détroit de Sicile, il va avoir des relations avec Malte et les îles italiennes du sud (Sicile, Sardaigne, Pantelleria, Lampedusa, etc.). Dans le sud de la Libye, au Fezzan, il sera à l’origine de la civilisation des Garamantes. Les Grecs lui donneront le nom de Libyque. Plus tard encore, cette région deviendra la Numidie, berceau du peuple Amazigh grâce aux échanges propices à l’évolution du savoir et des techniques. “Nous tenons, avec les Protoméditerranéens capsiens, les premiers Maghrébins que l’on peut, sans imprudence, placer en tête de la lignée berbère. Cela se situe il y a quelques 9 000 ans ![29] Et comme s’il fallait bien mettre les points sur les i, G. Camps ajoute la remarque suivante: “Cette arrivée est si ancienne qu’il n’est pas exagéré de qualifier leurs descendants de vrais autochtones.”

Mais ceci concerne un autre volet de l’Histoire. Il convient donc de revenir à la période préhistorique et de reconsidérer l’origine potentielle des premiers Nord-Africains.

S’il n’y a aucun obstacle, semble-t-il, à une lointaine migration de l’Homo erectus, les deux récentes révélations concernant les origines des premiers hommes en Afrique du Nord, suscitent une très sérieuse remise en question. D’autant plus que l’une concerne de très lointains hominidés et que la seconde met en scène l’Homo sapiens, c’est-à-dire, notre propre espèce.

Avant d’essayer de clarifier cette question, voici une réflexion faite par G. Camps[30]: ”Et si les Berbères ne venaient de nulle part?” On pourrait aisément renverser cette question en disant: Et si l’Homme d’Afrique du Nord ne venait de nulle part? En évoquant “l’homme de Mechta el-Arbi, cousin de l’homme de Cro-Magnon” que l’on pensait “avoir une origine extérieure”, G. Camps[31] ajoute:”Reste donc, l’origine locale, sur place, la plus simple (c’est la raison pour laquelle sans doute on n’y croyait guère!) Et, aujourd’hui, la plus évidente depuis la découverte de l’homme atérien. Les anthropologues spécialistes de l’Afrique du Nord, tels que D. Ferembach et M.-C. Chamla, admettent aujourd’hui une filiation directe, continue, depuis les Néandertaliens nord-africains (hommes du djebel Irhoud) jusqu’aux Cromagnoïdes que sont les hommes de Mechta el-Arbi. L’homme atérien de Dar es-Soltane serait l’intermédiaire mais qui aurait déjà acquis les caractères d’Homo sapiens sapiens.”

On remarque qu’il est fait ici allusion aux hommes du djebel Irhoud, au Maroc. À cette époque, G. Camps mentionne en effet ce site datant de l’Atérien. “Son aspect moustéroïde incitait les spécialistes à croire qu’il s’agissait encore d’un homme de Neandertal, assez proche de celui découvert dans le milieu nettement moustérien du djebel Irhoud (Maroc). Rares étaient ceux (Camps, 1974) qui avaient suggéré que l’homme atérien pouvait être déjà un Homo sapiens de type moderne.” (p.53)

9.Les fouilles du djebel Irhoud (Maroc) et d’Aïn Boucherit (Algérie):

Ces découvertes bouleversent les données et remettent les origines en question.

9.1.En 2004, l’équipe de l’Institut Max Planck, dirigée par le paléo-anthropologue Jean-Jacques Hublin, entame de nouvelles fouilles sur le site minier du djebel Irhoud dans l’espoir d’obtenir des datations plus précises. En fait, l’équipe découvre de nouveaux hominidés. En utilisant la technique de thermoluminescence, l’archéologue de l’équipe Max Planck, Richard Klein, arrive à une datation d’à peu près 315,000 ans. Il s’agit d’un H.sapiens primitif. “L’équipe les qualifie de premiers H.sapiens plutôt que de “premiers humains anatomiquement modernes” comme cela a été le cas  à Omo et à Herto.” [‘The team calls them early H. sapiens rather than the “early anatomically modern humans” described at Omo and Herto’.][32] Philipp Gunz, paléo-anthropologue de cette même équipe suggère que “l’évolution de l’H. sapiens s’est faite à l’échelle continentale”. [“H. sapiens evolution happened on a continental scale.”]

