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Libérez l’Algérie !

Le système politique vacille, se fissure, mais ne tombe pas encore, malgré les millions d’Algériens dans la rue depuis 3 semaines.

Le message adressé aux gouvernants est pourtant clair : “Système  dégage !” “Libérez l’Algérie”… que vous avez prise en otage depuis 1962.

Pendant que le peuple algérien investit la rue pacifiquement, le pouvoir aiguise sa stratégie pour gagner du temps, transformer la mobilisation populaire à son avantage et enfin riposter pour durer.

On peut s’attendre à tous les coups fourrés imaginables et inimaginables contre l’Algérie.

Pendant ce temps-là, l’opposition politique (plutôt les quelques figurants politiques) sont en conclave, gesticulent et prient en rangs d’oignons pour faire tomber le système et… le remplacer.

Les Algériens savent qu’il n’y a rien à attendre de ces opposants de circonstances, opportunistes, et produits dans le moule du parti unique et de l’islamisme politique.

Entre un général-candidat en embuscade, dont les références tiennent plus du nationalisme arabe ‘’New look’’, nostalgique de Boumediène et de Saddam Hussein,  et les islamistes camouflés, la voie est étroite.

Le système entreprend déjà de les instrumentaliser, composer avec eux, pour pouvoir tenir.

Les options qui seront dans l’intérêt de l’Algérie ne sont possibles que par la pression de la rue. Tout ce qui viendrait du système n’aura d’autre objectifs que de laisser passer la vague, reprendre le contrôle de la situation et demain couper des têtes.

La revendication que l’on entend beaucoup, « pour une 2ème république », est, à notre avis ambiguë et constitue une demi-solution. On ne réforme pas un système politique édifié sur de mauvaises bases (1), comme  on ne refonde pas un 1er étage.

67 ans après 1962, on ne peut continuer à gouverner le pays par ‘’la menace permanente des chars’’ et  ‘’la légitimité révolutionnaire’’, galvaudée et usée jusqu’à la corde.

Ainsi, la nouvelle position de l’organisation des anciens moudjahidines (ONM), se rangeant aux côtés du peuple, est à saluer. C’est un verrou important qui vient de sauter.

La seule légitimité communément partagée dans le monde démocratique est la légitimité des urnes. Ce qui suppose le pluralisme, la loyauté et la transparence.

Il s’agit donc d’édifier une « Nouvelle Algérie », comme exprimée aussi par beaucoup de manifestants, une Algérie algérienne, africaine et méditerranéenne, qui ne sera plus une province du Moyen Orient des Émirs.

Aucune combine ou mise en scène des acteurs du système actuel ne fera avancer l’Algérie.

Le peuple s’est exprimé de manière pacifique et tranchée, il s’agit de trouver la voie pour une transition ordonnée pour aller vers cette édification d’une Nouvelle Algérie, sans violence et sans chasse aux sorcières.

Les millions d’Algériens qui s’expriment pacifiquement dans la rue peuvent imposer cette transition et enfin « libérer l’Algérie » !

Aumer U Lamara, écrivain

Notes :

(1) Reengineering : dans le monde de l’entreprise, pour reconstruire un processus quelconque de fond en comble (industriel, commercial,  médical, services, …), on utilise la méthode de reengineering. Une méthode de management éprouvée qui est à l’opposé de toutes les actions de replâtrage et de combines spécifiques au monde politique.

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