Contributions

L’arabo-islamisme : l’idéologie de l’imposture

C’est le titre de la conférence* qu’a donnée vendredi dernier à Montréal l’écrivain Aumer U Lamara. C’est aussi le titre de son ouvrage à paraitre prochainement aux éditions Achab à Tizi Ouzou (essai en tamazight : “Taarabt-tinneslemt n usekkak)”.
Le conférencier a démonté les mécanismes de domination de l’arabo-islamisme en Afrique du Nord qui agit pour asseoir au final, par les différents pouvoirs, une relation de vassalité par rapport aux dynasties orientales, depuis l’histoire ancienne jusqu’à ce jour. Nous apprenons aussi que l’arabo-islamisme s’est compromis avec le colonialisme (sultans marocains, zaouïas …) et constitue aujourd’hui un frein pour une union réelle des pays de Tamazgha (Maroc, Algérie, Tunisie, …).

Il est utile de donner ici, au lecteur, quelques points développés par le conférencier :

  1. L’entrée de l’islam en Tamazgha au 7ème siècle (par la guerre et le sang) est transformée comme une sorte de big bang historique pour disqualifier la culture amazigh. Les militants de l’arabo-islamisme l’expriment ainsi : “avant l’islam il n’y avait rien, pas de religion, pas de culture, pas de langue, rien… les gens vivaient comme des animaux et tétaient le lait des chèvres dans les champs ; l’islam est venu pour les civiliser !”. Pour ceux qui s’en souviennent, ce sont les propos du commissaire du FLN à Tizi Ouzou un certain avril 1980.
  2. L’imposture du concept de “l’oumma islamique” est mise au jour dans ses fondements afin de montrer qu’elle est en totale contradiction et opposition avec une valeur fondamentale de Tamazgha : tamurt, la patrie, la terre nourricière (tawemmatt).
  3. La réhabilitation de la culture amazigh passe nécessairement par celle de la parole amazigh, awal amazigh, qui ne saurait être délégué à aucune forme de mystification d’ordre divin. La parole amazigh est d’abord celle de l’Homme, awal n umdan, dans toute son humanité.

En conclusion, quelques pistes de réflexion ont été données par le conférencier pour sortir du “magma arabo-islamisme” dans ce contexte aggravé par la montée de l’islamisme politique. Dans une démarche analytique, la voie de Tamazgha (asalu n tamazgha) a été ébauchée en identifiant les potentiels (afud (ifadden)), mais aussi les difficultés et obstacles à affronter pour remettre l’Afrique du nord, Tamazgha, dans son espace réel, africain et méditerranéen.

Pour reprendre les mots du conférencier, “il n’y a pas d’âge d’or de Tamazgha, pour envisager un retour au temps de Massinissa”, mais un avenir de lutte et d’espérance, en disqualifiant d’abord l’imposture de l’arabo-islamisme. Tout un programme !

Source
(*) Aumer U Lamara a animé trois conférences au Canada

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