On lit également sur le site ResearchGate[33], dans un article de J.-J. Hublin pour la revue “Nature” que “ces résultats font du Djebel Irhoud le plus ancien et le plus riche site hominien de l’Âge Moyen de la Pierre en Afrique”. [‘This evidence makes Jebel Irhoud the oldest and richest African Middle Stone Age hominin site.] Il ajoute ensuite que:”les fossiles d’Éthiopie (Omo Kibish est considéré comme ayant approximativement 195,000 ans d’âge, tandis que Herto a été daté d’environ 160,000 ans) sont en général considérés comme étant les premiers hominiens anatomiquement modernes (EMH)”. [‘Fossils from Ethiopia (Omo Kibish is considered to be as old as approximately 195kyr and Herto has been dated to approximately 160thousand years ago (ka) ) are commonly regarded as the first early anatomically modern humans (EMH)’]. Il conclut l’article de cette manière:”Les fossiles d’Irhoud représentent à l’heure actuelle, en fonction de nos connaissances, l’évidence la plus sûrement datée de la phase initiale de l’évolution de l’H.sapiens en Afrique”. [‘The Irhoud fossils currently represent, to our knowledge, the most securely dated evidence of the early phase of H. sapiens evolution in Africa’].

9.2. En 2018, une nouvelle découverte place à nouveau l’Afrique du Nord au premier plan de la scène des sites préhistoriques. Une équipe archéologique internationale découvre à Aïn Boucherit, dans la région de Sétif, en Algérie, des éléments appartenant à des hominidés vieux de 2.4M d’années. Les Hauts-Plateaux de l’Est algérien deviennent tout à coup le second berceau de l’humanité après le site de Gona en Éthiopie (2.6M).

À l’ouest (au Maroc), comme à l’est (en Algérie), l’Afrique du Nord est soudainement propulsée comme un nouveau berceau de l’humanité!. Il devient alors difficile de pouvoir persister à croire que seul l’Est africain a été le berceau initial de l’Humanité. Dans l’état actuel des connaissances, l’Afrique du Nord est manifestement un autre centre potentiel des premiers hommes. Mais est-ce le seul? Certains pensent aujourd’hui que cette émergence s’est faite à partir de tout le continent africain.

Si, on applique à l’Afrique du Nord, les mêmes critères tectoniques et climatiques décrits par Lewis Dartnell sur l’Afrique de l’Est, peut-on faire un parallèle qui justifierait l’émergence de l’humanité en fonction des caprices terrestres?

10.Les caractéristiques géologiques du peuplement initial de l’Afrique du Nord.

Il faut donc reprendre ce qui a été dit sur les mouvements tectoniques et sur l’impact que cela a eu sur les conditions climatiques.

Tout d’abord, tournons-nous vers les mouvements tectoniques du bassin méditerranéen. L. Dartnell note que “la région méditerranéenne demeure l’un des foyers tectoniques les plus complexes de la Terre[34]. [‘The Mediterranean region is one of the most complex tectonic environments on Earth.’] La plaque africaine s’entrechoque avec la plaque eurasienne. Il y a entre 5.5M et 6M d’années que “la Méditerranée a été totalement coupée de l’Atlantique”.[35] [‘The Mediterranean is cut off from the Atlantic.] Il explique que “la Méditerranée a été coupée en deux parties par une chaîne qui représente une ramification du massif de l’Atlas au niveau de la Tunisie.” [‘The Mediterranean was spilt into two halves by a ridge that continues as an off-shoot of the Atlas Mountains in Tunisia’.] Il ajoute, entre autres, que “le port de Carthage est situé sur cette lèvre surélevée, de même que l’île de la Sicile et la botte italienne ne sont que des élévations de cette même barrière”. [‘The port of Carthage lay on this raised lip, and the island of Sicily and the ‘toe’ of Italy are peaks of this same barrier.’]. Vers 5.3M d’années, l’activité tectonique est plus violente sur la frange occidentale et la Méditerranée s’ouvre à nouveau de manière permanente. On notera simplement au passage – et l’expression prend ici toute sa valeur – que le mythe herculéen des célèbres colonnes est l’expression imagée d’une réalité géologique sous-jacente. Toujours selon L. Dartnell, “l’ensemble de la côte septentrionale de la Méditerranée est montagneuse à cause de cette collision continentale”.[36] [‘The entire northern Mediterranean coastline is mountainous because of its continental collision.’]. À l’opposé, il précise que “la côte méridionale de la Méditerranée est relativement rectiligne et dépourvue de ports naturels parce que la plaque africaine est compressée vers le bas pour être assujettie et détruite sous la plaque eurasienne.” [‘The southern Mediterranean coastline is relatively smooth and bereft of natural harbors because the African plate is being tipped downwards to be subjected and destroyed beneath the Eurasian plate’.][37]

On sait par ailleurs que la glaciation qui a affecté le continent eurasien n’a eu aucune conséquence majeure sur le climat nord-africain devenu simplement plus tempéré et plus humide. Mais, comme cela l’a déjà été mentionné, la désertification abrupte du Sahara aux alentours de 3,440 av. J.-C., a eu un impact sur la vie des hommes. Les recherches entreprises par Martin Claussen (Potsdam Institute for Climate Impact Research) concluent que “la désertification de l’Afrique du Nord a débuté de manière brutale il y a 5,440 ans. Avant cela, le Sahara était le domaine saisonnier de l’herbe et des arbustes.[38] [‘The desertification of North Africa began abruptly 5,440 years ago (+/- 30 years). Before that time, the Sahara was covered by annual grasses and low shrubs.’] Ce soudain changement climatique a fait que “les températures de l’été ont augmenté substantiellement, pendant que les précipitations se sont faites plus rares, comme l’indique la datation du carbone-14. Cet événement a bouleversé les civilisations anciennes et leurs systèmes socio-économiques”. [‘Summer temperatures increased sharply, and precipitation decreased, according to carbon-14 dating. This event devastated ancient civilizations and their socio-economic systems.’]. L’article rejoint les mêmes thèses que L. Dartnell, à savoir que “le changement à partir du climat de l’Holocène-moyen à celui d’aujourd’hui a été provoqué par des changements de l’orbite terrestre et par l’inclinaison de l’axe de la Terre.” [‘The change from the mid-Holocene climate to that to today was initiated by changes in the Earth’s orbit and the tilt of Earth’s axis.’] Toutefois, l’article fait remarquer que “les changements de l’orbite terrestre se sont faits graduellement, tandis que l’évolution du climat nord-africain et de la végétation a été abrupte.” [‘The changes in Earth’s orbit occurred gradually, however, whereas the evolution of North Africa’s climate and vegetation were abrupt.’]

À partir de ce changement climatique, l’Afrique du Nord s’est alors trouvée isolée du reste du continent et a donc eu une évolution interne.

Cette analyse n’est donc pas en mesure de donner une réponse définitive à la question posée dans l’introduction. Un article de presse francophone[39] publié en Algérie le 04 janvier 2019, titrait: “Sétif: la région d’Aïn Boucherit cataloguée berceau de l’humanité”. S’il est vrai que l’on puisse se poser clairement cette question aujourd’hui, il paraît plus prudent de surseoir encore un peu. Il n’est pas improbable que d’autres découvertes ou d’autres avancées technologiques permettent d’aller dans cette direction. Il est clair en tout cas que l’Est africain n’est plus le seul berceau des origines de l’humanité. La tendance est dorénavant d’étendre ce domaine à l’ensemble du continent. La zone sud-africaine semble bien également avoir joué un rôle loin d’être négligeable. On est malgré tout obligé d’admettre que la vallée du Rift reste encore un bouillon de culture préhistorique incontestable.

En tout état de cause, l’Afrique du Nord occupe une place prépondérante, à la fois par l’ancienneté de son habitat et par l’extraordinaire continuité historique qui la caractérise. Cet état de fait n’a pas encore été totalement reconnu par l’Histoire, du moins sous cet angle culturel, alors que par exemple, un pays comme la Chine s’évertue à souligner l’ancienneté de sa civilisation. L’Afrique du Nord n’a rien à lui envier dans ce domaine! Car même les Chinois ont de lointains ancêtres africains.

Ce texte aura vraisemblablement permis de réactualiser les données existantes en les associant aux changements géologiques et climatiques explicitant certains phénomènes. Il est évident que toutes les pseudo velléités d’une migration nord-africaine venue exclusivement de l’Est appartiennent à des sphères mythiques. On ne soulignera jamais assez que le paysage culturel de l’Afrique du Nord se caractérise par un double aspect: sa permanence ancestrale et sa position géographique méditerranéenne. Même si cette partie du monde partage quelques points communs avec le Proche-Orient, elle doit rester fière d’avoir su garder un caractère qui lui est propre et qui la distingue d’autres cultures. Cet état d’esprit semble aujourd’hui prévaloir.

Quoi qu’il en soit, il reste une question en suspens. Ce texte a évoqué les origines africaines et les éventuelles migrations venues de l’Est. Cette considération est liée à la notion des “passages” empruntés par l’homme. Or le détroit séparant l’Afrique de l’Europe, et la Méditerranée de l’Atlantique, a vraisemblablement été l’un de ces “passages” essentiels. Cet aspect a volontairement été écarté de l’analyse. Pourtant, la question qui se pose au niveau préhistorique n’est-elle pas de savoir comment ce détroit a été emprunté au tout début? Si les premiers hommes ont eu comme berceau potentiel le nord de l’Afrique, pourquoi n’auraient-ils pas eu l’idée de traverser ce bras de mer, aisément visible depuis le seuil africain? Cette question laisse bien-entendu la porte ouverte à une nouvelle réflexion.

Christian Sorand
Bangkok,  août-septembre 2020

DATESHUMANSDATECLIMATE
4.4MAwash, Éthio., Ardipithecus ramidus5.3MActivité tectonique: la Méditerranée est définitivement ouverte sur l’Atlantique
4MHominidés: Aïn Boucherit, Algérie
4MAustralopithecus
3.2MAustralopithecus afarensis (Lucy)2.6MGlaciation ère Quaternaire
2.6MGona, Éthiopie,( outils Oldowan)
2.2MFin Australopithecus/ Homo abilis
2MHomo Erectus (Afrique E) quitte Afr
-800,000H. Erectus / Homo heidelbergensis
-600,000Bodo, Éthiopie. H. heidelbergensis
-400,000Ndutu, Tanzanie,H. heidelbergensis
-400,000 / -200,000Homo erectus, Ain Maarouf, littoral marocain
-315,000Jebel Irhoud, Maroc, H. sapiens
-260,000Florisbad, Afrique duSud, H. heidelbergensis
-235,000Rising Star, Afrique du Sud, H.naledi
-195,000Omo Kibish, Ethiopie, H. sapiens
-160,000Hereto, Éthiopie, H. sapiens
-125,000Kabwe/ Broken Hill, Zambie, H. heidelbergensis
-120,000Ngaloba, Tanzanie, H. sapiens
-60,000Homo sapiens sort d’Afrique
-60,000/-20,000
Atérien, Afrique du Nord, Homo sapiens sapiens-40,000Sundaland & Sahul: niveau global des océans plus de 100m plus bas que niveau actuel.
-30,000Paléolithique supérieur: Homo sapiens sapiens (homme de Cro-Magnon)
-23,000 / -10,000
Ibéromaurusien (Épipaléolithique), H. sapiens-12,600 / -12,500Période saharienne humide (Lac Megachad; Lac Ptolémée, Soudan)
-10,000Ibéromaurusien, Homme de Mechta el-Arbi, cromagnoïde-11,000Réchauffement climatique global: disparition passage terrestre du détroit de Béring.
-8,000 / -5,000Proméditerranéen Capsien, H. sapiens, partie orientale
-6000Art rupestre du Tassili n’Ajjer-3,800Le climat redevient plus froid
-3,150Désertification totale du Sahara /
Règne de la dynastie des Pharaons
-4,000 / -3,000Fin période humide / Oscillation Piora, période froide

-4,700 / -3,5001er climat aride
-3,4402e désertification abrupte Af.du N
-3,000Sahel: culture du sorgho et du riz africain

NOTES : 

[1] G. Camps, Les Berbères, Mémoire et Identité, Babel, Actes Sud, 2007, p.54.
[2] https://www.genomeweb.com/sequencing/early-migrations-canary-islands-untangled-ancient-mitochondrial-dna#.X0Rl9i2cZZg
[3]Origins’, Lewis Dartnell, Vintage, Londres, 2020.
[4] L. Dartnell, Origins, Vintage, London, 2020. (p.25)
[5]  L. Dartnell, Origins, p.22
[6]  Ibidem, p.47
[7]  National Geographic: https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/06/neolithique-le-visage-dune-femme-reconstitue-7-500-ans-apres-sa-mort
[8]  UNESCO: Ensemble des grottes de Gorham: https://whc.unesco.org/fr/list/1500/
[9]  L. Dartnell, Origins, p.47
[10] Lewis Dartnell, Origins, p.63
[11] Ibid. p.66
[12] Hassan Aouraghe, Histoire du peuplement paléolithique de l’Afrique du Nord, Oujda, 2005.
[13] Ibidem
[14] section 2, L. Dartnell, Origins, Vintage, London, 2020.
[15] Science Daily: https://www.sciencedaily.com/releases/1999/07/990712080500.htm
[16] Ibid. ScienceDaily.
[17] Milutin Milankovic (1879-1958) était un mathématicien serbe.
[18] Ibid.
[19] https://whc.unesco.org/fr/list/179/
[20] J-L Le Quellec, https://journals.openedition.org/pm/715
[21] Ibidem
[22] Ibidem
[23] Hérodote évoque les “Éthiopiens” comme étant un peuple à la peau noire. Les populations à la peau claire, aujourd’hui assimilées aux Berbères ou Imazighen (sg. Amazigh) sont appelées “Libyques” par les Grecs et parfois “Troglodytes”; ce dernier tome s’applique tout particulièrement aux populations des régions sahariennes, effectivement troglodytes.
[24] Lewis Dartnell, Origins, p.72
[25] L’éléphant de l’Atlas, https://ecologie.ma/l-elephant-de-latlas/, mais aussi https://www.academia.edu/35813372/Doù_venaient_les_éléphants_puniques, (C.Sorand)
[26] une guelta est une cuvette recueillant l’eau d’une crue ou de fortes pluies.
[27] G.Camps, Les Berbères, Mémoire et Identité, Babel, Actes-Sud, 2007.
[28] Ibidem, p.57
[29] Ibid., p.60
[30]  Ibidem (p.51)
[31]  Ibid. (pp.54-55)
[32]  Science Magazine: https://www.sciencemag.org/news/2017/06/world-s-oldest-homo-sapiens-fossils-found-morocco, June 7, 2017.
[33]  ResearchGate: https://www.researchgate.net/publication/317834148_New_fossils_from_Jebel_Irhoud_Morocco_and_the_pan-African_origin_of_Homo_sapiens, June 2017
[34] L.Dartnell, Origins, (p.98)
[35]  Ibidem, (p.105)
[36]  Ibidem, (p.106)
[37]  Ibidem, (p.106)
[38] ScienceDaily: https://www.sciencedaily.com/releases/2016/11/161130141053.htm, 12/07/1999
[39] Algérie Presse Service: http://www.aps.dz/regions/83257-setif-la-region-d-ain-boucherit-cataloguee-berceau-de-l-humanite

BIBLIOGRAPHIE:

AOURAGHE, Hassan – Histoire du peuplement paléolithique de l’Afrique du Nord et dynamique          des interactions entre l’homme et son environnement, faculté des sciences, Oujda, 2005, Maroc.

CAMPS, Gabriel – Les Berbères, Mémoire et Identité, Babel Essai, Actes Sud, 2007, ISBN: 978-2-7427-6922-3

DARTNELL, Lewis – Origins. How the Earth Shaped Human History, Vintage, London, 2020, ISBN:                 978-1-784-70543-5

LE QUELLEC, Jean-Loïc – « Périodisation et chronologie des images rupestres du Sahara central », Préhistoires Méditerranéennes [En ligne], 4 | 2013, mis en ligne le 16 janvier 2015, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/pm/715

SORAND, Christian – D’où venaient les éléphants puniques?”, https://www.academia.edu/35813372/Doù_venaient_les_éléphants_puniques

LIENS:

Bassem ABDI

Passionné d'histoire, j'ai lancé en 2013 Asadlis Amazigh, une bibliothèque numérique dédiée à l'histoire et à la culture amazighe ( www.asadlis-amazigh.com). En 2015, j'ai co-fondé le portail culturel Chaoui, Inumiden.

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